Tunisie : Le gouvernement Chahed maintenu, la majorité acquise !

Publié le Jeudi 25 Août 2016 à 13:17
Youssef ChahedYoussef Chahed n’a pas l’intention de remanier sa formation gouvernementale, annoncée le soir du samedi 20 août. Il la soumettra demain, vendredi, telle qu’elle est au vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). En agissant de la sorte, le chef du gouvernement désigné se montre respectueux de la constitution, et ferme sur ses choix et décisions, pour ne pas se décrédibiliser avant même qu’il n’ait entamé sa mission à la primature.

Le futur locataire de la Kasbah n’a pas cédé aux pressions des partis politiques. Il a préféré ne pas tergiverser, et ne pas faire marche-arrière au tout début de ses nouvelles responsabilités au sommet du pouvoir, en gardant la composition initiale de son équipe, comme il l’a révélée au président de la république, puis aux médias et à l’opinion publique.

Outre les concertations menées ouvertement devant les caméras, des tractations se seraient déroulées dans les coulisses, ce qui aurait conduit les partis à tempérer leurs positions, et réserves et à accorder leur soutien, et leur confiance au gouvernement.

Arithmétiquement, ne serait-ce qu’avec le soutien de Nidaa (67 députés), Ennahdha (69 députés) et Afek (10 députés), le gouvernement dépassera largement la majorité absolue de 109 députés, nonobstant certains votes individuels qui pourraient ne pas s’en tenir au mot d’ordre de leur parti.

Sauf coup de théâtre, le cabinet de Youssef Chahed, et son programme seront entérinés demain au parlement. La passation des pouvoirs, et l’investiture du gouvernement se feront dans la foulée, et la Tunisie sera dotée, en début de semaine, d’un nouveau gouvernement de 40 membres, 26 ministres et 14 secrétaires d’Etat qui aura à plancher sur les urgences de l’heure, et à relever les défis de cette étape critique et difficile.

Le programme du nouveau gouvernement inspiré du document de Carthage s’articulera autour de cinq priorités, comme l’a déjà annoncé Chahed le jour de sa désignation. Il s’agit de la guerre contre le terrorisme, la lutte contre la corruption, la relance de la croissance et la création d’emploi, la maîtrise des équilibres financiers, et l’environnement et la propreté.

Avant l’entrée dans le vif du sujet, la première tâche de Youssef Chahed sera d’imposer aux membres de son cabinet les principes du travail d’équipe et de solidarité gouvernementale. Il sera amené à éviter dissensions et batailles larvées surgies dans la coalition sortante et qui étaient pour beaucoup dans son affaiblissement. Sa mission sera d’autant plus difficile, que sa coalition est beaucoup plus large avec des partis issus d’horizons divers  et de sensibilités idéologiques aux antipodes : droite, gauche, islamiste, nationaliste…tous seront appelés à accorder leurs violons afin que le gouvernement fonctionne, et que les choses puissent avancer.

Dans ce gouvernement d’union nationale, le pragmatisme doit prendre le pas, sur l’idéologisation, et l’intérêt national, sur les calculs partisans étriqués. La condition sine qua non de sa réussite est sa force et son caractère soudé, lesquels doivent être inscrits dans la durée, et non se laisser influencer par des considérations électoralistes, à l’instar de l’approche des municipales et régionales. D’autant plus que ce gouvernement s’apprête à lancer des réformes difficiles dont l’amorce et l’aboutissement nécessitent une large couverture politique et une adhésion collective.
H.J.