Tunisie : Le Niet de l’UGTT à Youssef Chahed, l’accord de Carthage vacille !

Publié le Vendredi 30 Septembre 2016 à 16:46
Youssef Chahed doit éviter le clash avec Hassine Abassi. Le temps gouvernemental et le temps syndical n’avancent pas au même rythme. Chahed a besoin de solutions immédiates pour réduire le trou des dépenses publiques, d’où sa proposition d’ajourner le versement des augmentations salariales à 2019. L’UGTT le presse à recourir à d’autres solutions, réclamant le paiement des augmentations convenues, en temps et en heure.

La centrale syndicale oppose une fin de non-recevoir à la proposition de Youssef Chahed de repousser le versement des majorations salariales prévues en 2017, à 2019. Les dirigeants de l’influente organisation syndicale multiplient les déclarations, dans le sens du refus de ce report, tout en se disant prêts à partager les sacrifices, pourvu qu’ils ne soient pas supportés uniquement par les salariés.

L’UCTT a dit hier, par la voix de Hassine Abassi, qu’elle a une proposition autre que celle de Youssef Chahed, affirmant sa désapprobation des formules toute prêtes. Le numéro Un de la centrale syndicale appelle le locataire de la Kasbah à chercher l’argent de l’Etat là où il se trouve, ce n’est pas chez les salariés, mais chez les autres (une déclaration relayée par Shems).

Dans la perception syndicale, si l’Etat est financièrement éreinté, ce n’est pas à cause de la masse salariale en perpétuelle hausse au cours de ces cinq ans, mais c’est plutôt du fait de l’évasion fiscale et du commerce parallèle. Le remède est donc, à ses yeux, d’obliger les contribuables insolvables à payer leurs impôts et de lutter contre le commerce parallèle et la contrebande.

Les camarades syndicalistes ont raison et personne n’en disconvient. Le problème est que Chahed doit agir illico presto sur les dépenses de l’Etat, et combler le manque à gagner béant en termes de recettes. Alors que la lutte contre l’évasion fiscale et le commerce parallèle nécessitent des actions de longue haleine, et ne peuvent produire des résultats rapides pour sauver la situation en 2017, année de tous les dangers. La création de la police fiscale annoncée mercredi soir, le recrutement et la formation des 250 contrôleurs des finances, pour qu’ils sillonnent le pays et faire revenir l’argent de l’évasion fiscale aux caisses de l’Etat, requerront beaucoup de temps, qui sera en défaveur des finances publiques et de leur déséquilibre abyssal.

Chahed qui se passerait volontiers d’un clash avec l’UGTT, de nature à approfondir la crise, est amené à revoir sa copie. La centrale syndicale, elle, montre à traves une telle position un attachement à la ligne dure, et considère non-négociables les acquis, et les accords signés.

L’esprit consensuel ayant prévalu lors de la signature de l’accord de Carthage et ayant débouché sur la formation d’un gouvernement d’union nationale est mis à rude épreuve, et ce document même sur les priorités du gouvernement d’union nationale, risque de voler en éclats, si un ou plusieurs de ses signataires décident, pour une raison ou une autre, de lui tourner le dos. 

La situation du pays ne supporte plus ni bras de fer, ni affrontement par shows médiatiques interposés, mais une action concertée et consensuelle. Celle-ci semble difficile à instaurer tellement les positions sont divergentes et les intérêts aux antipodes.

La voie de salut pour le pays est que tous protagonistes se rassemblent autour d’une feuille de route, identifiant les actions à court, à moyen et à long terme pour dégager des fonds à l’Etat et redresser autant que faire se peut les finances publiques. Sinon, le pays ira droit dans le mur, le cas échéant, ce n’est pas d’augmentations dont les salariés seront privés, mais de bien pire. A plus forte raison que cela fait bien longtemps que l’Etat n’est plus en mesure de payer les salaires par ses propres moyens, et a recours pour ce faire à des emprunts locaux et étrangers.

