Tunisie, l’école et l’apprentissage de la citoyenneté |
Publié le Mardi 14 Septembre 2010 à 23:00 |
Le salut du drapeau qui se faisait jusque-là en deux temps, trois mouvements, dans la cour d’école, obéira, à partir de la présente année scolaire, à un rituel solennel, histoire de former des citoyens à part entière. L’école est un lieu de socialisation par excellence. Hormis le fait d’inculquer le savoir dans sa profondeur et sa diversité, l’école tunisienne doit former des citoyens. Un mot dont l’usage trivial semble en minimiser la signification, et qui, plus est, se heurte à un individualisme exacerbé. La citoyenneté implique des valeurs et des idéaux communs que la communauté nationale a en partage. Etre citoyen, c’est avoir un sens aigu d’appartenance à la collectivité, faire transcender l’intérêt général sur l’intérêt individuel étriqué, faire preuve d’exemplarité pour enraciner des valeurs et principes chez les jeunes générations. Etre citoyen, c’est aussi être soucieux de la propreté et de la protection de l’environnement, s’abstenir de toute violence verbale ou physique, être respectueux envers ses concitoyens, être jaloux sur les deniers publics et veiller à leur préservation. La citoyenneté transparaît à travers nos attitudes et nos comportements quotidiens. Elle s’apprend partout au sein de la famille, à l’école et dans la rue. Elle véhicule des codes sociaux et moraux qui se transmettent de génération en génération. Dire que l’école a failli jusque-là à son devoir de former des citoyens n’est pas tout à fait faux, au regard des comportements que les élèves font leurs, tant dans l’enceinte scolaire qu’à l’extérieur. Dans sa perpétuelle remise en cause, et dans le foisonnement des réformes décisives qui marqueront cette année scolaire (2010/2011) qui commence, l’école cherche à réconcilier les élèves avec l’amour de la patrie, à leur faire prendre conscience de leur responsabilité envers le pays, et à enraciner en eux le sens du sacrifice. Une lourde tâche dont l’institution éducative compte s’acquitter à travers un rituel solennel. Les élèves seront, en effet, tenus de saluer le drapeau chaque jour en salle de classe, en entonnant l’hymne national et en donnant lecture à une charte dont voici le texte : " Je salue le drapeau, par loyauté envers la Tunisie, par fidélité à ses martyrs et pour le triomphe des valeurs de la République: Ordre, liberté et justice". La force est dans les symboles certes, mais suffit-il de donner lecture à un texte pour en être convaincu et se résoudre à l’adopter réellement. Le but de cet exercice patriotique quotidien ne semble être autre que de former des citoyens qui soient capables de traduire ces paroles en actes et comportements. Or, cela peut se révéler une mission impossible, si l’école est en rupture avec les autres sphères de socialisation dont l’influence sur les élèves est tout aussi imparable. L’école n’évolue pas en vase clos, elle est en interaction avec la famille et la société. L’élève qui aura à se remémorer chaque jour l’emblème de la République, doit pouvoir en vérifier le respect au quotidien. Inversement, il risque de sentir un décalage frustrant entre les belles paroles et les actes qui en sont totalement aux antipodes. Autant dire que l’apprentissage de la citoyenneté est beaucoup plus laborieux que de soumettre les élèves à un salut du drapeau, qui finira par se transformer en un acte machinal et routinier, vidé de toute substance. L’école serait à même de préparer de vrais citoyens si elle réussit, à traves les enseignements des langues, des sciences, de la religion, de l’histoire, de la philosophie etc., à donner à l’élève des outils lui permettant d’être, le moment venu, opérationnel, d’avoir une capacité d’analyse et un sens critique qui le conduira à s’interroger sur les faits, à trouver des solutions aux problèmes, à redresser les torts de la société, et à mettre ses compétences au service du pays et de son essor. Les élèves sont aujourd’hui en perte de repères, soumis à la pression des exigences de la vie moderne, tiraillés entre une tendance à un mimétisme aveugle, et un besoin d’être eux-mêmes et de se frayer leur propre chemin. Ils ont besoin d’abord d’être en phase avec eux-mêmes pour qu’ils le soient ensuite avec la collectivité et la société. Les élèves sont aujourd’hui exposés à des comportements à risque, à travers lesquels ils cherchent à s’affirmer, et à dissimuler leur mal-être. Leurs actes dits "répréhensibles", reflètent des cris de détresse auxquels la famille et l’école semblent être sourds. Les élèves vivent dans un monde dominé par les égos, où le "je…je" fait recette à la télé, à la radio et dans la vraie vie aux dépens des valeurs de solidarité et d’humilité. La citoyenneté ne risque-t-elle pas aussi d’être sacrifiée sur l’autel de cet égocentrisme rampant ? H.J.
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Commentaires
Ecrit par marzougui 20-09-2010 23:17
Merci à tous
SIGNATURE: Un Citoyen qui veut que la citoyenneté ne prend pas congé... et que chaque responsable doit être Citoyen et respecte la citoyenneté... pour apprendre aux petits comment devenir Citoyen et leurs apprendre la citoyenneté !!!
Ecrit par Mercredi 15 15-09-2010 19:13
Ecrit par Cinoche 15-09-2010 16:05
Puisque manifestement certains mots restent outranciers même s'ils ne sont là que pour décrire des réalités historiques sans forcément établir de parallele avec "des personnages ou des lieux existants" (selon la formule consacrée)...
Maintenant si ca t'interesse de connaitre le mot charcuté par Gnet, il suffit de googler "totali" et de ragarder les mots proposés par le moteur de recherche. Ca ne devrait pas être compliqué à deviner.
Ecrit par Cinoche 15-09-2010 14:52
C'est un aspect factuel de l'Histoire de l'humanité. A chacun maintenant de tirer les déductions qui lui paraissent évidentes eu égard au sujet traité ici...
Ecrit par el manchou 15-09-2010 11:09
hum, l'exemple vient d'en haut