Tunisie : Laâridh fait des propositions et pointe les anarchistes nihilistes

Publié le Lundi 29 Juillet 2013 à 19:11
Ali Laâridh lors d'une conférence de presse (Photo d'archives)Le chef du gouvernement, Ali Laâridh, a  déclaré ce lundi que "le gouvernement va poursuivre de remplir son devoir et redoubler d’efforts, non pas par son souci de se maintenir au pouvoir, mais dans le but d’assumer sa responsabilité totalement, jusqu’à la dernière minute". Il a dit sa détermination "de faire avancer la Tunisie vers l’achèvement de cette transition le plus tôt possible et au moindre coût". Il a opposé une fin de non-recevoir à tous les appels "nihilistes et anarchistes" qui prônent l’annulation du processus transitoire et le retour à la case départ.

"Notre souci est de faire réussir ce processus démocratique et d’assurer l’alternance pacifique au pouvoir à travers les urnes et non via la falsification et le putsch", a-t-il souligné. Le chef du gouvernement a présenté une initiative s’articulant autour d’un certain nombre de points. Il suggère que l’Assemblée nationale constituante parachève la constitution en août, et finisse les lois électorales avant le 23 octobre, comme date butoir. Il a proposé le 17 décembre, comme date de la tenue des prochaines élections.

"L’ANC doit de ce fait éviter de poser des projets de loi, qui suscitent des problèmes, prennent beaucoup de temps et où il est difficile d’arriver à un consensus", a-t-il souligné, en allusion, selon toute vraisemblance,  à la loi sur l’immunisation de la révolution.

"Le gouvernement va poursuivre ses efforts dans les domaines économique et social, et s’engagera à appliquer la loi à tous". Il a évoqué les ligues de protection de la révolution (LPR), signalant que "toutes les organisations contraires à la loi, qui ont des noms ou des activités équivoques, seront dissoutes par la loi, et à travers la justice, à moins qu’elles se conforment aux lois en vigueur".

Laâridh a dit que son gouvernement est ouvert au dialogue avec toutes les parties qui y sont prêtes. "Le gouvernement est ouvert à toutes les propositions pourvu qu’elles respectent deux critères : l’efficience et le souci d’écourter cette période transitoire". Il n’a pas exclu un remaniement ministériel ou un élargissement de la coalition au pouvoir, et "le fait de faire participer partis politiques et organisations nationales au gouvernement sous des formes qui restent à définir, à travers la table de dialogue, et non dans la rue et par la contrainte". Il a exprimé l’engagement du gouvernement à assurer un climat favorable à des élections libres, transparentes et crédibles.

Le chef du gouvernement a affirmé dans son préambule, en trois points,  la détermination de poursuivre la lutte contre le terrorisme. Il a considéré l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi, le 25 juillet à Tunis, comme étant "une agression contre le pays et son peuple, a fortiori qu’il était lié à la fête de la République et au mois de Ramadan". Cet assassinat n’est pas le premier en Tunisie qui soit lié au terrorisme, a-t-il dit, évoquant les événements de Jerba en 2002, ceux de Rouhia en 2011, de Bir Ali Ben khelifa en 2012, de Chaâmbi qui ont fait des martyrs et blessés parmi les forces de la garde et de l’armée nationale, en arrivant jusqu’à l’assassinat de chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. "Tous ces martyrs sont victimes du terrorisme et du crime politique", a-t-il déploré.

"La lutte contre le terrorisme est tout un processus qui requiert persévérance. Nous avons affirmé le choix depuis 2012, de poursuivre le terrorisme et d’en démanteler la structure, les moyens financiers et les individus", a-t-il dit, affirmant que "dans certains pays à l’instar de la France, de l’Espagne et de l’Italie, le démantèlement des organisations terroristes a pris de dizaines d’années". La lutte contre le terrorisme ne doit pas être un sujet de surenchères, a-t-il souligné, s’arrêtant aux efforts des appareils sécuritaires qui travaillent jour et nuit en matière de lutte contre le terrorisme, et dont la prestation s’est beaucoup améliorée après la révolution. Le chef du gouvernement a rappelé que "la région a connu un séisme, du fait des révolutions, avec la circulation des armes à bas prix, et le climat de liberté ayant favorisé l’éclosion du crime organisé et de la contrebande d’armes".

Le chef du gouvernement a évoqué "la tentative de putsch contre le processus transitoire qui a failli précéder l’assassinat du martyr". Il a pointé "une tentative de s’emparer des institutions de l’Etat". "Le défunt Mohamed Brahmi n’était pas encore arrivé à l’hôpital, que des voix appelaient  à la désobéissance, au chaos, au néant, et à l’inconnu". Il a dénoncé l’exploitation de cet assassinat pour des considérations partisanes, et le fait que des individus cinq à six personnes s’autoproclament tenants de l’autorité. Il a qualifié cet agissement de despotique, qui, plus est, "loin du vent de la démocratie et de la souveraineté du peuple".

Ali Laâridh a qualifié les auteurs de cet agissement "d’aventuriers, égocentriques, qui exploitent toutes les occasions pour assouvir des convoitises partisanes et personnelles, se félicitant que le peuple ait pu avorter leur tentative, et n’ait pas suivi ces aventuriers anarchistes". Il a également salué les unités de la sécurité et de l’armée qui "ont veillé à préserver la sécurité, les biens et les institutions, et ont fait avorter ce plan qui a voulu exploiter une conjoncture requérant l’unité nationale". "Ceux qui ont tenté ou tentent de s’emparer des institutions n’ont tenu compte d’aucun intérêt sécuritaire, économique ou autres. Ils ont tenté de pervertir les intérêts des gens pour des aspirations étriquées", a-t-il martelé.

Selon ses dires, la situation générale ne s’est pas beaucoup ressentie de ces troubles. "Les indicateurs économiques et financiers ne se sont pas beaucoup affectés. La situation est normale", a-t-il relevé, se félicitant de la capacité de notre peuple à amortir les chocs.

Le chef du gouvernement s’est montré menaçant, promettant que le gouvernement est capable de faire descendre les gens dans la rue pour voir qui est pour le choix de l’annulation du processus transitoire, et qui est pour le fait que cette période transitoire soit écourtée. Il a déploré qu’un nombre de députés annoncent leur retrait de l’ANC, appelant le peuple à être vigilant pour déjouer toute tentative de récupération du processus. Selon son analyse, "des parties intérieures et des forces internationales cherchent à mettre en échec le printemps arabe, par tous les moyens dont l’ingérence, l’argent, etc".
Gnet