Tunisie : Le 10ème gouvernement entre en fonction, le débat s’annonce chaud

Publié le Mardi 12 Septembre 2017 à 16:51
Le dixième gouvernement d’après la révolution entre en fonction ce mardi 12 septembre, sous la conduite de Youssef Chahed, le septième à occuper le fauteuil de la Kasbah depuis le 14 janvier. Après avoir obtenu la confiance de l’Assemblée hier dans la soirée, prêté serment ce mardi devant le chef de l’Etat, place cet après-midi  à la passation de pouvoir, dans les départements touchés par le dernier remaniement ministériel.

Demain, mercredi 13 septembre, l’équipe de 43 membres (28 ministres et 15 secrétaires d’Etat) se réunira autour de son chef, Youssef Chahed, à Dar Edhiaffa à Carthage. Ce dernier fixera le cap de l’action gouvernementale, en montrant la voie à chacun, quant aux missions à accomplir et aux objectifs à atteindre, dans tel secteur, ou tel autre.

Le jeune Premier ministre sera à partir de demain à la tête d’un gouvernement de combat, celui qui est amené, comme il le dit lui-même,  à poursuivre la guerre contre le terrorisme, la corruption, le déséquilibre régional et de mener la bataille pour le développement.

Le gouvernement qui ambitionne de tenir les rênes du pays jusqu’aux prochaines élections, se fixe un certain nombre d’objectifs à l’horizon de 2020 dont la maîtrise du déficit public en envisageant de le baisser à 3 % du PIB, la maîtrise de l’inflation, la stabilisation du taux d’endettement à 70 % du PIB, la compression de la masse salariale à 12,5 % du PIB, et la relance de la croissance en misant sur un taux de croissance de 5 %, lequel permettra la création d’emplois et une baisse du chômage de trois points.

Ces objectifs ne peuvent être atteints que par la mise en route effective des grandes réformes, dont le suivi est confié à un ministre qui prend ses quartiers à la Kasbah.

Tout le débat public s’articulera lors de cette rentrée politique qui s’annonce chaude, autour des réformes structurelles devant toucher principalement la fonction publique, les caisses sociales, la gouvernance des entreprises, et le système de compensation. 

Il y aura tout d’abord, un dialogue entre le gouvernement d’un côté, et les partis et organisations, signataires de l’accord de Carthage de l’autre, devant déboucher sur un consensus sur le calendrier et la teneur de ces réformes, et les formules à adopter pour les traduire dans les faits. Et là, les choses ne sont pas acquises d’avance.

Autant la coalition au pouvoir composée majoritairement de partis de droite, aux orientations économiques libérales, pourrait facilement parvenir à des compromis et des convergences sur le processus réformateur à engager, autant l’affrontement risque d’être violent entre le gouvernement et l’UGTT sur les différentes réformes à mettre en  route, notamment celle des entreprises publiques.

L’influente organisation syndicale oppose une fin de non-recevoir à tout désengagement de l’Etat et à toute cession de ces entités plongées dans un déficit abyssal. Le gouvernement estime qu’il n’est plus en mesure d’injecter de l’argent, à fonds perdus, dans ces entreprises, et envisagerait, une ouverture progressive de leur capital.

Ce débat interne sera suivi avec vigilance de l’extérieur, notamment de la part des bailleurs de fonds, en prime le FMI, qui serait, selon certaines analyses, en train d’appliquer son fameux plan d’ajustement structurel, à travers ces réformes imposées à la Tunisie, et dont est tributaire la poursuite de son programme de soutien technique et financier.
 
L’issue de tout ce processus reste incertaine, entretemps, la crise économique et financière a de beaux jours devant elle, notamment dans la perspective de la  prochaine année 2018 que toutes les voix s’accordent à qualifier d’extrêmement difficile.

Gnet