Tunisie : La stratégie gagnante pour investir dans le Nobel de la paix

Publié le Lundi 12 Octobre 2015 à 18:00
Vivement la concorde nationalePassés l’effet d’annonce et l’euphorie collective, on attend de voir la stratégie qui sera adoptée pour mettre à profit le Nobel de la paix, prestigieuse récompense attribuée vendredi 09 octobre à la Tunisie, plus précisément au quartette parrain du dialogue national.

Cette distinction met du baume au cœur des Tunisiens, c’est une lueur d’espoir dans la grisaille ambiante, et un motif de reprendre espoir en des lendemains meilleurs, et de sortir de la sinistrose collective, générée par l'enchainement de déboires et l’accumulation des défis.

L’octroi de ce titre a suscité de larges échos médiatiques, et une campagne publicitaire planétaire en faveur de la Tunisie, mais on aura tous remarqué que les grands médias, notamment occidentaux, n’ont pas manqué de mettre un bémol à cet enthousiasme : la situation en Tunisie demeure fragile du fait des défis qui la guettent, particulièrement sécuritaires, ont-ils souligné. 

La balle est dans le camp des Tunisiens, de prouver qu’ils ont bien mérité ce prix, et que, malgré les difficultés, les appartenances politiques et idéologiques diverses, ils sont bien capables de travailler ensemble, de laisser de côté leurs divergences, et de faire transcender l’intérêt national suprême sur les calculs partisans et sectaires étriqués.

Le premier investissement de cette récompense est de raffermir le tissu social et de favoriser la concorde nationale. Le Nobel de la paix est une mise à l’épreuve de la classe politique, des organisations nationales, de la société civile, mais aussi du peuple tunisien. Chacun est amené à apporter sa pierre à l’édifice, pour parachever la construction de ce modèle pacifique de transition démocratique et de faire en sorte, qu’il soit un cas d’école, particulièrement pour les pays de la région où le bruit des canons a, hélas, supplanté le dialogue et les négociations entre les différents protagonistes.

La classe politique : Halte aux querelles
Sa principale responsabilité est de cesser ses querelles politiciennes, dont le dessein serait de garantir le plan de carrière de tel ou tel, plutôt que de se soucier des problèmes de fond et de contribuer à trouver des solutions à même de sortir le pays de l’ornière. La guerre des clans qui secoue Nidaa Tounes, n’est pas digne d’un parti de la majorité, dépositaire du pouvoir et redevable de résultats. Tout ce débat sur l’identité du parti, ses risques de scission, les positions contradictoires exprimées en son sein au sujet de la coalition gouvernementale, ne font qu’accentuer le manque de visibilité quant aux évolutions politiques dans le pays.

L’aboutissement de l’expérience tunisienne a besoin de partis solides qui savent qui ils sont, et où est-ce qu’ils vont, à défaut comment parviendraient-ils à gouverner ? Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui, puisque le sort du pays reste suspendu aux congrès de Nidaa Tounes et d’Ennahdha. On ne sait pas si les deux mouvements sortiront affaiblis ou renforcés de ces rendez-vous décisifs où les structures dirigeantes seront soumises au verdict de la base.

Les organisations nationales : Forcément des icônes
Les quatre lauréats du Nobel de la paix, UGTT, UTICA, LTDH et conseil de l’ordre des avocats sont forcément devenus des icônes nationales. Ils ont désormais une lourde responsabilité et n’ont plus droit à l’erreur, particulièrement les deux premières qui doivent substituer une approche consensuelle de dialogue autour de la production, la productivité et les salaires, aux sempiternelles disputes où les uns sont accusés d’exploitation, et les autres de fainéantise. C’est la seule manière de garantir la paix civile, d’amorcer la reprise économique et de parfaire la lutte contre le terrorisme.

Société civile : Promouvoir le vivre-ensemble
Sa mission est d’œuvrer plus que jamais à diffuser la culture de la coexistence pacifique, de la tolérance, et de l’acceptation et de l’ouverture sur l’autre, et de lutter contre la polarisation idéologique qui a fait perdre au pays beaucoup de temps et d’énergie les années passées. Il s’agit de contribuer à la promotion des valeurs républicaines, du civisme et de la citoyenneté, de manière à consacrer la vie démocratique à toutes les sphères de la société.  

Le peuple : Assez de farniente

Son rôle tient à quelques mots : retrousser les manches et se remettre au travail.
H.J.