Tunisie : Le gouvernement Jomaâ prend officiellement ses fonctions

Publié le Mercredi 29 Janvier 2014 à 17:36
Mehdi Jomaâ salue en Ali Laâridh l'homme d'Etat. Le nouveau gouvernement de Mehdi Jomaâ a été officiellement investi ce mercredi 29 janvier, après avoir obtenu hier, le vote de confiance de l’Assemblée nationale constituante à une majorité confortable. La cérémonie de passation des pouvoirs entre Ali Laâridh et Mehdi Jomaâ a eu lieu en fin de matinée à Dar Dhiaffa à Carthage, devant le gouvernement sortant, et le nouveau gouvernement, les membres du quartette et plusieurs personnalités publiques.

Dans son allocution, Ali Laâridh s’est rappelé son parcours militant depuis 1981, à l’époque d’al-Itijah al-islam, (tendance islamique). Le chef du gouvernement sortant a estimé que cette opportunité du pouvoir est passagère. "Je suis fils d’agriculteur. En 1981,  au moment des événements d’al-Itijah al-Islami,  j’étais poursuivi et étais obligé de m’enfuir. Mon père me recommandait alors d’être un homme et de ne pas être injuste. C’est là le meilleur testament qu’il m’a laissé qui est resté gravé dans ma mémoire", a-t-il raconté. "L’espoir de mon père était que je devienne instituteur pour l’aider, cela constituait pour lui une source de fierté. Mais le destin a voulu que je sois ingénieur. En 1980, j’ai un peu travaillé au ministère du Transport, à la direction de la marine marchande. En 1981, la tragédie a commencé pour le mouvement d’al-Itijah al-islami, avec les poursuites et les arrestations".

Ali Laâridh a dit avoir frôlé la mort plusieurs fois depuis 1987. "Mes collègues et moi-même étaient demandés morts ou vifs", se remémore-t-il. Il a dit avoir eu l’honneur de vivre la révolution et d’avoir participé "à un grand nombre de manifestations dont la manifestation du 14 janvier devant le ministère de l’Intérieur". Il est revenu sur son passage au ministère de l’Intérieur, signalant que la première fois où il est entré au ministère de l’Intérieur, et en est sorti après un quart d’heures, c’était le jour où il est allé avec ses collègues déposer la demande de visa pour son parti. "Auparavant, lorsque je me trouve au ministère de l’Intérieur, c’était soit pour aller en prison, soit pour y être humilié pendant des jours".  

Il a encore dit avoir dirigé le gouvernement pendant dix mois, et en être sorti avec le stylo avec lequel il  a signé la constitution. "Je suis sorti après avoir appris beaucoup de choses, avec une conviction encore enracinée, selon laquelle le pouvoir ne doit pas changer l’homme, mais il doit lui donner plus de savoir, plus de conscience et plus de responsabilité".

Ali Laâridh a plaidé pour "une unité nationale forte", exhortant à réhabiliter "les valeurs du travail, de la science et de la morale, sans lesquelles, on en pourra créer la richesse".

Il a souhaité en préambule le succès au nouveau gouvernement. Il s’est dit confiant de "sa réussite, avec la conjugaison de ses efforts, et l’unité autour de lui". Quant à son gouvernement, il a estimé "avoir réussi dans beaucoup de choses". "Certainement, il y a eu des erreurs, que je laisse à l’évaluation de la critique et des historiens", a-t-il souligné.

"Le travail doit commencer maintenant"
Mehdi Jomaâ n’a pas tari d’éloges sur son prédécesseur qu’il a dit avoir toujours appelé "Si Ali, même si cela était contraire au protocole". Il l’a remercié pour "l’effort colossal qu’il a consenti pendant une période extrêmement difficile". Pour le nouveau locataire de la Kasbah, "Ali Laâridh est plus un homme d’Etat, qu’un homme de parti. J’ai appris de lui le calme", a-t-il dit. "Nous ne mettons pas beaucoup de temps pour nous comprendre, parce que c’est un homme de logique. Si Ali est resté ingénieur et entre ingénieurs on se comprenait bien", a-t-il souligné.

Le nouveau gouvernement de Mehdi Jomaâ.

Mehdi Jomaâ a félicité les Tunisiens pour "les importantes réalisations accomplies dans les différents processus, dont la constitution et l’avènement d’un gouvernement provisoire, dont la date de péremption est la fin de 2104". "Après cette date, il ne sera plus consommable", a-t-il indiqué, disant attendre du président de l’ISIE la fixation d’une date précise des élections.

Il a déclaré que son gouvernement est "conscient des grands défis et difficultés, qu’il sera capable de relever grâce à la cohésion des Tunisiens". Il s’est félicité que "la Tunisie soit parvenue à préserver la légitimité électorale et de la conforter avec une légitimité du consensus et du dialogue".

"Le seul message que j’ai à transmettre est qu’il faut que l’on commence maintenant le travail et l’action. Il faut que l’on restitue le respect total à l’Etat, dans ses institutions, ses lois et ses règles". Il a souhaité que les Tunisiens reviennent à l’esprit de solidarité d’après la révolution, si c’était le cas, "on pourra faire de la Tunisie un Singapour, et tout ce dont on rêve".

La cérémonie s'est achevée sur une note d'humour : "Lorsque mon nom a émané du dialogue national, on m’appelait le candidat du dialogue, puis je suis devenu choisi, puis chargé, et maintenant provisoire et après ancien (chef du gouvernement), a rétorqué Mehdi Jomaâ à Ali Laâridh qui lui disait : "on ne vous a pas encore appelé provisoire".

Gnet