Tunisie : Le diabète, une épidémie galopante qui coûte 1% de croissance

Publié le Lundi 07 Novembre 2016 à 10:31
Le diabète n’est pas une fatalité, c’est un combat. C’est le message lancé pendant la conférence de presse organisée lundi intitulée « œil sur le diabète ». La Tunisie est touchée de plein fouet par cette maladie chronique : environ un million de personnes sont  atteintes, 70% (type 2) d’entre elles auraient pu l’éviter.

« Le diabète est certes une maladie lourde, mais les sujets atteints peuvent avoir une vie équilibrée, malgré toute les difficultés. Il faut de la vigilance, du sérieux et surtout un suivi méticuleux. La négligence peut avoir des conséquences graves, voire irréversibles dans certains cas. La moitié des malades ne sont pas au courant, d’où l’importance primordiale du dépistage » a affirmé Mohammed Larbi Jelassi , directeur des laboratoires Novo Nordisk.

Quelques 300 millions de personnes sont atteintes dans le monde. Les prévisions parlent de 500 millions d’ici 2030. En Afrique, ils sont au nombre de 2 millions. Le professeur Koussay Elleuch a ensuite dressé un état des lieux du diabète de type 2 en Tunisie. Officiellement, les statistiques annoncent 700 000 malades: « La Tunisie est la plus touchée en Afrique du nord, devant l'Algérie et le Maroc. Seulement 2% de la population tunisienne était atteinte dans les années 70, alors qu’on parle de 10% actuellement. Plus inquiétant ? Une personne sur deux n’est pas au courant de sa maladie », a-t-il dit.

Alors que le diabète se déclenchait à partir de 40 ans, le professeur Elleuch affirmé que les sujets atteint à un âge précoce sont de plus en plus nombreux : « Nous voyons mêmes des malades de 15 ou 20 ans.  C’est aussi une des principale causes de mortalité des adultes, puisque ça provoque des maladies cardiovasculaires, des cancers ou encore la cécité. Le coût ? Une personne diabétique, c’est environ 418 dollars par an », selon lui.

L’argent est dépensé uniquement pendant les complications, affirme le professeur Elleuch qui précise : « Jusqu’à l’an 2000, il y avait deux médicaments alors qu’on parle maintenant d’une vingtaine. La CNAM prend tout en charge, mis à part les nouveaux médicaments, apparus depuis 2011».

Les soins étant très coûteux, l’évènement pousse à la prévention : « Le dépistage est la solution. Le diabète coûte 1% de croissance à la Tunisie. Il faut absolument apprendre à éviter les facteurs de risque, surtout l’obésité. Il est aussi très important de promouvoir l’activité physique et suivre une alimentation saine ».

Un des participants à l’évènement, est l’association de lutte contre le Diabète. La présidente, Zinat Marrakchi a souligné qu’il y a un travail énorme avec la CNAM pour le remboursement des nouvelles molécules d’insuline : « Nous nous battons aussi pour que la CNAM rembourse les lecteurs de glycémie. C’est tout aussi important que le dépistage. Le diabète est une épidémie galopante qu’il faut prendre avec beaucoup plus de sérieux de la part des autorités, la société civile et les caisses sociales », a-elle déclaré.
S.S