Tunisie : Le conflit entre l’Etat et "un parti" n’a pas lieu d’être !

Publié le Mercredi 30 Mai 2018 à 12:45
L’intérêt du pays est, sans conteste, dans la stabilité politique. L’instabilité sera fort préjudiciable, dans un contexte où les difficultés socioéconomiques s’accumulent, et où le pays est fortement engagé avec ses partenaires et bailleurs de fonds. A fortiori à une année des échéances électorales cruciales, où un éventuel nouveau gouvernement aura, à peine arrivé, à libérer la place pour ceux qui auront été choisis dans les urnes. 

En cette dernière année du quinquennat et face aux innombrables défis qui guettent le pays, l’actuelle étape aurait dû être celle de l’action, et du consensus politico-social autour des réformes à même d’amorcer la transition économique, auréolée dans les discours, mais qui reste un vœu pieux. 

Mais, voilà que le pays est en pleine crise politique, dont il se serait volontiers passé.

La crise n’est pas entre le pouvoir et l’opposition, mais entre un haut responsable de l’Etat, en l’occurrence le chef du gouvernement, et les dirigeants de son parti.

BCE, juge et partie
Cette crise est d’autant plus grave qu’elle ébranle les institutions de l’Etat, et aura à envenimer les relations entre les deux têtes de l’exécutif, face à un président de la république qui est juge et partie. BCE aura du mal à arbitrer une querelle entre le chef du gouvernement, bien qu’il ne cesse de lui témoigner déférence et allégeance, et son fils, le chef du parti qu’il a lui-même fondé.

Dans cette crise, on se précipite à voir qui est le gagnant, qui est le perdant parmi ses protagonistes. Peu importe. La Tunisie est néanmoins la grande perdante. Outre ses conséquences sur le climat général, sur le fonctionnement des institutions de l’Etat, de l’administration, et le ralentissement qui en découle sur l’activité en général, l’actuelle crise nous fait revenir à un temps que l’on croyait révolu, à cette imbrication entre l’Etat et le parti, la propension du parti au pouvoir à avoir la mainmise sur les rouages de l’Etat (à travers Hafedh Caïd Essebsi), et sa tentative de ressusciter le parti Etat, et ses pratiques despotiques d’antan.

Youssef Chahed a du mérite. Le fait qu’il soit le premier locataire de la Kasbah à lancer concrètement la guerre contre la corruption, recueillant une large adhésion populaire, est à inscrire à son actif, mais il n’a pas à utiliser sa fonction pour tresser les couronnes à son parti, et verser ouvertement dans un discours partisan, en lui conférant le rôle de rassembler la supposée famille nationale démocratique.

La réforme de Nidaa ? C’est un sujet à discuter au sein des structures internes du pari, cela n’intéresse guère les Tunisiens, qui réclament pouvoir d’achat, emploi, redressement économique, développement, dinar fort, etc.

Quoiqu’il en soit, cette crise politique n’est pas près du dénouement, et Youssef Chahed est loin d’être tiré d’affaires à l’issue de son intervention télévisée de la veille. L’influente organisation syndicale, pour ne citer qu'elle, ne change pas sa position d’un iota, et tient à l’éviction du gouvernement. "Le retour en arrière n’aura pas lieu, sauf dans l’imaginaire de ses auteurs", dit ce mercredi son Secrétaire Général, qui réitère son "désengagement de tout lien", et se dit "prêt à tous les scénarios". 

Gnet

 

Commentaires 

 
#1 La Tunisie est néanmoins la grande perdante
Ecrit par Tunisien     30-05-2018 17:39
La Tunisie est néanmoins la grande perdante.
Suite: Je suis Tunisien simple et j'ai des difficultés pour payer les nécessités envers ma famille, des mes impôts ...La situation de la Tunisie actuelle ne m'a pas laissé de réserves et c'est comme pour les autres tunisiens!
Devant cette perte qui continue à secouer mon pays, la question c'est quoi ma faute? et la faute des Tunisiens et pourquoi je continue à payer les fautes des autres?
Je sais que Mr Bourguiba a laissé de l'historique propre, on peut le suivre et le prendre comme réferance.
De toute manière il faut avoir la volonté de dire assez et non. Arrêter tous qui touchent en mal à LA TUNISIE.
Si on veut neutraliser, la formule est très simple.
1+1 ne marche pas
1+0 ne marche pas
0+1 ne marche pas
0+0 ça marche
 
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