Tunisie, la transition démocratique à l’épreuve des clivages désuets

Publié le Dimanche 05 Juin 2011 à 15:40
Dernière mise à jour, le Dimanche 05 Juin 2011 20:06
La Tunisie a réalisé en six mois, sur les plans des libertés, de la pluralité et de la démocratie, ce qu’elle n’a pas réussi à faire en plus de cinquante  ans d’indépendance. La transition démocratique a pris son envol, malgré les difficultés tout à fait naturelles pour un pays qui a vécu pendant de longues décennies sous la chape de plomb du despotisme et du règne de la terreur.

La Tunisie est, à l’heure qu’il est, en pleine effervescence, elle est en train de se découvrir, et de prouver ses capacités réelles longtemps bridées. La scène politique sort de sa sclérose, et se transforme en une arène où les idées et les opinions se confrontent. Chacun selon ses convictions, son appartenance idéologique et son référentiel de pensée, essaie de donner, même si c’est encore dans des termes très vagues, sa perception de la Tunisie nouvelle. A écouter les uns et les autres, qu’ils soient de gauche, de droite ou du centre, ils semblent d’accord sur l’essentiel, soit l’instauration d’une République solide et démocratique, basée sur une réelle séparation des pouvoirs, avec des institutions pérennes, des médias libres, une justice indépendante, une société civile qui joue son rôle de contrôle et de rectification du tir, à chaque fois que c’est nécessaire.

L’ensemble des acteurs politiques, nouveaux et anciens, jurent haut et fort que la Tunisie qui a souffert pendant de longues années de la dictature, doit bien s’en immuniser, pour ne plus jamais retourner aux années de plomb ; Finies  la répression, l’exclusion, l’intolérance, et la diabolisation de l’autre.

 Le culte de la personnalité que la Tunisie a vécu tant avec Bourguiba qu’avec Ben Ali, abstraction faite de la différence fondamentale des genres, a abouti à la négation de l’autre, voire des autres, pour donner lieu à un monolithisme étouffant. C’est là, le propre de toute dictature. Aujourd’hui, il est question de bâtir une démocratie. Qui dit démocratie dit pouvoir et contre-pouvoir ; projet et contre-projet ; un gouvernement fort dont les décisions et actions sont pesées et sous-pesées par une opposition forte, constamment aux aguets pour le rappeler à l’ordre, à chaque fois qu’il fait un faux pas. Dans cette configuration, un régime politique n’a aucune crainte à renouer avec les pratiques totalitaires, a fortiori que le peuple qui est parvenu à destituer un despote que l’on croyait indéboulonnable, ne se laissera plus confisquer sa volonté et sa destinée.

A l’heure où le pays a besoin de réponses socio-économiques urgentes, et où nos  concitoyens des régions intérieures continuent à souffrir des affres de l’indigence et de la marginalisation, la scène publique semble être, néanmoins, préoccupée par un débat idéologique byzantin, et stérile. Une partie de l’élite politique qui se dit démocrate et attachée à la défense des libertés publiques et individuelles, persiste à agiter le spectre de l’islamisme, ce méchant loup qui menacerait nos acquis séculiers et modernistes. Ces craintes qui ont servi de subterfuge à Bourguiba de réprimer les islamistes, et à Ben Ali d’appliquer sa politique d’assèchement de sources, sont inopportunes dans ce contexte postrévolutionnaire, après que les Tunisiens aient mis à bas la dictature,  et ont ouvert la voie à la construction d’une vraie démocratie, où toutes les sensibilités et familles politiques seront en concurrence sur des idées, des visions, et des projets d’avenir, que seul le peuple souverain et libre aura la latitude d’arbitrer et de trancher. Que l’élite politique descende de son piédestal et se rapproche des préoccupations du peuple, en ayant présent à l’esprit, que tout danger, quelque redoutable soit-il ne peut être jugulé que par des institutions républicaines fortes.  

