Tunisie : Le ministère de l’Intérieur "révèle la vérité" sur Ansar Charia

Publié le Mercredi 28 Août 2013 à 13:44
Lotfi Ben JeddouLe ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a déclaré ce matin lors d’une conférence de presse, que les bombardements des fiefs terroristes au Mont Chaâmbi ont permis à la garde nationale d’arrêter deux éléments terroristes, en l’occurrence Mohamed Habib Omri et Ahmed M’barki, et d’autres individus chargés de leur assurer un soutien logistique. Les aveux des éléments arrêtés ont permis d’établir "l’existence de liens entre Ansar al-Charia et la brigade Okba Ibn Nafaâ".

Les investigations ont permis également d’établir l’existence de liens entre la brigade Okba Ibn Nafaâ et AQMI (organisation d’al-Qaida au Maghreb islamique), a-t-il dit. Le ministre a précisé en préambule que les forces de sécurité sont parvenues à lever le voile sur plusieurs vérités sur des actes terroristes ayant ciblé la stabilité du pays, à travers l’entrée des armes, les assassinats politiques et les explosions sur le Mont Chaâmbi.

L’arrestation d’un jeune à Hammam Chott a permis de dévoiler l’existence d’une aile secrète sécuritaire d’Ansar Charia, chargée de la collecte des données et de fixer les cibles pour perpétrer des opérations terroristes, ce qui confirme l’implication de l’organisation Ansar al-Charia dans le terrorisme, a-t-il souligné.

Les listes des individus impliqués dans le terrorisme sont désormais fixées, et le nombre de ceux qui sont en prison est supérieur à celui qui se retranche au Mont Chaâmbi, a dit le ministre, appelant à se garder de toute dramatisation de ce phénomène, ni d’en minimiser la portée.

Le ministre s’est voulu rassurant en promettant que la lutte contre le terrorisme ne va pas influer sur l’action et le déploiement des forces de sécurité, pour assurer la sécurité des Tunisiens, indiquant que le niveau de lutte contre le crime est élevé. Il a précisé que "les vérités révélées s’appuient sur des enquêtes, des preuves irréfutables, des aveux, qu’il faut prendre telles qu’elles sont sans instrumentalisation".

Le ministre a indiqué qu’à l’heure qu’il est, on ne peut confirmer l’implication d’un pays étranger, d’une quelconque partie dans les actes terroristes et on ne peut pas attester de l’infiltration d’Ansar Charia, précisant que les investigations à ce sujet sont en cours au niveau de plusieurs unités spéciales et juges d’instruction.

Sur un autre plan, Ben Jeddou a exprimé son envie d’ouvrir les archives du ministère de l’Intérieur, notamment celles de la police politique en réponse aux appels pressants dans ce sens, estimant que cela ne peut se faire qu’en présence d’un cadre légal adéquat garantissant les critères de cette opération et la préservation des données personnelles.

Il a, par ailleurs,  appelé les partis politiques, et les organisations nationales au consensus, et a exhorté les citoyens à adhérer à  la lutte contre le terrorisme, à fournir toute éventuelle information à la police et à l’aviser en cas d’un quelconque agissement suspect.

Le ministre a adressé un message aux forces de sécurité les exhortant à ne pas traiter les gens selon leur apparence vestimentaire, à ne pas leur imposer des restrictions dans la pratique de leur culte et à appliquer la loi dans le respect des droits de l’Homme et des règles d’intégrité physique et morale. Il a précisé que les salafistes ne relèvent pas tous d’Ansar Charia, appelant à se comporter avec "une grande prudence et sans restrictions envers les enfants du pays qui ont le droit à la diversité et à la liberté de culte".

Lotfi Ben Jeddou a appelé les adeptes d’Ansar Charia qui n’ont pas du sang sur les mains, et n’ont pas participé à des actes criminels, d’arrêter leurs activités au sein de cette organisation. Il a indiqué que le classement d’Ansar Charia en tant qu’organisation terroriste, induit l’interdiction de ses activités et la criminalisation de l’appartenance à cette organisation, de son financement ou de venir en aide à ses membres…des actes qui induisent des recours en justice.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Araoui, a déclaré que les investigations ont permis d’établir qu’"Ansar al-Charia dispose d’une aile militaire qui cherche à s’emparer du pouvoir par la force". Il a encore ajouté que "les investigations ont permis d’établir des vérités indéniables, sur la base d’aveux, de preuves irréfutables, qu’il existe des liens étroits entre les affaires d’assassinat des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l’entrée des armes dans le pays et les éléments retranchés au Mont Chambi". Il a encore déclaré que les forces de sécurité ont réussi à déjouer des opérations terroristes dans plusieurs régions du pays, grâce à des opérations préventives.

Le Directeur Général de la sécurité intérieure, Mustapha Taeib ben Amor,  a révélé des noms de journalistes, d’hommes politiques et d’autres personnalités menacés d’assassinant à l’instar de Naoufel Ourtani, Sofiène Ben Farhat, Lotfi Amari, Haythem Mekki, Maya Jribi, Amer Laâridh, Mustapha Ben Jaâfar, Mongi Rahaoui, Slaheddine Zahaf, Khemaïs Kssila, Selma Baccar,  Taeïb Baccouche, Ferid Beji, Olfa Oussef, Wided Bouchamaoui,  Lina Ben Mheni et son frère Faouzi ben Mheni, Nouri Bouzid et Mohamed Talbi. Il a encore révélé que des institutions névralgiques ont été posées commes des cibles potentielles, dans les plans d’Ansar Charia, d’opérations terroristes.
Gnet