Le hic, ce n’est pas que le pays vive à crédit, mais qu’il se rapproche de plus en plus d’une étape où il ne pourra plus honorer ses engagements et rembourser sa dette. Les premières victimes de cette insolvabilité redoutée sont les salariés ; les évadés fiscaux, eux, pourront bien prendre la poudre d'escampette, en sautant dans le premier avion.
H.J.

 

Commentaires 

 
+2 #2 Le 3ème mal ...
Ecrit par A4     02-10-2016 15:57
L'ETAT (2)
Ecrit par A4 - Tunis, le 30 Septembre 2016

Il fût un temps pas lointain
Dont je me souviens encore
Où l'état était souverain
Où l'état était trop fort

Si fort qu'il se permettait
D'écraser sur son chemin
Les bipèdes qui l'embêtaient
Lors de nuit sans lendemain

Ce temps là est révolu
Dépassé, plus à la mode
Le problème est résolu
L'état a changé de code

C'est l'état mou des mauviettes
On ne le voit presque plus
Il s'incline, fait des courbettes
Aux arnaqueurs et goulus

C'est l'état aux poches vides
Qui n'a plus aucun dinar
Qui se comporte en timide
Face aux bandits et roublards

C'est l'état végétatif
Qui ne sort de sa cachette
Qui a peur, qui est craintif
Qui cède tout au racket

C'est l'état des grands niais
Qui avance à l'aveuglette
Ne sait où mettre les pieds
Et n'a plus rien dans la tête

C'est l'état doux des agneaux
Qui s'asphyxie et suffoque
Qui envoie ses mégalos
Faire la manche aux amerloques

C'est l'état des populistes
Qui caresse l'animal
Fainéant, sale et fumiste
Toujours dans le sens du poil

C'est l'état des défaitistes
Qui se croit faire du social
Regard livide d'utopiste
Qui se noie dans la spirale

C'est l'état, il est ainsi
Conforme à la volonté
De ceux qui nous ont écrit
Une constitution ratée
 
 
+2 #1 RE: Tunisie : Le Niet de l’UGTT à Youssef Chahed, l’accord de Carthage vacille !
Ecrit par Montygolikely     01-10-2016 00:56
Il y a eu deux maux dans ce pays;

le premier, Ennahda, qui forte de son large racolage pseudo religieux lors des précédentes élections, a versé rapidement, de part son ignorance totale de la chose publique, dans le clientélisme primaire, n' introduisant en fait que le terrorisme, le clanisme, le tribalisme, l'affairisme populiste, la contrebande et l'assistanat social dans notre pays et ont la prétention de vouloir revenir aux affaires publiques danc l'actuel gouvernement....

Le deuxième, le syndicalisme, sans aucune ligne de conduite politique responsable, s'ingénie a rivaliser avec le premier dans la délinquescence du pays en ne proposant que menaces de grèves contre augmentations de salaires, et rien d'autre tels que programmes de mise à niveau par la formation professionelle ou cogestion des caisses sociales, s'éloignant de plus en plus de sa mission de défense des intérêts des travailleurs et qui ne fait que contribuer, par l'esprit étriqué et la myopie intellectuelle de ses dirigeants, à augmenter la méfiance des investisseurs et la dégringolade du dinar, tout en ayant la prétention de pariciper à la politique sociale, a en juger par leurs incessantes allers et venues au Palais de Carthage...

Ces deux "mouvances", et non, mouvements politiques dignes de ce nom, quoiqu'ils en disent ou veulent nous faire croire, en se proclamant parti ou organisation responsables soucieuse de l'avenir de la nation et de son peuple, font partie d'un passé révolu et ne peuvent rassembler que ceux qui s'accrochent à leurs petits pouvoirs généreusement distribués "à la tête du client, en ressemblant de plus en plus aux ex caciques et "petits chefs" du R.C.D. avant la révolution...
 
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