Tunisie : L’arrivée d’un 8ème gouvernement n’est plus une hypothèse, mais une certitude

Publié le Mardi 13 Mars 2018 à 16:54
Réunion ce mardi 13 Mars à Carthage autour de Béji Caïd Essebsi. Les partis et organisations signataires du document de Carthage se sont mis d’accord ce mardi 13 Mars sur la mise en place d’une commission pour déterminer, dans un premier temps, les priorités et les réformes à mener pendant l’étape à venir, et puis choisir les personnalités qui auront à les conduire en vue de sortir le pays de la crise. Le remaniement ministériel n’est plus une hypothèse, mais une certitude.

A la sortie d’une réunion tenue au palais autour de Béji Caïd Essebsi, les signataires du fameux pacte, ont été unanimes d’attester de l’extrême gravité de la situation économique, n’excluant pas un remaniement ministériel, que d’aucuns à l’instar de l’organisation syndicale, veulent profond.

Dans une déclaration aux médias, Noureddine Taboubi a fait part de la position de l’UGTT en faveur d’un remaniement ministériel en vue de régler les problèmes socio-économiques en instance. L’organisation patronale a prôné, elle, par la voix de son président Samir Majoul, un gouvernement reposant sur des compétences notamment en matière économique, plutôt que sur des personnalités politiques partisanes.

"Le remaniement doit être lié à une feuille de route", a renchéri le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. "Il ne faut pas qu’il y ait un remaniement de forme, mais un remaniement en profondeur, reposant sur les priorités économiques et sociales", a-t-il dit.

Au sujet du choix ou non de Youssef Chahed de conduire le prochain gouvernement, Caïd Essebsi junior a appelé "à ne pas personnaliser" les choses, signalant que son parti appuiera les résultats des concertations.  

Un profond remue-ménage en perspective

La rencontre de ce mardi est décisive et augure d’une nouvelle donne politique qui verra, selon toute vraisemblance, un profond remue-ménage de l’équipe gouvernementale en place, qui pourrait même ne pas excepter Youssef Chahed. Une éventualité que les participants à la réunion n’ont pas exclue.

La réunion de ce 13 Mars est-elle aussi le point de départ d’un marathon de rencontres analogues appelées à ponctuer l’état d’avancement des travaux de la commission formée des représentants de toutes les parties-prenantes, pour plancher sur les priorités de l’étape et décider des réformes à engager. 

Un processus lancé, faut-il le souligner, en dehors de la sphère de la présidence du gouvernement, et de Youssef Chahed.

Cela nous replonge dans l’ambiance de juin 2016, lorsque Béji Caïd Essebsi avait lancé son initiative du gouvernement d’union nationale, ayant débouché sur la signature du document de Carthage et le remplacement d’Habib Essid par Youssef Chahed. BCE avait, à l’époque,  justifié l’opportunité de son initiative, par l’unanimité quant à la détérioration de la situation économique, sociale et politique dans le pays. Ce qui se prépare aujourd’hui part du même constat de l’extrême gravité de la situation et de l’échec du gouvernement à trouver les solutions pour sortir le pays de l’ornière.

Reste à savoir si ce nouveau chamboulement allait intervenir avant ou après les élections locales, que toutes les parties tiennent à ce qu’elles soient organisées dans les délais impartis, et dont les résultats auront forcément à redessiner le paysage politique, et les rapports de force.

Quoiqu’il en soit, l’on est aujourd’hui quasiment certain que le gouvernement Chahed, dans sa composition et son architecture actuelles, ne conduira pas le pays jusqu’en 2019, date de la présidentielle et des législatives. Sans avoir à lire entre les lignes, le discours de Béji Caïd Essebsi à l’ouverture de la réunion plaide ouvertement pour un changement imminent.

Le chef de l’Etat a affirmé que le document de Carthage (fondateur du gouvernement d’Union nationale) "n’est pas valable en tout temps et en tout lieu", et doit être réactualisé, comme il a pris fait et cause pour l’UGTT qui est en délicatesse avec Youssef Chahed et son gouvernement. Lors de son intervention télévisée du dimanche 25 février, ce dernier avait opposé une fin de non-recevoir à Noureddine Taboubi, affirmant que le remaniement relève de ses prérogatives et "qu’il n’y aura pas de remaniement". Une réponse que les caciques de la centrale syndicale, à commencer par leur chef, n’ont pas apprécié, allant jusqu’à dire que le gouvernement Chahed a pris son temps (Déclaration de Sami Tahri ces tous derniers jours), entendez par là qu’il est arrivé à sa date de péremption.   

Ceci étant dit, la position dominante penche vers un gouvernement de compétences apolitiques qui ne sera pas concerné par les prochaines échéances électorales. Déjà vu, déjà entendu. De là à dire que le changement en perspective vise la personne de Youssef Chahed, dont la popularité dans l’opinion ne laisse pas indifférent, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésitent pas à franchir. Le pays n’en n’a pas fini avec l’instabilité, et les Tunisiens restent incrédules quant à la capacité du 8ème gouvernement annoncé de sauver le pays, et d’empêcher qu’il ne s’enlise davantage.
Gnet

 

Commentaires 

 
-3 #2 RE: Tunisie : L’arrivée d’un 8ème gouvernement n’est plus une hypothèse, mais une certitude
Ecrit par Agatacriztiz     13-03-2018 18:36
A quand le prochain dictateur ? Au moins lui, s'il déconne, on peut le renverser mais pas cette bande d'indécrottables incompétents qui fait semblant de gouverner qui s'accroche au pouvoir comme on ne peut pas se permettre...
 
 
-1 #1 reunion
Ecrit par haykel     13-03-2018 17:22
auparavant une telle réunion rapporte bp de soutien aux Tunisiens c’était la belle époque des années 90
aujourd'hui de tel réunion pour détourner les regards des tunisiens de leur vraie problèmes
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.