Tunisie : L’endettement est la principale solution pour l’Etat (Abdelkefi) |
Publié le Mardi 21 Février 2017 à 17:27 |
Mohamed Fadhel Abdelkefi, ministre du développement, de l’investissement et de la coopération internationale, a exclu que le fonds monétaire international (FMI) ait gelé la deuxième tranche du crédit accordé à la Tunisie et dont le versement était prévu en décembre dernier. Dans une interview au journal Assabah, parue dans son édition de ce mardi 21 février, le ministre a déclaré que le report du versement de la deuxième tranche du crédit du FMI n’est pas un gel ou une manière de se rétracter par rapport à l’accord conclu, mais cela reste tributaire de la nécessité de parachever les réformes requises, comme principale condition pour bénéficier de ce crédit, et les négociations sont en cours à son sujet entre le gouvernement et le fonds. Le FMI a conclu avec la Tunisie en mai 2016 un accord quadriennal au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) pour y appuyer le programme de réforme économique. L’institution a annoncé début février au terme d’une mission en Tunisie poursuivre le dialogue avec les autorités tunisiennes sur "la réduction des déséquilibres budgétaire et extérieur et sur la redynamisation des réformes structurelles". Abdelkefi a par ailleurs souligné que l’endettement reste dans la conjoncture actuelle la principale solution pour l’Etat ; ce n’est pas tant un choix, qu’une nécessité, mais cela n’exclut pas d’autres solutions, qui consistent dans l’éventualité pour l’Etat de vendre ses participations dans nombre de banques privées, outre l’accélération de la cession des biens confisqués, et la réforme des trois banques publiques, qui souffrent encore de grandes difficultés, a-t-il dit. Selon le ministre, la Tunisie a réussi sa sortie sur le marché financier européen, et est parvenue à mobiliser près de 850 millions d’euro, soit l’équivalent de 2.06 milliards de dinars tunisiens. Ces financements auxquels ont participé près de 206 investisseurs seront remboursés sur 7 ans, moyennant un taux d’intérêt de 5.625 %. Cette opération est importante pour la couverture du déficit du budget de l’Etat, estimé à près de 8 milliards. Le ministre a minimisé de l’effet de la concomitance de la sortie tunisienne sur le marché européen avec le dernier classement de l’agence de notation Fitch, (ndlr : Fitch a dégradé la note souveraine de la Tunisie) étant donné que le reste des indicateurs sont rassurants. S’agissant des projets publics bloqués, le ministre a indiqué que certains en sont à l’étape de l’étude, et d’autres à l’étape de l’actualisation des études. Le gouvernement assure le suivi de ces projets d’une manière périodique à travers des conseils ministériels, portant chaque semaine sur un gouvernorat en vue d’en accélérer la réalisation, avec une coordination entre les différents intervenants pour ce qui est des projets bloqués, a-t-il souligné. Etant donné que 90 % des problèmes qui entravent ces projets sont d’ordre foncier, leur résolution requiert du temps, a-t-il indiqué, promettant un début de réalisation dans les prochains mois. "Parallèlement à l’action du gouvernement pour accélérer les projets publics, nous avons résolu les problèmes en suspens du secteur privé à l’instar du port financier de Tunis et du projet Peugeot". Le ministre a fait état d’un accord imminent au sujet du projet de la cité sportive de Boukhater, après la visite dans notre pays d’une délégation représentant ce groupe, pour trouver des solutions aux problèmes ayant bloqué le projet portant particulièrement sur l’aménagement urbain. Le projet de Sama Dubaï n’a pas par ailleurs quitté la carte des grands investissements qui seront lancés à Tunis et les négociations à son sujet se poursuivent, a ajouté Abdelkefi. Sur les indices ayant motivé la hausse des prévisions de croissance à 2.3 % en 2017, au lieu de 2.2 %, le ministre a fait état de plusieurs indicateurs positifs à l’instar de l’amélioration de la production dans le secteur du phosphate, le début d’amélioration des secteurs du tourisme et de l’énergie, la projection quant à une bonne saison agricole…L’ensemble de ces indicateurs sont de nature à augmenter le taux de croissance économique dans une proportion de 2.5 %, un objectif poursuivi par le gouvernement. Abdelkefi a par ailleurs annoncé que le 1er avril prochain est la date d’entrée en vigueur du code des investissements, parallèlement à l’application des nouvelles mesures et incitations fiscales pour encourager l’investissement. Gnet
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Commentaires
Ecrit par aziz aziz 24-02-2017 16:15
En effet, à un certain niveau de "masse critique" de la dette par rapport à l’absence de reprise vigoureuse de l’activité économique -et donc des rentrées fiscales-, La spirale de l’endettement pour le remboursement de la dette se déclenchera inéluctablement et le chronomètre pour la faillite se mettra en marche.
