Tunisie : Le budget 2018 est un mal nécessaire, un aveu au sommet de l’Etat ! |
Publié le Vendredi 05 Janvier 2018 à 16:59 |
Le budget 2018 est un mal nécessaire. C’est là le principal message qui se dégage de la rhétorique officielle à ce sujet, notamment celle du tandem de l’exécutif. Après Youssef Chahed qui a reconnu que la loi de finances 2018 est difficile, mais nécessaire pour freiner la spirale de l’endettement et contenir le déficit dans des proportions raisonnables, c’est autour de Béji Caïd Essebsi d’admettre ce vendredi 05 janvier, lors d’une réunion avec les partis et organisations signataires de l’accord de Carthage, que le budget 2018 contient "des mesures douloureuses, mais il n’y a pas d’autre solution". C’est un aveu d’impuissance au sommet de l’Etat de ne pas pouvoir faire mieux, en l’état actuel des choses. Mais, c’est aussi, un signe d’empathie de BCE, en concédant aux Tunisiens, dans leurs différentes catégories, que les augmentations introduites par le budget fraichement adopté, et qui est à son cinquième jour d’application, sont "démesurées", "mais il n’y a pas d’alternative", lance-t-il résigné. Le pays a le dos au mur, et sa marge de manœuvre est réduite pour sortir de la crise, et rétablir ses équilibres macroéconomiques, qui ont subi une sérieuse érosion au fil des années post-révolution, du fait d’une dette publique frôlant des sommets jamais atteints, un déficit public qui se creuse sans cesse, des réserves en devises qui se réduisent telle une peau de chagrin, et un dinar qui se déprécie fortement face à l’euro et au dollar. Une situation économique dramatique, et c’est le pauvre contribuable qui paie les pots cassés. On a parlé en long et en large des facteurs ayant conduit à cet état difficile de la nation, en prime les spécificités de la période transitoire, où dans le cas d’espèce, le politique a primé sur l’économique, et est allé jusqu’à en constituer un frein et une entrave. Et là, la classe politique est à incriminer, en faisant transcender l’esprit de caste et les intérêts partisans étriqués, sur l’intérêt national suprême. C’est ainsi que le volet économique a été absent pendant de longues années du débat public, focalisé, qu’il était, sur les tiraillements, les querelles politiciennes, et la polarisation. L’instabilité politique dans laquelle le pays était plongé avec la succession de sept chefs du gouvernement en sept ans, pendant lesquels c’est la navigation a vue qui a prévalu, en est aussi pour beaucoup dans l’actuelle débandade économico-financière. Autre facteur est le recul de la valeur travail, la démotivation collective, et le pessimisme ambiant qui brident l’action. Les gens sont apathiques, et démissionnaires, développant, dans l’inconscience générale, égoïsme et individualisme, et tournant le dos à l’intérêt collectif et au bien commun sans lesquels aucun pays ne peut trouver le chemin du salut. On le dit avec amertume, mais pendant ces dernières années, les Tunisiens étaient les artisans de leurs propres malheurs. Et voilà que l’on se trouve à ce jour dans un pays en difficulté, dont le sauvetage requiert de lourds et inévitables sacrifices. Rechigner à les consentir, ne nous avancera à rien et ne fera qu’aggraver encore plus une situation inextricable. Aussi, à ce stade, l’on est en train de nous rendre compte que ce ne sont pas nos partenaires économiques, les pays frères et amis, et autres bailleurs de fonds qui nous sortiront de cette mauvaise passe, étant entendu que leur soutien financier et les fonds qu’ils daignent nous accorder, outre le fait qu’ils sont soumis à des taux d’intérêt élevés, sont assortis de conditions liées aux avancées politiques, socio-économiques et sécuritaire, ainsi qu’en termes de réformes structurelles. Plus on est en retard sur ces dossiers, plus leur aide devient coûteuse. Ressaisissons-nous. Gnet |
Commentaires
Ecrit par Agatacriztiz 07-01-2018 19:39