Tunisie, le MI implique le citoyen dans la réforme de la police

Publié le Vendredi 07 Octobre 2011 à 09:00
En Tunisie, la révolution a bouleversé les institutions bien établies du pouvoir, et surtout le ministère de l’Intérieur. La police considérée pendant plusieurs années comme un outil de répression aux mains du pouvoir, est aujourd’hui entre le marteau et l’enclume : accomplir son devoir de protéger le citoyen ou jeter l’éponge. La dernière alternative a prévalu depuis le 14 janvier, et ce à cause des rapports tendus entre le citoyen et la police, et les violences commises à l’encontre des agents de l’ordre.

Bien avant les évènements de la révolution, le désamour vis-à-vis de la police se faisait ressentir,  alimenté par  la corruption et l’abus de pouvoir qui  prenaient des proportions de plus en plus inquiétantes sous Ben Ali. Lors d’une dernière tentative désespérée de préserver le pouvoir, le président déchu s’était servi de l’appareil sécuritaire pour réprimer dans le sang les manifestants. Cet affreux épisode a été le point de rupture totale entre les agents de l’ordre et la population, surtout dans les régions les plus défavorisées où les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur étaient synonymes de violence. Le centre pour le Contrôle démocratique des forces armées à Genève (DCAF) a proposé, le 08 février 2011, son aide à la Tunisie pour réformer son système sécuritaire.

Après le 14 janvier, la police devenait laxiste par peur des représailles. Postes de police brûlés et saccagés, voitures de police calcinées, et actes de violence contre les agents en fonction, étaient devenus faits très courants. «Le ministre de l’Intérieur tunisien nous a informé que la communication avec le citoyen était pour lui une priorité. L’idée était de faire un bilan de communication, mais nous n’avions jamais pensé que ce bilan serait un jour public », dit Arnold Luethold, Directeur des opérations Afrique et Moyen Orient ( DCAF), ce matin à Tunis. Son institution a organisé en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, un colloque intitulé : « Des approches de communication pour une police au service de la démocratie », pour dévoiler les résultats de ce bilan.

Le DCAF a collecté des données à travers la presse nationale, des entretiens avec des responsables de la communication au sein du ministère et a fait un diagnostic de la situation. Il a, ensuite, associé la société civile et les partis politiques et collecté leurs avis sur la question. Il en ressort que la communication depuis le 14 janvier «a évolué», selon le bilan, mais que « l’opacité persiste, notamment concernant les objets de réforme du ministère et l’organisation de celui-ci ». Par ailleurs, la société civile juge positive l’augmentation du nombre de communiqués de presse, mais émet des réserves quant à la substance de ces communiqués.  Le bilan dit également que «la société civile observe que le comportement des Forces de sécurité intérieure (FSI) ne correspond pas aux attentes des citoyens, et déduit que le ministère exerce peu de supervisions sur le comportement des agents ».

Les membres de la société civile consultés attendent que le ministère communique une volonté politique claire  et matière de bonne gouvernance, de sécurité et de maintien de l’ordre. Lors de ce colloque, qui a réuni le ministre de l’Intérieur Habib Essid, Mohamed Lazhar Akremi ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, chargé des réformes et Arnold Luethold, plusieurs partis politiques, agents de sûreté, journalistes et militants de la société civile ont pris part au débat.

Quelques activistes ont appelé à ce que les individus coupables de bavures soient  jugés, pour qu’il y ait ensuite réconciliation et enfin réforme du système. Un représentant du parti politique de l’Ouverture et de la Fidélité, a pour sa part déploré le fait que la police «soit accusée de tous les maux. C’est la police qui a fait un travail titanesque sous Ben Ali et Bourguiba pour faire avancer le pays. La seule victime depuis 1956, c’est la police. Maintenant, parce qu’il n’est pas permis de violenter des gens, des hors la loi se permettent de faire la loi. Laissons passer les élections et cette période transitoire après parlons de réforme», a-t-il dit.

Un commissaire de Police a ajouté que le sentiment de sécurité n’est pas quantifiable, et qu’il n’est amélioré que par la communication : « Comme en Italie ou même avec la présence de grande criminalité, les gens se sentent en sécurité. L’appareil sécuritaire en Tunisie est très discipliné et très organisé. N’importe qu’elle autre institution qui aurait subi les mêmes attaques que celles commises contre la police, aurait disparu», dit-il.

Par ailleurs, Arnold Luethold a exprimé la nécessité de protéger les agents de sécurité, au même titre que veiller à la protection des droits de l’Homme. 

Sur la base du bilan établi, le DCAF a présenté un nombre de recommandations pour promouvoir l’image du Ministère de l’Intérieur.

Parmi elles, utiliser les apparitions publiques des hauts responsables pour réitérer leur attachement au respect des droits de l’Homme, de l’Etat de droit, de la démocratie et de la dignité ; assurer le respect des droits de l’homme aux membres de forces de sécurité et développer des supports de communication audiovisuels qui montrent le visage humain des membres des forces de sécurité. Il parle aussi d’instruire les membres des Forces de sécurité quant au comportement à adopter vis-à-vis des médias et des ONG. Expliquer au public l’organisation et le mode de fonctionnement du Ministère de l’Intérieur, et de ses différentes structures. Assurer que  les policiers dans l’exercice de leur fonction soient identifiables par un numéro de matricule qu’ils portent ouvertement. , embaucher des attachés de presse pour les trois corps des FSI.

Le Bilan a été publié dans son intégralité sur le blog www.tunisie-rapprochement.org, où il est possible aux internautes de faire part de leur opinion et leurs suggestions, qui étayeront le travail de réforme.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#4 RE: Tunisie, le MI implique le citoyen dans la réforme de la police
Ecrit par mokaddem     10-10-2011 18:08
ET FORMER UNE POLICE POUR LES PROCHAINES AGRESSIONS DES FANATIQUES
 
 
#3 Sousse
Ecrit par A4     09-10-2011 11:26
Madame Génette, je crois qu'il est temps d'enlever la burka pour voir ce qui se passe à la faculté des lettres de Sousse:
il y a des attardés mentaux qui lancent des menaces de mort et qui procèdent à des séquestrations.
Hélas, Madame Génette ne veut pas en parler ...
 
 
+5 #2 Servir et protéger
Ecrit par ElDux     07-10-2011 14:42
Comme dans tous les états policiers, nous avons beaucoup trop de policier => salaires bas, formation de base, corruption, ...
Si on prévoyait sur 5 ans de réduire de 30% le nombre de policiers, (départ a la retraite en avance, non remplacement de certains départs, moins de recrutement,...) on pourrait augmenter leur salaire, leur offrir plus de moyens techniques, une meilleure formation,... C'est n'est pas leur nombre qui les rend efficace mais plutôt leur savoir-faire. Imaginez, leur poste de police de la Route X (celui des accidents routiers) n'ont même pas d’ordinateur!!! Ils tapent leur procès verbaux sur dactylo!!
 
 
+4 #1 @Un représentant du parti politique de l’Ouverture et de la Fidélité
Ecrit par SDF     07-10-2011 12:25
Celui qui a dit ça a raté une occasion de se taire :

"C’est la police qui a fait un travail titanesque sous Ben Ali et Bourguiba pour faire avancer le pays."

Mais oui, certainement : pour faire avancer la populace à grand coup de pieds dans le cul et de matraque dans la gueule, sur la voie de l'autocratie et de la corruption...

Parti de l'ouverture et de la fidélité, vous dites?

Mais certainement : parti de l'ouverture de gueule quand on a rien à dire, et de la fidélité à la police.

Tout un programme...
 
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