Tunisie : Le gouvernement freiné dans ses actions, face à un parlement peu coopératif |
Publié le Mercredi 15 Février 2017 à 17:44 |
On nous annonçait que l’année 2017 serait celle du décollage, de la relance économique et du début de détente de la finance publique, rien de cela ne semble être en voie de concrétisation. Les premières six semaines de 2017 n’ont pas apporté les prémices du changement espéré et le pays fait désespérément du surplace. Rien n’y fait, le pays a beau être doté d’institutions démocratiques, issues des urnes, il ne réussit pas, pour autant, à franchir les obstacles, qui l’empêchent d’avancer, de se redresser et de progresser. Les indicateurs économiques continuent à suivre leur chute libre, à l’instar d’un déséquilibre intenable entre le train dispendieux de l’Etat, et ses faibles ressources, un déficit qui se creuse, et un taux d’endettement de 64 %. "La situation économique est extrêmement difficile, et la crise est très profonde", a affirmé ce mercredi 15 février, Fadhel Abdelkefi, ministre du développement, de l’investissement et de la coopération internationale sur Radio Med, tout en évoquant des possibilités de rebondir. Dans le camp des économistes et autres experts, le discours est encore plus alarmiste, dans la mesure où l’on évoque "un état de faillite non-déclarée". Il est vrai qu’un pays qui utilise l’argent de la dette pour payer les salaires de ses fonctionnaires, nourrir les bouches et pourvoir à ses dépenses au quotidien, serait dans un état de dépendance économique et financière avérée. Ce qui sous-tend un équilibre fragile pouvant être rompu au moindre soubresaut dans cette conjoncture régionale et internationale difficile et erratique. Ce qui est encore plus grave, est que le corps tunisien interne ne semble pas assez solide et soudé pour faire face aux difficultés et franchir les obstacles qui empêchent le redressement. Il y a même des mini-crises institutionnelles latentes qui ne disent pas leur nom, qui font que le gouvernement n’ait pas les coudées franches d’agir, freiné dans ses actions, par les procrastinations parlementaires. Plusieurs oppositions s'affrontent à l'Assemblée Le gouvernement dit d’union nationale ne dispose pas d’une majorité parlementaire, digne de ce nom, à même de le soutenir, d’appuyer ses actions, et d’accélérer le vote de textes de loi nécessaires à l’application de ses programmes et stratégies contenus dans le plan quinquennal de développement. Le régime politique mixte, mi-parlementaire, mi-présidentiel, en est pour quelque chose. L’Assemblée des représentants du peuple présente une configuration inédite, peu commune dans les parlements à travers le monde. Au lieu d’abriter une majorité et une opposition, l’ARP voit s’affronter en permanence plusieurs oppositions, incarnées par des blocs parlementaires, régis par l’adage : "chacun pour soi, et Dieu pour tous". Ce qui semble animer les partis parlementaires, siégeant au palais du Bardo, ce ne sont guère les priorités socio-économiques de l’heure, et comment aider le pays à remonter la pente, mais plutôt les prochaines échéances électorales. On l’a vu avec la loi sur les élections et référendums, sur lequel les députés se sont éternisés, à coup de palabres et de tiraillements, avant qu’il ne soit voté. C’est ce type de fonctionnement de l’Etat et de ses institutions qui a fait que le pays perde beaucoup de temps, et fasse passer le subalterne (les considérations politiciennes), à l’essentiel (l’intérêt du pays et de son peuple). Un fait et non des moindres, celui évoqué ce mercredi par le président de l’instance électorale, Chafik Sarsar, sur Jawhara. Cela fait sept ans, depuis 2010, que le pays est dépourvu de structures municipales élues. Un précédent jamais connu dans les démocraties et les pays en transition démocratique, a-t-il déploré. Le problème est que tout le monde semble s’accommoder de la saleté, de l’anarchie, de la corruption, du laxisme et de cette navigation à vue…Plus dur sera le réveil ! H.J. |