Tunisie : L’école doit empêcher les jeunes de devenir des extrémistes

Publié le Mardi 15 Septembre 2015 à 18:20
L'école doit initier les jeunes à l'esprit critique. Les différentes régions de la Tunisie ont vécu ce mardi 15 septembre le rituel de la rentrée des classes. Ecoliers, collégiens et élèves ont pris de bonne heure le chemin de leurs établissements scolaires, pour retrouver leur pupitre, et entamer une nouvelle année de labeur et d’efforts…

A l’instar des années précédentes, l’année scolaire 2015 – 2016, apporte son lot de nouveautés, dont une qui fait beaucoup parler d’elle, suscitant des réactions mitigées, et tournée en dérision par les élèves, eux-mêmes, soit le port obligatoire du tablier par les garçons, au même titre que les filles, histoire de rétablir la discipline.

Cette année sera par ailleurs, selon le ministre, celle des réformes structurelles, touchant la qualité de l’enseignement, le temps scolaire, l’annulation du 20 % au baccalauréat et l’interdiction envisagée des cours particuliers en dehors des établissements scolaires, sous peine de sanctions pour les contrevenants.  

Une refonte disciplinaire et pédagogique, dont le but serait de rétablir le prestige de l’école, de promouvoir la qualité des enseignements, et de faire progresser le niveau des élèves qui est en chute libre, de l’aveu de tous.

Certes l’école publique est dans un état lamentable, à différents égards : les établissements sont dans un piètre état tant dans les grandes villes, que dans le fin-fonds du pays où la situation est bien pire. La qualité des enseignements laisse à désirer, les rapports élèves/ enseignants sont de plus en plus éloignés de la révérence devant les régir, et la discipline est vidée de toute substance, face à un incivisme rampant dans le milieu scolaire.

Cette dégradation tous azimuts requiert des réformes rapides et profondes, celles annoncées hier ne peuvent être jugées, qu’à l’épreuve de l’action, une fois traduites dans les faits.

Toute réforme n’est néanmoins susceptible d’aboutir, que si l’on réponde à la question suivante : quelle mission est-elle aujourd’hui impartie à l’école, afin qu’elle soit en phase avec les profonds changements survenus dans la société tunisienne, et qui n’ont pas encore donné lieu à un modèle politique, socio-économique et sociétal définitif.

Pour une école en interaction avec une société en évolution

Outre sa mission de socialisation, d’inculcation des connaissances et du savoir,  l’école doit initier à l’esprit d’analyse et de critique, à la citoyenneté, au patriotisme et aux valeurs démocratiques et républicaines, et doit donner des repères aux apprenants qui leur font de plus en plus défaut.

L’école doit évoluer en synergie avec cette étape historique que vit la Tunisie, un pays qui n’en a pas fini avec sa transition démocratique, qui tâtonne, qui se cherche, et est engagée pendant ces cinq dernières années dans un apprentissage collectif des règles de coexistence pacifique, d’ouverture, et d’acceptation de l’autre, tout en étant aux prises avec de redoutables dangers.  

Le problème crucial de l’école publique, qui s’est accentué avec l’introduction de l’école de base au début des années 90, est le bourrage des crânes. L’école tunisienne forme des têtes bien pleines, et non des têtes bien faites, favorisant la réflexion, le discernement, l’esprit d’analyse et de critique. Or sans cette approche, on aura des jeunes manipulables et malléables à merci et cédant facilement à l’endoctrinement des tenants des idéologies ténébreuses.

L’école est un acteur essentiel quant à prémunir les futures générations contre tout enfermement intellectuel et dogmatique, et  toute interprétation fausse et dévoyée de la religion. L'école doit tout faire pour empêcher les jeunes de devenir des extrémistes fanatiques ; tout terroriste illustre l'échec de l'école, outre celui de la famille et de la collectivité.
H.J.