Hors d’un côté, avec le niveau de chute actuel des investissements d’aujourd’hui, et donc le défaut qui guète l’outil de production de demain, et de l’autre côté, l’incapacité de l’Etat à mener une véritable révolution dans sa politique fiscale contrée comme elle est par l’exaspération des manœuvres corporatistes de tout bords ainsi que par la pandémie de l’économie parallèle. Tous cela fait que les signes pour une reprise saine et durable à moyen terme font désespérément défaut, et avec eux s’amenuisent, donc, les possibilités futures de renflouer suffisamment les caisses de l’Etat pour pouvoir rembourser une dette qui gonfle dangereusement.
Continuer, dans ce cas, dans la politique d’endettement est une démarche purement suicidaire.
Dans ce contexte, les solutions de rechanges par rapport à l’endettement à tour-de-bras nécessitent en même temps un certain courage politique et une bonne dose de créativité pour concevoir des solutions concrètes acceptées par la majorité des citoyens. Actuellement, la priorité doit être donnée aux "solutions doubles" c.à.d. celles qui donnent la possibilité de limiter les dérapages et en même temps préparer les conditions pour une reprise de l’activité et surtout de l’investissement. Dans ce cadre, la privatisation d’entreprises publiques « maladives » actives dans des secteurs concurrentiels peut être une solution parmi d’autre afin, d’une part, limiter l’intervention public par les subventions et autres plans de sauvetage couteux y compris en terme d’endettement et, d’autre part, lever les fonds nécessaires pour des projets structurants qui tardent à se concrétiser.
A titre d’exemple, L’Etat possède des participations majoritaires dans trois grandes banques empêtrées, telles quelles sont, dans un processus de restructuration interminable. Pourquoi ne pas envisager de vendre une ou plus de ces banques et investir les dividendes récoltés dans d’autres projets désespérément attendus par les investisseurs et notamment dans tous ce qui concerne l’infrastructure?. A ce niveau, je pense tout particulièrement au port en eaux profondes.
Est-il logique de continuer à avoir trois banques publiques à l’efficience incertaine et de l’autre côté ne pas avoir un seul port digne de ce nom qui peut répondre au impératifs de la logistique moderne?. Sachant par la même, que la Tunisie risque dans un future proche d’être complètement marginalisée des flux du commerce internationale par vétusté et incapacité de ces structures portuaires. Le même raisonnement peut aussi prévaloir pour la modernisation de toutes autres infrastructures.
La démarche double à l’avantage d’être claire et vendable auprès de la résistance car elle minimise les craintes quant à la dilapidation des deniers publics. Ici, on vend pour investir de nouveau dans ce qui est prioritaire. La démarche peut aussi inciter les partenaires éventuels de l’Etat dans le cadre de la PPP puisqu’ils seront rassurés sur le fait que ce dernier est prêt à mettre sa part sur la table et à assumer complètement ces responsabilités quant aux projets qu’il propose. A méditer…