Tunisie : Le FTDES critique vivement le dialogue sur l'emploi

Publié le Lundi 04 Avril 2016 à 15:58
 Forum Tunisien pour les Droits économiques et sociaux
Le Forum Tunisien pour les Droits économiques et sociaux explique ce lundi que son refus de participer au dialogue national sur l’emploi était un moyen de protestation contre « la position négative des autorités vis-à-vis des protestations et des mouvements sociaux observés devant certains ministères, et le refus des autorités à dialoguer avec les chômeurs".
 
Le forum indique que les deux déclarations émanant du dialogue ont confirmé sa crainte de voir se répéter « des idées généralistes et des dispositions déjà annoncées par le passé ».  Le forum rappelle que ces mêmes dispositions ont été prévues dans la note d’orientation du plan 2016-2020 « qui n’a pas fait l’objet d’un dialogue national et qui a été critiquée par plusieurs parties », ajoute-t-il.
 
Le forum pour les Droits économiques et sociaux rappelle sa position quant à l’approche de la question du chômage et de l’emploi, indiquant que l’allègement du poids du chômage passe inévitablement par l’investissement public « car la situation sécuritaire politique et sociale, n’encourage pas à court terme l’investissement privé », et « que les avantages fiscaux et douaniers ne pourront pas avoir d’impact sur l’investissement » mais qu’au contraire  « ils ne feront qu’accentuer la crise », souligne-t-il dans un communiqué dont Gnet a reçu une copie,.
 
Il appelle l’état à entreprendre une politique fiscale plus ferme et plus efficiente en luttant contre l’évasion fiscale et la contrebande, et en mettant fin à l’exonération fiscale afin de collecter plus de fonds publics.
 
Le forum rappelle la nécessité d’adopter le plus de dispositions possibles pour garantir la réalisation d’investissements publics déjà programmés. « Il n’est pas acceptable que 10 millions de dinars d’investissements publics soient gelés tandis que le pays et les citoyens en ont grand besoin », indique le communiqué. 
 
Il appelle également à élever le niveau de rendement et de productivité dans le secteur public « afin de créer un climat institutionnel capable d’encourager l’investissement et d’élever la qualité des services publics ». Pour ce faire, le forum préconise la redistribution des ressources humaines et matérielles de manière horizontale sur les institutions étatiques selon le besoin, et de manière verticale entre les autorités centrales, régionales et locales pour atteindre plus de participation et plus d’inclusion. 
 
« Il est important de lancer un dialogue sérieux et responsable, avec les différents mouvements protestataires et sit-in afin d’ériger une confiance et de trouver des solutions de rechange permettant de dépasser les situations de crise sociale en rapport avec l’emploi, et pour protéger les emplois existants ».

Le forum appelle aussi à accélérer la régularisation de la situation de certaines entreprises publiques souffrant de déficit financier grandissant, qui menace son existence et qui représente un poids pour le budget public.

Il évoque, par ailleurs, l’importance d’inciter le secteur privé « à prendre ses responsabilités sociales et environnementales, à adopter des plans de ressources humaines conformément auxquels sera arrêté le besoin en matière de formation professionnelle et générale, afin de créer des emplois reflétant les besoins réels des entreprises ». 
 
Sur le long terme, le forum préconise un dialogue national « sérieux et rapide » autour d’un modèle de développement alternatif « capable de lever le défi de l’emploi et de concrétiser les valeurs de la constitution » dans tous les domaines. « Un modèle qui ouvrirait des horizons prometteurs au développement », indique le communiqué.  
 
Dans ce contexte, le forum « met en garde contre l’utilisation abusive des promesses extérieures et  contre le recours à l’endettement abusif » et appelle « à éviter les valses honteuses au rythme des compliments protocolaires  sur les airs du printemps arabe », conclut le communiqué, signé par le bureau directeur du forum présidé par Abderrahmane Hedhili. 
 
Gnet