Tunisie : Le faux débat sur le Hijab des gamines

Publié le Lundi 17 Août 2015 à 14:07
Le vrai combat à mener est celui de l'éducation des enfants. Béji Caïd Essebsi manie l’art des petites phrases, qui laissent rarement indifférents. Tels ses propos sur le hijab des fillettes de quatre ans, tenus dans son discours du 13 août. "Il n’y a pas lieu de faire porter le voile à des fillettes de quatre ans", a-t-il asséné tout feu, tout flamme, sous les applaudissements de l’assistance, appelant à l’application de la loi à ce sujet.  

Cette phrase a aussitôt suscité des grincements de dents sur les réseaux sociaux, et certains y ont vu une attaque contre le Hijab en ordre général. Et patatras, voilà que l’un des leaders d’Ennahdha monte au créneau et en fait grief au locataire de Carthage. Abdellatif Mekki perçoit dans la parole présidentielle, une provocation, une incitation aux tiraillements idéologiques et politiques, et une manière d’esquiver les promesses électorales mirifiques.

Chassez le naturel, il renvient au galop. Nidaa et Ennadha ont beau afficher une entente cordiale depuis l’avènement du gouvernement d’Habib Essid ; ils ont beau faire partie de la coalition gouvernementale, leur alliance conclue au nom du consensus semble être fragile, et leurs querelles du passé, mises conjoncturellement en sourdine, ont l’air d’être toujours prêtes à redémarrer au quart de tour.  

Le hijab des fillettes est une question qui ne se pose même pas en Tunisie. Que des exceptions existent dans certaines régions du pays, cela tiendrait beaucoup plus aux facteurs de la culture et de la tradition, qu’à la prescription religieuse proprement dite, bien détaillée dans les sources scripturaires de l’Islam (Coran et Sunna), et faisant l’objet d’une unanimité des oulémas.

Polémiquez sur une question aussi marginale n’est qu’un faux débat, qui est de nature à entretenir les amalgames et les tensions idéologiques dont le pays se passerait volontiers dans une telle conjoncture.

Le fait de donner l’impression d’un Etat tutélaire dont les prérogatives vont jusqu’à faire intrusion dans les choix des parents d’éduquer leurs enfants, risque-t-il aussi d’avoir des effets contraires, aux objectifs souhaités.

En Tunisie, à un degré moindre que d’autres pays de la région arabo-musulmane, il y a beaucoup à faire, pour séparer le religieux du culturel, d’un côté, et mettre en avant les vrais préceptes de l’Islam, de l’autre. Les idées erronées et les fausses interprétations des textes religieux sont à l’origine des incompréhensions, menant notamment à ces discours de takfir (accusation d’apostasie), et leur corollaire le terrorisme, auxquels la Tunisie paie aujourd'hui le plus lourd tribut.

La clarification du message de l’Islam ne relève pas tant du domaine juridique et de l’autorité de l’Etat, que du champ de la connaissance et du savoir. Il s’agit de procéder à une lecture réformiste et contemporaine des textes religieux, qui, sans en altérer la substance, en expliquent les valeurs et les principes qui sont à l’origine de la promotion de l’homme et du progrès des peuples.

Il est question de revenir aux fondamentaux de l’Islam, de mettre en avant sa morale, ses aspects de modération, de juste-milieu et de tolérance, de montrer la place qu’il accorde au savoir, et à l’action utile à l’individu et à la collectivité.

S’il y a un vrai débat à ouvrir, et un combat à mener, c’est celui de l’éducation des enfants, et des nouvelles générations qui doit être revue de fond en comble. Il est une lapalissade : L’Islam ne nous demande pas de faire porter le voile à des fillettes de quatre ans, ni de faire pousser la barbe à des garçons du même âge, il nous demande de leur inculquer le savoir, les valeurs, et de les armer d’une morale, à même de les immuniser contre tout type de déviation, et d’en faire de bons citoyens, équilibrés, entreprenants, et bienfaiteurs.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #4 On n' a pas le droit de conditionner nos enfants.
Ecrit par Tunisien     21-08-2015 13:00
On n’a pas le droit de faire sortir nos enfants de la normal ou du neutre.
Quand ils seront majeurs’ c’est à leurs choix de porter ce qu’ils veulent à condition qu’ils ne touchent pas les sociétés et la vie en commun.
 
 
+3 #3 @Royaliste
Ecrit par A4     18-08-2015 08:14
Bof, on peut même assassiner pour gagner sa place au paradis des ...cons !
 
 
+4 #2 a mediter
Ecrit par Royaliste     17-08-2015 22:06
En Tunisie on peut mentir, voler, arnaquer, ne pas tenir ses promesses ni sa parole, colporter, dire du mal des autres, partir des rumeurs haineuses.... mais pas manger du porc parceque c est haram ...

Ps:c est juste une remarque
 
 
+3 #1 Foutaises !!!!
Ecrit par why     17-08-2015 15:02
Ah ben alors, si on vous suit, el 3asafir touza9za9. J'en ai marre des journalistes à deux balles. On est en plein guerre qui va décider de notre avenir et on essaye de minimiser des faits graves. Oui, H.J revenez à la photo faite par un prédicateur à la c## à Zarzis entouré de fillettes toutes voilées. Arrêtons l'hypocrisie et surtout ne cédons aucune once aux obscurantistes, obtus, bas du front. C'est la guerre ma petite dame et ce n'est pas le moment de faire la fine bouche. Après, si pour vous la liberté de porter un hijab vous est importante, allez en AS, Afghanistan ou bien Pakistan et laissez-nous vivre notre Tunisie moderne et non vos archaïsmes.
 
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