Tunisie : Le peuple grelotte, la classe politique s’enfièvre !

Publié le Lundi 28 Janvier 2019 à 16:13
La vague de froid qui sévit cette dernière période sur la Tunisie, a été la source d’une grande souffrance notamment pour nos compatriotes du Nord-Ouest et du centre-Ouest. Frappées par une tempête de neige, et par de fortes précipitations, de nombreuses régions ont été isolées, avec des routes coupées, sans eau, sans électricité, ni chauffage…dans plusieurs régions, des maisons ont été envahies par les eaux pluviales et la boue, du fait de fortes précipitations ayant donné lieu à la montée des eaux et au débordement des oueds. Signe que les régions intérieures vivent encore un grand dénuement. Si elles s’en accommodent en temps normal, la situation devient difficilement gérable, voire redoutable en présence d’épisodes neigeux, et pluvieux, comme ceux-ci. 

Face à l’urgence, la mobilisation était générale au triple niveau central, régional et local. Les fameuses commissions d’organisation de secours et de lutte contre les catastrophes étaient en réunion permanente, et les unités de la protection civile se démenaient sur tous les fronts pour apporter secours aux sinistrés, et rompre l’isolement des villages et patelins envahis par la neige.

Les efforts ont été ce qu’ils sont, ils n’ont pas caché les défaillances en termes d’infrastructure, ce qui compliquait l’intervention des secours.

C’est dans ce contexte, le jour où le chef du gouvernement était en déplacement à Jendouba pour s’enquérir de l’organisation des secours dans ce gouvernorat, ainsi qu’au Kef, Siliana et Kasserine, que ses soutiens se réunissaient hier dimanche à Monsatir, pour annoncer la création de son nouveau parti, Tahya Tounes, "vive la Tunisie", avec lequel, il aura à mener la course électorale, de cette année 2019.

Le nouveau parti qui dit avoir pour objectif de rassembler la famille centriste, et démocratique, et pour référentiel, l’héritage bourguibiste et réformateur, a suscité une salve de critique, s’agissant notamment de son nom, qui est un slogan que l’ensemble des Tunisiens et des partis, ont en partage, et de son meneur, qui n’est autre que Youssef Chahed, accusé d’utiliser les moyens de l’Etat, pour des fins partisanes et électoralistes.

Ainsi, la classe politique s’est enfiévrée hier à l’annonce du nouveau projet politique du locataire de la Kasbah, au point que cet événement semble avoir donné le coup d’envoi effectif de la campagne électorale.

Les politiques qui ont été, en majorité, en meeting, dimanche à travers le pays n’y sont pas allés de main morte. 

Pour l’ex-président de la république, Moncef Marzouki, le nouveau parti n’est qu’"un recyclage de l’ancien régime". "N’est-ce pas paradoxal qu’une personnalité au pouvoir, lance un parti d’opposition" ? S’est-il interrogé.

Le Secrétaire Général d’al-Joumhouri, Issma Chebbi, a estimé que ce parti est "une copie altérée de Nidaa Tounes, et connaîtra le même destin". Il a appelé le gouvernement à s’occuper des dossiers brûlants comme l’enseignement, et les répercussions de la vague de froid dans plusieurs régions, "au lieu de former un parti pour garantir son maintien au pouvoir, malgré ses échecs".

Le Secrétaire Général du mouvement Echaâb, Zouhari Maghzaoui, a critiqué, lui, l’utilisation par le chef du gouvernement des "moyens matériels et symboliques" de l’Etat pour former un nouveau parti, en vue de mener la course électorale de 2019, ce qui représente, à ses yeux, "une escroquerie contre les partis politiques et les citoyens". Le chef du gouvernement aurait dû démissionner pour se consacrer à son parti politique (…), "il a le droit de créer un parti mais sans les moyens de l’Etat et sans créer une légitimité perdue grâce aux moyens de l’Etat", a-t-il martelé. 

Le Secrétaire Général de Machou Tounes, Mohsen Marzouk, a plaidé, quant à lui, pour le rassemblement autour du nouveau projet politique de Youssef Chahed. Marzouk dont le mouvement est membre de la coalition gouvernementale, a appelé l’ensemble des partis nationaux à rejoindre le nouveau parti à même d’instaurer l’équilibre sur la scène politique, qui a principalement besoin d’un débat autour des idées et des programmes.

Le ton est donné, le combat électoral s’annonce rude, une rudesse qui n’a d’égale que celles des conditions de vie des populations des régions défavorisées, dont le vœu le plus cher, est que les gagnants des prochaines élections daignent enfin les écouter et répondre à leurs attentes en matière de justice sociale, d’emploi et de vie digne. 
Gnet