Tunisie : L’économie, les politiques s’en lavent les mains, l’essentiel est de se positionner

Publié le Lundi 31 Octobre 2016 à 17:26
La Tunisie continue sa marche vers l’inconnu, le gouvernement, confronté à un front de refus implacable, face au projet de loi de finances 2017 fait marche arrière au niveau du discours, et promet une reprise du dialogue autour de ce texte examiné en commission à l’ARP, pour parvenir à aplanir les différends.

L’amendement du PLF 2017 n’est plus désormais exclu, et devrait toucher différentes dispositions qui y sont inclues de manière à apaiser la colère du syndicat, du patronat, des avocats, des dentistes…bref, des parties qui ont fait part de leurs hostilités envers ce texte.

Celui-ci devra être modifié sans l’être vraiment, c'est-à-dire sans réduire les ressources de l’Etat, devant servir en urgence à renflouer les caisses et à redresser les grands équilibres budgétaires. Une gageure s’il en est.

Parallèlement à ce branle-bas de combat autour de la loi de finances, le paysage politique ne cesse de se disloquer, et les divisions de s’accentuer, chose qui augure que 2017 sera une année extrêmement difficile, non seulement sur les plans financier, économique, voire social, mais aussi politique. La réussite politique risque de paraître plus que jamais utopique, et le sauvetage du pays s’annonce, dans de pareilles circonstances, hypothétique.

Le paradoxe dans tout ça, est que tous les acteurs politiques déplorent le niveau de dégradation avancé atteint par le pays, tous se disent consternés et attristés, mais à part critiquer l’AUTRE qui serait à l’origine de la débâcle, et à part ressasser des slogans creux, on ne retrouve pas dans le discours des solutions concrètes pour sortir le pays de l’ornière. 

Cela n’aura échappé à personne, que le pays vit actuellement un climat préélectoral, en perspective des municipales, même si la date de ce scrutin pressant face à l’urgence environnementale, n’est pas encore arrêtée. Les uns et les autres cherchent à se positionner sur un échiquier politique encombré, pour pouvoir améliorer leurs scores dans ces élections locales et régionales, étape décisive pour les prochaines échéances nationales.

Comme c’était le cas dès le lendemain de la révolution, l’économie continue à être sacrifiée sur l’autel des tensions, des tiraillements et des inimités politiques, qui portent en eux les germes destructeurs de ce qui semble être l’unité nationale. La crise économique, tout le monde s’en lave les mains, pour s’en servir comme alibi, histoire de dire que l’incompétence est dans le camp adverse. Celui de la troïka et de son lourd héritage, de l’opposition, du pouvoir actuel…bref, les disputes font rage, et le pays continue à péricliter.
 
La raison qui est en grande partie derrière le déclin demeure, soit l’inexistence de tout esprit d’unité, et de tout sens de sacrifice et de solidarité nationale. Tout autant que l’absence d’une approche collective dans la manière d’appréhender les problèmes, le peu de cas accordé à la notion d’intérêt général et le refus d’accepter l’autre, avec ses différences politiques, idéologiques, c’est ce qui fait que l’on revient à chaque fois à la case départ.

Une telle atmosphère fait prospérer la corruption, et la contrebande que l’on prétend vouloir combattre, exacerbe la crise morale et donne un terreau fertile au terrorisme. La situation est ce qu’elle est, on n’a pas le sentiment d’un réveil imminent, d’une prise de conscience réelle de la gravité de la situation…les difficultés et les défis, tout le monde les connait par cœur, l’homme de la rue parvient par moment à mieux en parler, que l’homme politique, pour la simple raison qu’il vit les problèmes au quotidien. Les politiques eux planchent dessus à travers des rapports, des chiffres, des graphiques et des prévisions, sans pour autant trouver les bonnes solutions. Un état qui nous précipite dans la résignation.
H.J.