Tunisie : Le rassemblement des démocrates fera-t-il trembler l’alliance Ennahdha/ Nidaa

Publié le Mardi 01 Novembre 2016 à 17:22
Dernière rencontre entre Béji Caïd Essebsi et Néjib Chebbi au palais. Avec la dislocation de Nidaa Tounes, le rapport de force est de nouveau à la faveur d’Ennahdha, qui malgré ses désaccords internes et ses avatars politico-idélogiques, reste une entité soudée, et résiliente face aux secousses endogènes et exogènes. A ce stade, le paysage politique est au déséquilibre, qui à l’approche des élections inquiète les démocrates, craignant une percée du mouvement de Rached Ghannouchi dans les urnes, à leur détriment.

Lors de ses dernières interventions médiatiques, Ahmed Nejib Chebbi a annoncé son intention de créer un nouveau parti, en vue de rééquilibrer le paysage politique, où le mouvement Ennahdha constitue, dit-il, "la seule pesanteur". L’ancien leader d’al-Joumhouri cherche à occuper le vide laissé par Nidaa Tounes qui peine à exorciser les démons de la division, et a du mal à se relever, dans la perspective des élections locales et régionales, et retrouver une crédibilité perdue auprès de son électorat.

A en croire Jeune Afrique, Néjib Chebbi aurait été sollicité par Béji Caïd Essebsi, qui envisage la création d’un front moderniste, censé entrer en lice pour les municipales de 2018. Une révélation qui, si elle se confirme ferait trembler l’alliance actuelle entre Ennahdha et Nidaa, et ferait voler en éclat l’éventualité de voir des listes communes se constituer, entre les deux principales forces parlementaires aux futures municipales. Cela change toute l’équation politique actuelle, et fait passer le pays de l’étape de consensus, à celle de la rivalité, comme c’était le cas pendant les dernières législatives et présidentielle de 2014.

Reste à s’interroger sur la fiabilité et la viabilité du rassemblement des démocrates, moult fois avorté. Dès le lendemain de la révolution, des initiatives pour réunir la famille moderniste, progressiste... ont vu le jour, mais ont essuyé échec après échec. Tout le monde se rappelle de la défunte Union pour la Tunisie, créée dans la foulée de l’avènement de Nidaa Tounes, et active lors de la crise politique de 2013, celle-ci a fini par exploser, avec le retrait d’al-Joumhouri, pour ne pas avoir pu se constituer en front électoral durable. Al-Joumhouri, lui-même créé sur la base d’une coalition, a éclaté, pour se retrouver avec son noyau fondateur du PDP. Néjib Chebbi a d’ailleurs coupé le cordon ombilical avec son parti d’origine à cause, pour le paraphraser, des déceptions qu’il a connues, et du fait qu’il ne perçoit plus une marge de progression en son sein.

Le processus de rassemblement de la famille sociale-démocrate n’a eu de cesse de connaitre des trébuchements. Les tentatives de ses leaders de présenter un candidat unique à la présidentielle, n’ont pas abouti. On se souvient des réunions infructueuses d’il y a deux ans à l’approche du premier tour de la présidentielle entre Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar, al-Joumhouri de Néjib Chebbi, le CPR de Moncef Marzouki, le courant démocratique de Mohamed Abbou, et l’alliance démocratique de Mohamed Hamdi, pour désigner un candidat unique à la présidentielle face à Béji Caïd Essebsi. 

Début octobre, Mustapha ben Jaâfar avait plaidé, à son tour, pour le rééquilibrage de la vie politique. L’ancien président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), considère l’avènement d’un grand parti de gauche comme une nécessité nationale, signalant que différents partis travaillent depuis une année et demie sur ce projet.  Ben Jaâfar a néanmoins fait état de problèmes au niveau des contactes des états-majors de ces partis. C’est là, où réside le nœud gordien de l’effritement, quasi-fatal, de cette mouvance politique, c’est avant tout une querelle d’égos. 

A l’heure qu’il est, on est au stade des discussions. Différents processus parallèles sont menés, qui même, s’ils se chevauchent, semblent manifestement divergents, et ne vont pas aboutir forcément au même point de chute. Même si l’entrée en scène de Béji Caïd Essebsi, avec tout son poids et son habileté politique, pourrait changer la donne. Reste à savoir si Néjib Chebbi est capable d’oublier les déconvenues d’un passé récent, et mettre de nouveau sa main dans la main du Président ?!
H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #1 RE: Tunisie : Le rassemblement des démocrates fera-t-il trembler l’alliance Ennahdha/ Nidaa
Ecrit par Agatacriztiz     01-11-2016 18:22
Tout ce beau monde s'inquiète pour perdurer le plus longtemps possible et s'accrocher au pouvoir de quelque manière que ce soit.
Celà commence à friser le ridicule et dessine malheureusement les contours d'une démocratie de facade, ce qui pourra nous coûter cher un jour ou l'autre...
 
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