Tunisie : Le tout est que l’ancien système ne renaisse pas de ses cendres

Publié le Jeudi 16 Octobre 2014 à 17:42
Les Tunisiens doivent poser des règles par leur vote. A une dizaine de jours des législatives, et à l’heure où la campagne électorale bât son plein, les Tunisiens sont submergés par les discours et les contre-discours, au point de la cacophonie face un paysage électoral excédentaire, où plus de 1300 listes se disputent les 217 sièges du futur parlement.  

Etant difficile à prévoir, la physionomie de la nouvelle assemblée suscite des appréhensions nombreuses et diverses. Certains craignent que l’ancien régime, celui antérieur au 14 janvier ne ressuscite ; d’aucuns ont peur que les partis de la troïka, notamment Ennahdha, "symbolisant l’échec" à leurs yeux, ne sortent victorieux des urnes, d’autres encore n’aiment pas voir certaines forces dites modernistes, progressistes rafler la mise, considérant leur discours, comme étant "clivant et éradicateur". Dans ce climat de méfiance, voire de défiance, et c’est là où réside le paradoxe, la Tunisie est tenue plus que jamais à concrétiser sa concorde nationale, pour préserver son édifice encore fragile et ses institutions démocratiques naissantes de tout soubresaut, d’où les appels récurrents au consensus, à l’unité, au gouvernement d’union nationale, appelé à engager un programme commun de salut.

A ce stade, l’unité nationale n’est ni un désir, ni une option, mais une obligation. Elle est dictée par trois impératifs : le bon sens, la sagesse et le patriotisme. Cela tient aux nombreuses vulnérabilités qui caractérisent le contexte tunisien, qui doit être autant que faire se peu immunisé contre deux possibles régressions : le retour de l’ancien système, et le règne de l’anarchie et du chaos, pouvant découler des institutions faibles.

L’unité nationale sera ainsi le meilleur garde-fou contre toutes les formes de déclins, et doit procéder d’une entente nationale tacite, selon laquelle l’étape à venir est celle de l’accumulation et de la consolidation des acquis réalisés et du parachèvement de la construction des instituions démocratiques et transparentes.

Elle doit être celle du démantèlement global de l’ancien régime, afin qu’il ne renaisse pas de ses cendres, avec ses pratiques de répression, de corruption, de clientélisme, de parti unique, de musèlement de la presse et de la libre expression. Certes, le changement survenu en Tunisie est tellement fulgurant et profond, que tout retour en arrière est inimaginable, et inenvisageable.

La précaution doit être en revanche, de mise, pour barrer la route à tous ceux qui seraient, tentés, ne serait-ce que dans leur subconscient de renouer avec le pouvoir oligarchique et monolithique.

Aujourd’hui, il ne s’agit pas de diaboliser les anciens et de déifier les nouveaux, mais de tracer une trajectoire, et de poser des règles – par l’entremise du verdict du peuple souverain- auxquelles toutes les composantes de la scène politique aspirant au pouvoir doivent se plier.

Cette trajectoire et ces règles doivent être l’illustration des revendications de la révolution, qui se résument en deux mots : la liberté et la dignité et tout ce qu’ils induisent en termes de droits, et de devoirs pour l’individu et la collectivité.

Tout au long de cette transition démocratique, on a assisté à des accès de nostalgie à l’ancienne époque ; nombreux sont nos concitoyens qui ont regretté, peut-être ingénument,  le temps perdu, face à la dégradation multiforme qu’a connu la Tunisie pendant ces toutes dernières années, montée du terrorisme, détérioration du cadre de vie, cherté de la vie, baisse de l’autorité de l’Etat, relâchement ambiant, etc. Certains veulent jouer sur ces déceptions pour faire regretter aux Tunisiens de s’être soulevés contre l’ancien régime, en entretenant un raisonnement simplet, passant sous silence la cause du mal, étant entendu que les maux auxquels on est confronté actuellement trouvent leur origine dans la dictature et la répression, celles qui ont nourri les frustrations, tué les différences, et bafoué les libertés, les droits et la  citoyenneté.

 Le projet caressé par le commun des Tunisiens, est aux antipodes de cette conception ; sa mise en route est possible, nonobstant les difficultés et les sacrifices. Pourvu qu’elle procède d’une entreprise collective, avec des personnalités bien intentionnées, persuadées des exigences populaires, et promptes à y répondre.  
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #3 @Leon
Ecrit par Lotfi     20-10-2014 05:22
C'est toi et tes semblable qui font de la peine et c'est vous qui l'on dans le bas- bas ha ha ha pauvre soumis
 
 
-3 #2 Ahhh si!
Ecrit par Léon     18-10-2014 16:05
Ahhh si l'ancien système renaissait de ses cendres!
Ahhh, si les Gueux qui criaient "Dégage!" et qui n'ont aujourd'hui plus rien à bouffer pouvaient se retrouver le jour du 13 janvier 2011. Ils seraient restés chez eux et auraient même demander à Ben Ali de tirer sur la foule.
Maintenant que c'est foutu vous pouvez rêver du "deux tu l'auras". Vous avez craché sur le "un tu l'as", et vous l'avez eu dans le bas-bas.
Votre pays est foutu et par vos propres soins! Tsoin, Tsoin!
Léon.
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
#1 illogique
Ecrit par Royaliste     16-10-2014 19:29
le concept de la Démocratie est que chaque entité politique propose un programme en lien avec ses idées et cette entité, si elle est élu va mettre en œuvre le programme promis.

ce que vous proposez et que, chaque entité promet un projet et après avoir la majorité des votes, cette entité renie ses promesses et se lance dans un 2 eme projet, pour lequel personne n'a voté , un projet élaboré après les élections, un projet d'union nationale

A mon humble avis, vous appelez les partis politique a trahir leurs promesses dés le jour 1 de leurs élections.

si je choisi un parti communiste c'est parce que je crois que le communisme est la solution , pareil si je choisie un parti libéral. comment voulez vous que ces 2 partis travaillent ensemble alors que leurs visions des problèmes et des solutions sont diamétralement opposés?

oui, le modèle que l'ANC a choisie pour la Tunisie est un modèle problématique, il fallait regarder les conséquences sur la politique belge (des mois de blocage sans gouvernement).

vous avez peur du retour de l'ancien régime?
pourquoi?qu'est ce qui a changé avec la troïka? la démocratie? l'ANC a-t-elle demandé leur avis aux tunisiens sur cette constitution? non.

la seule chose qui s'est démocratisé c'est la corruption.

d'ailleurs, elle est ou la loi contre le terrorisme promis par l'ANC?
 
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