Tunisie : Le chômage et la pauvreté alimentent l'économie informelle

Publié le Mercredi 26 Juin 2013 à 16:30
Naoufel Jammali, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi«Les chiffres en Tunisie concernant les activités économiques informelles sont effrayants. Elles représenteraient selon le rapport de la Banque Mondiale de 2010, 38% du Produit intérieur Brut du pays. Ce sont des activités anarchiques se trouvant en dehors de tout cadre légal, tout en sachant qu’il existe des entreprises et des usines qui exercent de manière anarchique…C’est pourquoi nous avons accueilli la proposition de TAMSS avec beaucoup d’enthousiasme…cela ne va pas résoudre le problème du secteur informel, mais ce partenariat mettra le doigt sur certaines solutions que nous pourrions appliquer dans l’avenir », a déclaré ce matin, Naoufel Jammali, ministre de la Formation Professionnelle et de l’Emploi, lors de la conférence de présentation de l’Initiative tunisienne pour l’emploi inclusif (Tili).

Le ministre expliquera que le projet de coopération entre son ministère et l’Association Tunisienne pour la gestion et la stabilité sociale (TAMSS), consiste, dans sa version pilote, à choisir 100 personnes exerçant dans le secteur informel et les inciter à adopter le secteur formel.

Elles auront droit à des aides, entre autres, de la part du ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi. «Ces personnes pourront accéder à des formations professionnelles et à des aides financières», dira le ministre, ajoutant que les statistiques effectuées au sujet du secteur informel sont erronées, dans la mesure où les personnes qui y travaillent ont tendance à dire qu’elles sont au chômage.
 
"Avoir des statistiques précises et réelles est très important,  ceci aide les hommes politiques à prendre  les décisions adéquates sur des bases scientifiques et empiriques correctes», a dit Jammali.

Par ailleurs, TAMSS en partenariat avec Partners for Democratic Change et Global Fairness initiative, a élaboré une enquête menée il y a quelques mois dans plusieurs régions de la Tunisie, dans le but d’avoir une idée claire du secteur de l’emploi informel.

L’enquête a ciblé un échantillon de 1203 personnes, vivant à Tunis, le Kef, Kasserine, Gafsa, Sfax et Medenine.

Les résultats de l’enquête, révélés ce matin, indiquent que 44.3% des travailleurs informels font partie des ménages à un seul revenu. Plus des deux tiers (72.42%) des ménages des travailleurs informels gagnent en moyenne 300 dinars par mois, tout en sachant que près de la moitié de ces ménages est composée de 4 à 5 membres.

Les salariés informels sont la population la plus vulnérable du secteur informel et gagnent moins que les indépendants et les employeurs. 77.8% des employés informels gagnent moins de 200 dinars par mois. 39.5%  de ces travailleurs sont des indépendants, dont 30 % sont des femmes. 51.5% ont un niveau scolaire qui ne dépasse pas le niveau primaire, 11.3% ont fait des études supérieures, 32% ont un diplôme (BTS, BTP…).

Près de la moitié des travailleurs informel avaient un emploi (51.3%), et 67.4% occupaient des postes à titre occasionnel. 70% des travailleurs informels actuels sont restés plus de deux ans à la recherche d’un emploi, avant de rejoindre le secteur informel.

Par ailleurs, 33.7%des travailleurs informels (soit la plus grande partie) ont entre 20 et 29 ans. Ils sont talonnés par ceux âgés entre 30 et 39 ans (31.4%). Viennent ensuite ceux qui ont entre  40 et 49 ans et qui représentent 20.8% de l’échantillon.

La moitié de ceux qui ont entre 20 et 29 ans, sont à la recherche d’un autre emploi, tandis que 76.5% parmi eux veulent un emploi avec une couverture sociale.

Le plus surprenant demeure le taux élevé des personnes qui ignorent complètement les régimes de couverture sociale. Seulement 12% connaissent les procédures et les étapes pour y accéder.

Plus de 90% n’ont aucune connaissance sur le SMIG et le SMAG, les contrats de travail, et le droit du travail.  Mais aussi, l’écrasante majorité des indépendants ( 90%) n’essayent pas d’enregistrer leur activité.  Selon l’enquête, les principaux facteurs qui encouragent à la formalisation sont : l’accès au financement, des impôts moins élevés, et l’assistance pour l’enregistrement. Tandis que la bureaucratie (36.2%) et le népotisme (33.4%) sont considérés comme les barrières majeures.

Enfin, 80% des personnes interrogées pensent que la situation actuelle en Tunisie est incompréhensible et douteuse, alors que seulement 12% ont confiance en l’avenir. Le souci de la majorité est la pauvreté, le chômage et la violence. 
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#2 Résistance contre le Nouvel ordre
Ecrit par Le Lyonnais     29-06-2013 19:04
Le travail au noir c'est la liberté de travailler quand on veut où l'on veut, depuis Bourguiba plusieurs générations de tunisiens travaillent au noir, ce n'est pas une pseudo révolution qui changera la donne, il n'est pas encore né celui qui mettra un code barre sur la nuque du tunisien.
 
 
+3 #1 RE: Tunisie : Le chômage et la pauvreté alimentent l'économie informelle
Ecrit par Montygolikely     27-06-2013 20:37
Et comme l'économie informelle arrange certains nouveaux "parrains" (qui ont pris la place des "fugitifs"),le maintien de la pauvreté et du chomage (et de l'ignorance qui contribue à l'alimenter)est leur seule garantie pour continuer à inonder le marché de leur pacotilles et contribuer à la destructions de pans d'activités économiques et de circuits de distribution légaux.
 
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