Tunisie : Le syndrome des grèves, ou l’autodestruction programmée

Publié le Vendredi 16 Janvier 2015 à 11:12
D’âpres négociations en perspective entre gouvernement et UGTT.Le peuple se serait-il retourné contre lui-même ? Serait-on entré dans une phase d’autodestruction, poussée par une inconscience ambiante qui nous mènera, si elle venait à persister, droit dans le mur. Les mouvements contestataires à répétition ont pour principales victimes, les Tunisiens pauvres et démunis, mais aussi une économie de plus en plus bancale…

En quatre ans de révolution, la Tunisie aurait battu tous les records en termes de mouvements sociaux, de grèves, et de sit-in... n’ayant épargné aucune sphère d’activité, et ayant mis à mal des secteurs névralgiques, et des entreprises déjà accablées par les déficits. Le manque à gagner pour le budget de l’Etat est colossal et se compte par milliards. Ces arrêts de travail récurrents interviennent à l’heure où l’économie est face à ses pires difficultés, où le déséquilibre est grandissant entre les dépenses et les recettes de l’Etat, où les déficits se creusent, le dinar se déprécie et la dette dépasserait  la barre de 50 % du PIB. Ils se produisent, de surcroît, à l’heure où l’on peine à attirer les investissements étrangers, en s’efforçant à se vendre comme une destination propice à l’entreprenariat, et au lancement de projets.

Au cours de ces dernières années, on a consommé plus qu’on a produit, et on a vécu au dessus de nos moyens, dilapidant l’argent de la dette qui devrait se diriger vers l’investissement et la création des richesses.

Les gouvernements qui se sont succédé après le 14 janvier n’avaient guère d’alternative que d’appeler à la rescousse  les bailleurs de fonds, notamment, le FMI et la Banque mondiale, pour parer à la disette financière. Le programme de financement de l’économie engagé avec ces deux institutions financières est assorti de conditions, dont des réformes structurelles et des politiques de rigueur budgétaire, visant à réduire les dépenses et à redresser les grands équilibres généraux.
 
Ces mêmes gouvernements, notamment celui sortant, affirment avoir mis en route des actions dans cette direction ; leurs effets restent néanmoins peu palpables. Les difficultés sont persistantes et la morosité rechigne à céder la place à l’embellie escomptée.

La réussite des échéances électorales, et l’instauration progressive des institutions pérennes, en l’occurrence un parlement et un président élus pour cinq ans, en attendant l’avènement du nouveau gouvernement, la mise en place de la Cour constitutionnelle…ont amélioré la visibilité et suscité une lueur d’espoir quant à la possibilité que la situation ne se décante et que l’économie ne retrouve une certaine vivacité et rattrape son retard, mais les choses ne semblent pas si simples. Le quinquennat, encore en gestation, s'annonce difficile, sur fond d’un climat social délétère.

La grève du transport public qui s’est poursuivie pendant quatre jours est symptomatique du profond malaise qui s’est emparé de la société tunisienne et dont elle a du mal à se débarrasser. Décidé d’une manière intempestive et sans préavis par les agents de la Transtu, le débrayage a fait tâche d’huile, gagnant de nombreuses régions du pays, et entraînant une paralysie générale de l’activité.

Le droit de grève est constitutionnel, diriez-vous. Tout à fait, mais, constitution n’est pas anarchie, elle est tout au contraire Etat de  droit et respect des règles et des lois.

L’UGTT qui a enfin décidé hier la suspension du débrayage, annonce un autre de trois jours avant la fin du mois, les 26, 27 et 28 janvier, faisant valoir les droits de ses adhérents.  La crise est loin d’être solutionnée, et d’âpres négociations entre les parties gouvernementale et syndicale sont en perspective.

Bien que les gouvernements successifs aient cédé à la frénésie revendicatrice sans précédent, les tensions sociales ne se démentent pas. Un paradoxe inquiétant, avec la peur de contagion qui plane dans l’air.

Si l’on continue sur cette lancée dans une conjoncture si critique, un jour viendra où l’Etat, lourdement éreinté par les charges, se déclarera incapable d’honorer ses engagements et décrétera la cessation de paiements. Le FMI et la banque mondiale  nous imposeraient, le cas échéant, leur fameux plan d’ajustement structurel qui signifie politique d’austérité, baisse des salaires, multiplication des plans sociaux, et autres mesures drastiques. Le renchérissement de la vie et la paupérisation des classes démunie et moyenne, source de préoccupation générale, auront à ce moment-là, un autre sens, encore plus aigu.
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 MRS Pensez bien !
Ecrit par Tounsi     17-01-2015 12:45
Il faut attendre un peu, le moment c est de se mettre debout non pas d avoir encore un choc pour la Tunisie. Il ya trop, les secousses l'une derrire l autre. SVP penser bien a toi a tes enfants et aux autres.
 
 
+3 #1 grève
Ecrit par nour1945     16-01-2015 13:56
Allez y messieurs de l'ugtt, encouragez les grèves, mais soyez sûr que très prochainement vous aurez le même sort que ben ali avec un grand dégage
 
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