Tunisie : Le sacrifice intergénérationnel pour la dignité et la liberté

Publié le Mardi 08 Avril 2014 à 17:54
La Tunisie célèbre demain, mercredi 9 avril 2014, le 76ème anniversaire des événements du 9 avril 1938, marquant les émeutes menées par la jeunesse tunisienne d’alors pour revendiquer l’avènement d’un parlement national. Ce jour-là, le sang des Tunisiens à coulé, et la répression contre les militants du Néo-destour, contraints à la clandestinité, a redoublé d’intensité.  C’était un moment crucial du mouvement national, et un jour de résistance face à l’oppression coloniale. Une lutte qui a fini, 18 ans après, par avoir raison du colonisateur, à travers la proclamation de l’indépendance.

Les événements du 09 avril 1938. La révolution du 14 janvier.

Ces fêtes nationales résument des pans entiers de notre histoire contemporaine. Leur commémoration permet de rappeler aux jeunes générations l’ampleur des sacrifices consentis par les anciennes générations pour restituer sa liberté et ses droits spoliés au peuple, et recouvrer la souveraineté du pays. Elle révèle aussi l’étendue de la fierté et le fort sentiment d’appartenance à la patrie qui animaient nos anciens…C’était leur  arme majeure pour combattre l’oppression coloniale.

La patrie ne sera jamais suffisamment reconnaissante envers les hérauts de la décolonisation, ceux qui ont porté le projet national dans leur cœur, leur esprit et leur âme jusqu’à lui  donner pleine concrétisation. Que de sang, que de souffrances, que de larmes pour que la Tunisie reconquière son indépendance le 20 mars 1956, et proclame sa république le 25 juillet 1957.

Commença alors l’œuvre de construction de la Tunisie moderne, par celui dont on commémorait il y a trois jours, le dimanche 06 avril, le 14ème anniversaire de la disparition.

Habib Bourguiba incarne le militantisme de toute une génération. Que d’encre a coulé sur celui que l’on appelait le père de la nation, et sur son œuvre réformiste caractérisée à la fois par des moments de gloire, et de déclin. Le combattant suprême s’est attaqué aux archaïsmes sociétaux et culturels à travers notamment l’éducation de masse, l’émancipation de la femme, l’instauration du planning familial…Son action modernisatrice s’est, néanmoins, heurtée à ses propres dogmes, rendant impossible toute modernisation de la vie politique, et toute ouverture démocratique. Bourguiba est le théoricien et le praticien du monolithisme politique, chose qui a enfanté son successeur, et ses 23 ans de règne despotique.

Jamais les sacrifices et les idéaux pour lesquels les martyrs de la lutte pour l’indépendance n’ont été aussi trahis que sous l’ancien régime. Les valeurs de liberté, de justice, et de respect de la dignité humaine, caressées par les résistants anticoloniaux, ont été foulées au pied, et l’injustice a atteint un point tel que la jeunesse tunisienne s’est soulevée de nouveau, comme pour ressusciter les revendications des anciens pour la liberté, la dignité et la justice sociale.

La révolution qui a éclaté le 17 décembre 2010 et atteint son but cardinal le 14 janvier par la chute du régime, avait l’air d’une réplique des soulèvements ayant ponctué la lutte anticoloniale. Ce n’est autre qu’un parachèvement du chantier de la construction nationale entamé par les générations de l’indépendance et par Bourguiba, et qui a dévié en cours de route de sa juste trajectoire, jusqu’à perdre la noblesse de la mission qui lui a été dévolue.

Il y a plus de trois ans, la Tunisie a vécu un autre épisode de son processus révolutionnaire vieux de  plusieurs décennies. Un épisode marqué par les sacrifices de jeunes martyrs qui ont donné leur vie, pour que leurs concitoyens accèdent à la liberté et la justice. La marche vers la liberté, la démocratie et l’inviolabilité de la patrie était loin d’être achevée le 14 janvier.

La liste des disparus de la révolution s’est allongée par les noms des martyrs de la transition démocratique : Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, nos vaillants soldats, et nos braves agents sécuritaires…ont été lâchement visés par l’hydre terroriste ; leur souvenir douloureux restera à jamais ancré dans les cœurs et les mémoires des Tunisiens. C’est par le sang intergénérationnel que l’histoire contemporaine de la Tunisie est en train d’être écrite. Vibrant hommage à tous les martyrs de la patrie.  

H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #2 @Rêveurs
Ecrit par Léon     09-04-2014 10:31
Ne comparez pas 1938 où il était question de libérer le pays des mains des colonialistes, à 2011, où, bien au contraire, le peuple ingrat, manipulé par sa haine et son régionalisme, allait souiller le sang des martyrs tombés pour l'indépendance, scellant l'ère d'une colonisation news look.
Un peuple dont l'état quémande le traitement des salaires tous les mois auprès des pays étrangers est un peuple qui a perdu toute dignité.
Alors? Toujours fiers de votre révolution.
Cela fait trois ans que je vous dis que vous pleurerez de vos plus chaudes larmes ceux que vous avez "dégagé" par injustice et par ingratitude.
VIVE LA TUNISIE DES PATRIOTES (environ 5% de la population, pas plus).
Léon.
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
+3 #1 Rever en couleur
Ecrit par Royaliste     08-04-2014 20:37
La dignité et la liberté ne seront atteints que par le travail, la production, la discipline... des éléments absents de notre vocabulaire.

Tant que le tunisien refuse de travailler, il ne sera ni indépendant ni libre ni digne.
 
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