Tunisie : "Le procès Yassine Ayari est une affaire de liberté d'expression"

Publié le Mercredi 25 Février 2015 à 17:02
Vue de la conférenceMilitants virtuels traduits en justice, et liberté d’expression, ont été  aujourd’hui des sujets débattus lors  d’une conférence organisée par le Centre des Etudes Islam et Démocratie, à Tunis. 

Le procès de Yassine Ayari a été au centre des interventions, notamment lorsque son frère, Moutii Ayari, lui-même blogueur, a mis en garde à maintes reprises contre "un retour de la dictature et des agissements liberticides des autorités".

Selon lui, ce retour s’opèrerait en commençant par « frapper la liberté d’expression ». Il a rappelé que ce qui avait fait tomber l’ancien Président Ben Ali, était internet et les réseaux sociaux. Ceux-là même sur lesquels s’expriment Yassine Ayari, et d’autres internautes encore comme les pirates internet « Fellagas » qui ont été arrêtés pour avoir piraté des sites internet sionistes. « Aujourd’hui c’est Yassine, demain se pourrait être vous…c’est une affaire de liberté d’expression, et n’oubliez pas ce qui est arrivé à Bassem Youssef après l’ascension au pouvoir de Sissi », a-t-il rappelé évoquant le cas du chroniqueur satirique égyptien, ayant vivement critiqué le président déchu Mohamed Morsi dans son émission. S’étant pris ensuite à Abdelfattah Al Sissi, il a été acculé à arrêter son émission, sous peine de se voir déchoir de sa nationalité.

Yassine Ayari est derrière les barreaux depuis deux mois, accusé d’avoir porté atteinte à l’armée, en ayant parlé de divisions en son sein, et ayant appelé à ouvrir une enquête au sujet de l’attaque terroriste de Henchir Ettalla. Yassine Ayari, dont le procès est fixé pour le 3 mars prochain, est connu pour ses positions incisives et sans ménagement, surtout envers la gauche et la droite libérale. Il a vivement critiqué l’appareil militaire, lui valant un procès devant la Cour martiale.

«C’est la politique de  Ben Ali que de museler la liberté d’expression, et de faire peur. Il voulait faire une jeunesse futile, qui ne réfléchit pas et qui ne s’intéresse pas à la politique. Car un dictateur a peur que l’information ne parvienne au grand public», a dénoncé Moutii Ayari.

Il considère que son combat pour libérer Yassine Ayari est celui « des libertés, essentiellement », dénonçant le procès fait à son frère, et qui serait basé sur une loi amendée par Ben Ali.

Moutii dénonce aussi, «la loi des deux poids deux mesures, où des figures de l’ancien régime sont invitées sur les plateaux télé…et même des  tortionnaires, sans que cela ne pose problème à quiconque », selon ses propos.

Il a aussi évoqué le cas de pirates informatique,  ayant reconnu sur un plateau télévisé avoir piraté le site officiel de la Présidence de la République, « sans qu’ils ne soient inquiétés outre mesure, tout en sachant que la Présidence c’est d’abord le commandement en chef de l’armée tunisienne », a dit le blogueur. Il a regretté qu'au lieu que la justice n'enquête sur les cas dénoncés par Yassine Ayari, elle s'était prise à celui qui "n'a fait que relater".

Yassine Ayari serait en grève de la faim, depuis 6 jours, selon son frère, et ce en protestation contre son procès et contre le mauvais traitement. «On lui interdit la correspondance, et on fouille ses affaires sans qu’il ne soit présent… », a affirmé Moutii Ayari, exprimant la crainte d’une nouvelle affaire pour Yassine, « montée de toute pièce, comme celle de détention de drogue ».

Mossaab Ben Ammar, membre du bureau politique du parti «Al Binaa al Watani », a évoqué pour sa part l’affaire de son frère, Aymen Ben Ammar, un blogueur ayant investigué au sujet de la mort suspecte d’une jeune fille, que la version officielle, dit qu’elle s’était jetée du haut d’un hôtel de la capitale.

« Aymen était ami avec la victime et a longuement investigué sur cette affaire, et il semblerait que des parties officielles seraient du moins responsable de couvrir ceux qui ont commis ce crime odieux», a dit Mossaab Ben Ammar.

Durant son travail d’investigation, Aymen a fait des recherches au sujet d’un homme de médias, dont il suspecte l’implication dans l’affaire, rapporte son frère.

«Cet homme n’a rien trouvé de mieux que d’accuser Aymen de vouloir le tuer. Il a prétendu avoir trouvé du sang sur sa voiture, mais quand la police a demandé d’expertiser le véhicule, il a prétendu l’avoir lavé avant d’aller porter plainte. C’est dire combien cette histoire est ridicule », a dit Mossaab Ben Ammar , soulignant que « le système est resté le même, malgré la chute de Ben Ali ».

Il a, par ailleurs, évoqué la question de la définition d’un blogueur, surtout que les internautes actifs sur les réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook ne sont pas considérés comme étant des blogueurs par les organismes internationaux militants pour la liberté d’expression.

«L’Organisation Reporters sans Frontières s’est excusée de ne pas pouvoir adopter l’affaire de Aymen, parce qu’il n’a pas de blog », a dit son frère, regrettant que la notion de blogueur ne soit pas revue pour qualifier toutes les personnes s’exprimant sur la toile. 

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie : "Le procès Yassine Ayari est une affaire de liberté d'expression"
Ecrit par Royaliste     25-02-2015 20:33
la liberté d'expression a des limites

il faudrait arrêter tous ceux qui profèrent des mensonges et des rumeurs qui visent notamment a déstabiliser le pays.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.