Tunisie, la République en devenir, et le legs de Bourguiba |
Publié le Dimanche 24 Juillet 2011 à 18:43 |
Le 54ème anniversaire de la fête de la République est célébré cette année, dans un contexte inédit, caractérisé par la gestation d’un nouveau projet de société dont les contours ne se sont pas encore précisés. La proclamation de la République le 25 juillet 1957 a marqué la fin d’une époque, avec la chute du beylicat et l’investiture d’Habib Bourguiba par l’assemblée constituante en tant que Premier Président de la Jeune Tunisie indépendante. C’était alors l’enclenchement d’une œuvre de reconstruction et de modernisation d’un pays souffrant alors des affres de l’analphabétisme, de la pauvreté et des retards socio-économiques divers. La politique bourguibiste s’appuyait sur deux principaux leviers : l’émancipation de la femme, avec un code du statut personnel proclamé dès 1956, et l’éducation de masse, via l’institution de l’enseignement gratuit et obligatoire. La République de 1957 restait toutefois bancale, car, elle était dépourvue des attributs lui permettant d’être considérée comme telle. Pour être digne de ce nom, une République doit s’appuyer sur des institutions indépendantes et démocratiques, une séparation des pouvoirs, des médias libres, mais rien de cela n’était vrai à l’époque. Le défunt leader a instauré un régime monolithique et autocratique, concentrant tous les pouvoirs et récusant toute voix discordante, c’est qu’il affichait une aversion quasi viscérale envers ses opposants. Déclaré président à vie en 1975 lors du congrès du PSD à Monastir, le combattant suprême a régné sans partage pendant 30 ans, son règne était marqué par des grandeurs et des déclins. Charismatique, bon tribun et fin politique, Bourguiba était le Président proche du peuple, et celui-ci lui éprouvait fascination et affection. Son aura dépassait les frontières, et sa voix était entendue sur la scène internationale. Un personnage complexe et riche en somme, capable du meilleur comme du pire, et dont les empreintes sont indélébiles dans l’histoire de la Tunisie moderne. Après la révolution du 14 janvier, Bourguiba dont le régime déchu s’est évertué à gommer le souvenir, revient au devant de la scène. Pour peu que l’on parle de cette Tunisie moderne et ouverte, le legs de Bourguiba réapparait comme l’un des piliers de la nouvelle république que l’on veut construire. D’aucuns vont encore plus loin. Dans ce foisonnement de partis politiques sans précédent, certaines formations naissantes se réclament clairement du bourguisme et cherchent à en ressusciter l’héritage. Serait-ce par nostalgie ou par opportunisme ? Cette récupération posthume d’un grand leader, n’est pas propre à la Tunisie. Elle s’apparente à l’attachement affiché au gaullisme en France, où des leaders de gauche comme de droite se réapproprient les valeurs et les principes du Général de Gaulle, une tendance qui devient dominante à l’approche des élections. C’est du déjà vu pour ainsi dire, et les calculs électoralistes obéissent partout aux mêmes procédés. La résurgence du bourguibisme en Tunisie doit, néanmoins, transcender les partis et les courants. En faire un fonds de commerce, serait inopportun et ne conduira pas forcément à mobiliser les foules. La Tunisie se doit de faire le bilan de son passé, ouvrir et bien étudier l’épisode de Bourguiba, tout autant que celui du régime mafieux qui lui a succédé, car, c’est en tirant les enseignements du passé que l’on peut rectifier le processus du présent et construire l’avenir. La Tunisie est appelée aujourd’hui a évoluer vers un nouveau modèle, une deuxième République qui rompt profondément avec la dictature, le culte de la personnalité et la subordination à quelques forces intérieures ou extérieures que ce soit. Si la première assemblée constituante a sonné le glas de la monarchie, en investissant un Président de la Tunisie à la place du Bey, la deuxième assemblée constituante que l’on élira le 23 octobre prochain, est appelée à jeter les bases de la République tunisienne libre et démocratique, où le peuple est souverain et où ses dirigeants sont élus pour le servir et non pour se servir. Tout cela doit figurer dans la nouvelle constitution, celle qui doit prévoir des mécanismes fiables et viables permettant son application effective, pour que le texte ne soit pas encore une fois en décalage avec le contexte, comme cela a été le cas pendant plus de cinquante ans. H.J. |
Commentaires
Ecrit par ANDALOUS 28-07-2011 04:24
Ecrit par ANDALOUS 28-07-2011 04:15
Ecrit par SDF 28-07-2011 00:01
Chapeau bas, l'artiste!
Ecrit par AHMADOU 27-07-2011 13:43
de quel prestige parlez vous ????> Avez-vous su comment lamine bey accdedait sur le trone ????? je vous conseille de lire le livre de Said Mestiri en Francais et si vous comprenez pas le francais et je doute fort vous avez lea traduction en arabe . je serai certain que changerai d` avis . je conseille les jeunes de bien lire l `histoire avant de juger un grand LEADER comme Bourguiba
Ecrit par Freeeeee 27-07-2011 11:24
Discutez avenir, liberté, dignité, indulgence, meilleure qualité de vie (soins, études, culture, art .....)