Tunisie : Le MAR revient sur la nomination et la révocation des imams

Publié le Jeudi 22 Octobre 2015 à 18:30
Othman Battikh. La nomination des imams continue à défrayer la chronique. Le ministère des Affaires religieuses et ses détracteurs n’ont eu de cesse d’échanger les accusations cette dernière période. Les seconds critiquent les procédés du minsitère, qui s’appuieraient, à leurs yeux, sur des considérations politiques et non sur des critères objectifs en matière de limogeage des imams, dénonçant au passage le retour à des pratiques révolues.

Le ministère, lui, défend ses décisions, arguant des appartenances idéologiques et politiques des imams révoqués.

Dans un communiqué paru ce jeudi 22 octobre, le ministère des AR affirme que la nomination des cadres des mosquées et leur révocation relèvent de ses seules prérogatives.

L’Etat veille sur la gestion du fait religieux dans le pays, souligne le ministère des AR, ajoutant que les lieux de culte sont ouverts à tous ceux qui désirent prier. L’atteinte à la quiétude des mosquées, et la perturbation de la prière du vendredi, sont contraires à la loi, indique le ministère.

Faisant allusion au mouvement contestataire survenu vendredi dernier à la mosquée Lakhmi à Sfax, de la part de fidèles opposés au limogeage de l’imam Ridha Jaouadi, le ministère précise que la prière du vendredi est un devoir, et son  remplacement par la prière d’al-Dohr ne peut-être possible, que pour celui qui a une excuse légitime, à l’instar de la femme, du voyageur, du malade, où lors d’un séjour dans des lieux loin des villes, où les conditions de l’obligation de la prière hebdomadaire ne sont par réunies, comme le soutiennent les jurisconsultes.

La perturbation de la quiétude des mosquées, et l’élévation de voix en leur sein est contraire à la chariaâ, explique le MAR. "Celui qui perturbe la prière du vendredi, et rompt le calme des mosquées est passible d’une peine de prison et d’une amende, conformément au code des procédures pénales et à la loi régissant les mosquées".

Le ministère appelle les fidèles à faire preuve de raison et à ne pas se laisser entraîner derrière les appels contraires à la loi et à la Chariaâ.

Le mouvement Ennahdha dont les dirigeants ont critiqué, a plusieurs reprises, la démarche du ministre des Affaires religieuses, avait dénoncé en septembre dernier dans un communiqué les décisions de licenciement abusif, ayant visé "des dizaines d’imams, connus pour leur modération", percevant en cela un retour des "liquidations idéologiques".

Ennahdha avait dit réfuter "la politique de vengeance et de renvoi abusif" suivie par le ministre des AR.

"Si cette politique venait à se poursuivre, elle se transformerait en principal instrument de polarisation du terrorisme, et sera de nature à nourrir la propagande terroriste fondée sur la persuasion des jeunes qu’ils sont en affrontement avec un Etat hostile à l’Islam et à la religion", avait indiqué le mouvement. 

"Cette politique héritée de la dictature contribue à envenimer l’atmosphère dans les lieux de culte et à semer l’animosité entre les citoyens", avait mis en garde Ennahdha. 

Gnet