Tunisie : Le consensus se fissure, Ennahdha au gouvernement, Nidaa dans l’opposition ?

Publié le Mardi 29 Mai 2018 à 12:15
Rached Ghannouchi et Hafedh Caïd Essebsi, la lune de miel semble finie. La Tunisie est de nouveau secouée par une crise politique, et les heures qui viennent risquent d’être décisives, et de donner lieu à une nouvelle donne, où les alliances ne seront plus les mêmes, encore moins le type de gouvernement qui présidera aux destinées du pays jusqu’en 2019, année des grandes échéances électorales.

Avec le gel sine die du document de Carthage, cette plateforme consensuelle des partis et organisations nationales, dont a découlé le gouvernement dit d’union nationale, la coalition gouvernementale, dont le leadership est jusque-là bicéphale, pourrait basculer dans le giron d’un seul parti.

Ennahdha et Nidaa, colonne vertébrale de la coalition consécutive aux élections de 2014, sont en train de se séparer pour de bon. La rupture entre les deux forces de la majorité parlementaire semble scellée cette fois-ci, contrairement aux fois passées. Cette alliance dictée par les résultats des élections de 2014 a connu de successifs soubresauts. En janvier dernier, après la défaite cinglante aux législatives partielles en Allemagne, et à quelques mois des municipales, Nidaa a recadré, d’une manière unilatérale, ses rapports avec Ennadha, affirmant "le passage du consensus à une situation concurrentielle", et revendiquant son propre "projet sociétal et politique, illustré par la ligne nationale réformiste et moderniste".

Les Nahdhaouis ont essayé de minimiser l’impact de ces déclarations, les imputant à des considérations électoralistes, dénonçant, au passage, certaines" tentatives d’envenimer le climat politique, d’entretenir la polarisation et d’attenter au consensus".

Les rapports entre les deux partis connaissaient des hauts et des bas. Nidaa cherche toujours à monter qu’il ne donnait pas cher à son alliance avec Ennahdha, là où ce dernier n’a de cesse de chanter les louanges du consensus et de dire son attachement à cette alliance. 

La sortie de Hafedh Caïd Essebsi, dans une vidéo intempestive, le jour du scrutin municipal du 06 Mai, où il mettait en garde contre "les menaces qui pèsent sur le projet national", aura été la goutte qui a fait déborder le vase. Sans compter les déclarations des nidaïstes qui excluent toute alliance avec Ennahdha dans les conseils municipaux.

Prompt à faire des concessions au nom de la préservation du consensus et de l’unité nationale, Ennahdha a choisi, cette fois, l’affrontement avec son allié, en lui opposant un niet à sa demande d’un changement radical du gouvernement, touchant Youssef Chahed. "Ennahdha a présenté tant de concessions par le passé au service du pays, et ne présentera pas des concessions mettant le pays en danger," a déclaré hier son président Rached Ghannouchi aux médias, faisant prévaloir l’intérêt de "la mise en application des grandes réformes, sur le changement des personnes".

La position du mouvement islamiste a irrité Nidaa qui menace de se ranger dans l’opposition, en se disant "disposé à participer aux prochaines élections de n’importe quelle position". Le mouvement qui s’obstine à vouloir remplacer Chahed et son gouvernement, "le nom d’une crise politique", tend à renforcer sa position en s’appuyant sur l’UGTT, qui partage la même hostilité envers le gouvernement, ainsi que sur le président de la république et "sa légitimité populaire, électorale et constitutionnelle".

Quoi qu’il en soit, Youssef Chahed devra solliciter le parlement pour lui renouveler la confiance, celle-ci pourrait lui être votée grâce aux voix d’Ennahdha et ses alliés. La question est de savoir si ce gouvernement pourrait avancer en ayant Nidaa, ses alliés et l’influente organisation syndicale sur le dos, avec une espèce de cohabitation qui va forcément s’installer entre la Kasbah et Carthage.
Gnet

 

Commentaires 

 
-2 #3 RE: Tunisie : Le consensus se fissure, Ennahdha au gouvernement, Nidaa dans l’opposition ?
Ecrit par Agatacriztiz     29-05-2018 18:28
Je serai Chahed, je présenterai ma démission, comment peut-on gouverner encore sereinement, constamment entouré, épié, espionné par un ramassis de corbeaux, hyènes et autres charognards où chacun veut être "le chef à la place du chef" et où même le Président de la République ne sait plus sur quel pied danser...

Autre solution, dissoudre l'assemblée des représentants du peuple et organiser des élections legislatives anticipées car à ce stade de confusion, on ne sait plus à quelle tendance politique appartiennent la plupart des députés...
 
 
-2 #2 un jouet
Ecrit par hamada     29-05-2018 14:48
j'ai bien peur que notre Tunisie que nos pères et leur arrière pères se sont sacrifies pour sa dignité et sa gloire
cet Tunisie qui a marque l'histoire par des héros et des héroïnes talques Alice Hannibal khayreddine ettounsi voir Bourguiba est devenue un simple jouet pour un gamin gâte qui n'a même pas pris le soin de faire ses études tout simplement pour aller jouer
 
 
-1 #1 Tunisie cherche tjs sa maman
Ecrit par Tunisien     29-05-2018 14:06
Réalité:
Elections 2014 loin de la nécessité qui concerne le pays. Les peuples votaient pour écarter Ennahdha du pouvoir vu que cette parti a échoué.
Nida vient et ne reste pas consolidé il s'est cassé à plusieurs reprises vu que son armature est de base fragile.
UGTT comme L'UTICA ont joué toujours comme un régulateur pour le bien du pays.
Si Youssef Chahed, malheureusement aujourd’hui il se trouve entre l’enclume et le marteau, il peut rien faire tout seul!
Aujourdhui, la Tunisie cherche encore sa mère qui la soutien et la clôture dans tous les circonstances et les difficultés.
 
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