Tunisie : La société civile, acteur clé pour la réussite de la révolution

Publié le Mardi 18 Mars 2014 à 17:18
Colloque "Défis de l'Etat civil après le printemps arabe"Les défis d’un Etat civil après le printemps arabe, est le sujet d’un colloque arabe, qui s’étalera  du 17 au 20 mars 2014, à Tunis, et organisé par le Réseau Ibn Rochd pour un Etat civil, en présence de plusieurs intellectuels et politiques tunisiens et du monde arabe.
 
«La constitution de 1959 précisait bien que l’Etat devait être civil et démocratique, respectant les droits de l’Homme et ses libertés. Par exemple l’article 3 stipulait, que le peuple tunisien est souverain, et l’article 5, que l’Etat Tunisien était un Etat de droit qui respectait le principe du pluralisme…mais vous savez ce qu’il en est de la réalité… Après la révolution, il y a eu deux périodes, une avant la constitution et une après. Durant la première période il y a eu la naissance d’éléments d’Etat civil, même en l’absence d’une constitution. D’ailleurs, les élections de 2011, ont prouvé que le peuple était souverain. Ensuite il y a eu alternance pacifique au pouvoir, après la parution des résultats des élections. La même alternance qui a eu lieu au début de 2014, même en l’absence d’élections, mais qui émanait d’un consensus », a déclaré ce matin, Amel Azzouz, députée d’Ennahdha.

Selon elle, après le 14 janvier 2011, le citoyen n’était plus obligé de perdre de sa dignité pour gagner en citoyenneté, puisque la révolution a donné le droit à tous de profiter de la nation.  « Et Il n’était plus permis de diaboliser une partie au profit d’une autre, car la nation appartient à tout le monde, sans que personne n’en soit exclue», a-t-elle dit.

La question de la citoyenneté est une question primordiale, selon Amel Azzouz, à laquelle les Tunisiens ne sont pas habitués, puisqu’ils ne connaissaient qu’une seule couleur politique, un seul parti et une pensée unique. Elle a par ailleurs rappelé que le caractère civil de l’Etat était maintenu dès le début, de l’élaboration de la constitution.

«Les articles 1 et 2 de la constitution ont sorti la Tunisie du triangle des relations dangereuses, sur lesquelles ont été bâtis les pays arabes, qui ont instrumentalisé les principes de foi, de tribalité et de butin. Le rapport avec la foi, c'est-à-dire comment était instrumentalisée la religion par les gouvernants pour gouverner les peuples. Concernant la tribalité, cela signifie les relations entre les familles et la redistribution de la richesse, rappelez vous de la famille du président déchu. Et enfin, le principe de butin qui favorise la spoliation et la malversation », a expliqué la députée, ajoutant que les articles 1 et 2 de la constitution ont rompu avec les mentalités du butin en instaurant l’Etat de droit et des institutions, où personne n’est au dessus du questionnement.

Pour que les dispositions de la nouvelle constitution ne demeurent pas sans suite, comme cela a été le cas pour la constitution de 1959, toutes les composantes de la société civile doivent se mobiliser, d’après Amel Azzouz.

« Il faut des institutions fortes, éducation, justice, administration…sans quoi les textes de loi rédigés ne seront que creux, et le principe de civilité de l’Etat ne sera que théorique », a-t-elle prôné, ce matin.

Noomane Fehri, député Du parti Al Massar est revenu quant à lui sur l’importance du rôle de la société civile dans le contrôle du travail du parlement. «Il n’existe pas d’Etat de droit sans société civile active et efficace.  La société civile représente un des principaux garants du bon exercice du parlement, en l’empêchant de dérailler…nos bonnes relations avec la société civile sont la preuve qu’elle a joué un rôle positif pour nous protéger de l’échec et de la déviation… Meme si l’on ne s’accorde pas tous sur l’évaluation, nous nous accordons sur le résultat », a-t-il dit.

Il a appelé à ce que ce rôle soit encore joué dans le futur, notamment pour faire face « au tourisme partisan », et s’opposer au commerce des voix. « Combien de groupes parlementaires, se prenaient pour larges, et qui sont devenus minces au fil du temps », a-t-il dit, en faisant allusion au groupe Al Aridha, délaissé par plusieurs de ses membres tout au long de l’exercice de l’Assemblée Nationale Constituante. D’autres groupes parlementaires ont connu de pareils changements, à des degrés différents.

Noomane Fehri a mis en garde contre la mauvaise gestion et de gouvernance du parlement, s’il n’est pas contrôlé par la société civile. « Comme elle a été là lors de l’opération électorale, elle doit être présente pour tout ce qui pourrait menacer l’Etat de droit, comme la malversation, l’abus de pouvoir, ou la transgression de la constitution…rappelons nous le débat au sujet des prérogatives du chef de l’Etat et du chef du gouvernement, dans l’affaire de Baghdadi Mahmoudi, où la société civile a joué un grand rôle dans l’affaire », a-t-il dit.

Il rappelle par ailleurs, que l’article 13 de la constitution, stipule que les contrats portant sur l’exploitation des richesses naturelles et minières doivent être soumis au parlement et votés.
« Une disposition qui pourrait exposer les députés, n’ayant pas l’expertise requise dans de pareils dossiers, à la pression de la rue, qui leur ferait prendre des décisions populistes, au nom de la sauvegarde des richesses du pays…ce qui devrait se faire, c’est que des associations spécialisées dans le domaines viennent éclairer les députés et les informer des dessous de ces dossiers…ceci existe dans la justice et devrait exister dans d’autres secteurs encore», a proposé le député.

Chiraz Kefi
 

Commentaires 

 
-1 #1 @Gnet
Ecrit par Léon     19-03-2014 13:33
Il n'y a plus que vous qui parlez d'une hypothétique réussite d'une non moins hypothétique révolution.
L'Histoire vous le retiendra comme elle retiendra les médias qui y ont contribué. L'Histoire ne retient que la Vérité, n'en déplaise à ceux qui veulent duper les gens et l'écrire autrement. C'est la vague de la vérité contre laquelle les pets foireux des porteurs de contre-vérités ne peuvent rien.
Léon.
 
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