A ce stade de ce processus transitoire, les Tunisiens semblent déboussolés, en perte de repères, et ce qui se passe à Metlaoui est fort inquiétant. Nos concitoyens du Sud-ouest sont habités, de nouveau et en l’espace de quelques semaines, par les démons de la division et de la haine, et la Tunisie a rarement connu par le passé une résurgence aussi grave des clanismes et des tribalismes. Pendant trois jours, 11 morts et 100 blessés sont tombés dans des luttes fratricides. Un bilan lourd, un précédent grave : le tout se passe dans un silence strident de notre scène politique retranchée dans ses clivages désuets.

La Tunisie ne saura  franchir le cap de la transition démocratique, si son unité est menacée. Les politiques sont acculés à mettre en sourdine leurs désaccords idéologiques et à privilégier le consensus. Entretemps, des forces politiques solides et organisées de diverses obédiences doivent se mettre en place pour que cette démocratie naissante puisse fonctionner d’une manière saine et équilibrée, arriver à maturité, et se consolider…A ce moment-là, on peut dire que la démocratie tunisienne est née...Le chemin qui y mène parait néanmoins être semé d’embûches.
H.J.


 

Commentaires 

 
#14 @Royaliste
Ecrit par MD     07-06-2011 14:25
Le monde ne marche pas comme tu vient d'enoncer. Alors retour sur terre.

La demorcratie va reussir en Tunisie. Je suis convaincu. Mais, il faut qu'on reforme l'ecole primaire.

Merci.
 
 
#13 @MD
Ecrit par Royaliste     07-06-2011 00:42
on ne peut pas comparer les Beys et la Tunisie de l'an 1800 avec BenAli et la Tunisie de l'an 2000. c'est 2 univers, 2 périodes, 2 contextes différents.

Moncef Bey par exemple est plus honnête et plus nationaliste que le Zaba de l'an 2000.

C'est pas les Beys que je cherche mais un système politique plus stable avec des dirigeants formés depuis leur jeune age a diriger, ils vont dans les meilleurs écoles apprennent les lois des hommes et la loi de D.ieu et ils ont les outils pour gouverner. leur priorité c'est de former les générations pas seulement gagner la prochaine élection.

je ne veux pas des anciens acteurs de Tv recyclés en politique et qui sont manipulés par leur entourage, je parle des Ronald Reagan, arnold schwarzenegger.....
ou des milliardaires qui revent de pouvoir : Berlusconi, donald trump

demain grâce ou a cause de ce système dit démocratique Mme Bousé7a peut devenir présidente !!! et pourquoi pas Leyla Trabelsi par la même occasion !!!

Comme un médecin doit être préparé et formé, un chef d'État doit être formé.
 
 
#12 @Royaliste
Ecrit par MD     06-06-2011 22:58
Qu'a rapporte les husseinites a la Tunisie? La dicature, l'analphabetisme, le colonialisme, les impots, ... Allah yarhmik ya Ben Ayyed et ta fameuse piece "Mourad Bou Bala".

SVP, respectez notre intelligence. Itha Ashaabu yawman arada al hayat, fa la budda an yastajiba al qadar.
 
 
#11 @MD
Ecrit par Royaliste     06-06-2011 21:31
qu'a rapporté la République a la Tunsie pendant ces 50 ans?

Regarde la Norvége, la Suéde, le Danemark Vs les Républiques Portugal, Gréce, Island.

Regarde les fruits de cette République en Italie, un chef de gouvernement poursuivi par tous les tribunaux d'Italie, un leader populiste, dangereux (tu ne peux meme pas laisser ta petite soeur 5 minutes a cote de lui et les italiens lui confient leur destin)......
 
 
#10 Démocratie
Ecrit par Deux vitesses     06-06-2011 16:19
La Tunisie est pays à deux vitesses, ceci a débuté depuis longtemps, même IBNOU Khaldoun l’a mentionné dans EL Mokaddema, la démocratie suppose une population homogène, le principe est une voix pour chaque citoyen, la question est la suivante :
Ce système peut-il être transposé à notre réalité culturelle et ethnique ?
Peut-on laisser des ignorants vendre leurs voix pour de l’argent ?
Franchement la monarchie est une piste à explorer.
Je suis peut-être un peu trop pessimiste.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.