Tunisie : Le pouvoir d’achat s’est dégradé de 45 % (Taboubi)

Publié le Lundi 17 Décembre 2018 à 14:21
Noureddine Taboubi et ses lieutenants ce lundi 17/12 à Sidi Bouzid. Le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a déclaré ce lundi que la grève du 17 janvier dans la fonction publique et le secteur public, ne sera pas comme celle du 22 novembre dernier, face à l’exacerbation de la tension à tous les niveaux.

Présidant ce lundi 17 décembre à Sidi Bouzid le 8ème anniversaire de la révolution, le chef de la centrale syndicale a réclamé une augmentation conséquente pour les fonctionnaires, à même de leur donner du pouvoir d’achat. "Nous allons obtenir une majoration, à la hauteur de la fonction publique, nous ne demandons l’aumône ou la bienfaisance de personne", a-t-il asséné, signalant que son organisation "ne demande pas une hausse des salaires, mais un ajustement du pouvoir d’achat". Selon ses dires, celui-ci a connu une dégradation de 45 %, "tous les pourcentages qu’ils donnent sont faux", a-t-il lancé, interrompu par les slogans hostiles au gouvernement et aux partis au pouvoir scandés par la salle.

Il s’en est encore pris au gouvernement de vouloir faire passer des réformes dites "douloureuses", en visant l’UGTT, "temple du militantisme".  "Le gouvernement n’est pas en train de chercher des solutions pour faire avancer le peuple, mais pour frapper tout esprit progressiste démocratique", s’est-t-il élevé. 

Il a recommandé à celui qui veut gouverner le pays, de lire attentivement son histoire, notamment les crises de 1965, 1978, 1985, les milices de Sayah…"l’UGTT est sortie renforcée de chaque crise, car c’est une organisation fondée sur les principes, régie par des institutions, a des pratiques démocratiques, est progressiste dans ses idées, et indépendante dans ses décisions", s’est-il enorgueilli.  

Il a s’est fait l’écho d’une déclaration du représentant du FMI, après une rencontre avec une délégation syndicale, où il aurait indiqué que l’institution financière ne pouvait faire passer des réformes, comme elle l’a fait dans d’autres pays, alors qu’il existe une organisation forte, à l’instar de l’UGTT.

Répondant aux critiques selon lesquelles, l’UGTT serait contre la tenue des élections dans les délais impartis, Taboubi a dit que son organisation "s’incline devant le choix démocratique et la volonté du peuple". « Les prochaines échéances électorales nous intéressent, nous ne laisserons pas les lobbies de l’Assemblée tracer notre avenir ».

Il a imputé le rejet à l’ARP d’une cotisation des sociétés bénéficiaires aux caisses sociales, par le fait qu’ils (au gouvernement) réfléchissent à qui va financer les prochaines campagnes électorales.  

Le SG de l’UGTT n’a pas caché son mécontentement de voir que la discrimination positive (un principe constitutionnel) n'est pas encore activé envers les régions démunies, et que Sidi Bouzid est en 20ème position en termes de développement.  Il a tout aussi déploré que les blessés et les familles des martyrs soient livrés à eux-mêmes, huit ans après la révolution, et que leur dossier n’ait pas été jusque-là traité.

"Farhat Hached ne s’est pas uniquement sacrifié pour le pain, mais pour la dignité et l’invulnérabilité de la patrie.  La dignité ne sera assurée que dans le cadre d’un Etat démocratique, civil et social pour lequel les martyrs se sont sacrifiés", a-t-il prôné.

Le responsable syndical a réitéré que "la Tunisie n’est pas un gâteau à partager, c’est un grand espace dans lequel tout le monde doit cohabiter et se partager les charges", prônant "une unité nationale sur la base des contenus, des priorités, du sérieux et de la crédibilité".
Gnet