Tunisie : Le vol à la ferme désormais lourdement puni, mais la profession réclame plus ! |
Publié le Mercredi 24 Janvier 2018 à 17:05 |
Labourer la terre, l’ensemencer, l’irriguer, attendre le mûrissement et la saison pour procéder à la moisson et à la cueillette, stocker la récolte, et bien la conserver, en vue d’un éventuel écoulement sur le marché. Dur labeur, et long cheminement que celui des professionnels de la ferme, ceux qui font nourrir les bouches et remplir les paniers et les assiettes, à coup de réveils aux aurores, de persévérance, et de travail souvent dans des conditions austères. Un métier à haut risque qui, plus est, reste tributaire des aléas climatiques, et qui est souvent exercé dans nos contrées, selon un mode artisanal, ce qui en accentue la pénibilité. Et si après tant d’efforts et de sacrifices, l’agriculteur se trouve délesté de sa récolte, ou de ses outils de production, cela est des plus révoltants, de quoi faire frémir cette terre muette, mais reconnaissante envers celui qui l’a généreusement choyée et nourrie, pour lui restituer les fruits de sa patience. Les vols dans les exploitations agricoles ont gagné du terrain après la révolution. De nombreux agriculteurs en ont été victimes dans différentes régions du pays, un gâchis inadmissible ; le législateur a tenté d’y remédier par une nouvelle loi, entérinée hier à l’Assemblée. La profession se réjouit de ce pas, et réclame d’aller plus loin pour assurer la sécurité agricole, préalable à la sécurité alimentaire ; un objectif encore hors d’atteinte en Tunisie, qui importe une bonne partie de ses produits de base de l’étranger, en témoigne une balance alimentaire de plus en plus déficitaire. L’Union tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) réitère, en effet, son appel pour la création d’un organisme chargé de la sécurité agricole, à même de veilleur sur l’application de la loi. L’organisation agricole dit sa satisfaction de "l’interaction" des députés, notamment "des membres de la commission de l’agriculture" avec ses propositions, et leur souci d’immuniser notre sécurité alimentaire, à travers la mise en place d’une "politique dissuasive" susceptible "de protéger les agriculteurs, leurs biens, de garantir la pérennité de leurs activités, et de les encourager à demeurer sur leurs terres". Réagissant à l’adoption hier mardi 23 janvier par l’Assemblée d’un projet de loi portant renforcement de la protection des agriculteurs contre les vols, en durcissant les sanctions contre leurs auteurs, l’UTAP salue ce dispositif qui est de nature à mettre un terme d’une manière efficiente aux vols agricoles, "ayant fait subir d’importants dégâts et de lourds préjudices aux agriculteurs". Le parlement avait adopté hier au cours d’une séance plénière un texte inhérent à la protection des agriculteurs contre les vols, réprimant tout acte qui consiste à dérober équipements, bétail ou récolte. La nouvelle loi comprend un seul article stipulant l’ajout de l’article 263 bis au code pénal, qui prévoit une peine de prison de 10 ans contre celui qui s’approprie indûment les biens des agriculteurs et des éleveurs. Cette sanction sera infligée aux coupables de vol d’équipement agricoles -un ou plusieurs- à savoir tracteurs, moissonneuses batteuses, camions destinés au transport de la récolte, équipements d’irrigation, moteurs et pompes à eau. Ecope aussi de la même peine celui qui dérobe la récolte : légumes, fruits, céréales avant ou après la moisson, et palmiers, Idem pour ceux qui volent chevaux, chameaux, ovins, bovins et caprins. Des moyens modernes ou traditionnels peuvent être déployés pour prouver ces vols, comme le prévoit la nouvelle loi. Puisse ce durcissement empêcher les coupables de commettre leurs forfaits, et tirer vers le bas ces crimes qui nuisent grandement au secteur agricole, à la subsistance des Tunisiens, et alimentent les circuits de contrebande, le marché parallèle et la spéculation. Gnet |
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Ecrit par Idhem 28-01-2018 07:02