Tunisie/Réforme fiscale : Comment réconcilier le Tunisien avec les impôts?

Publié le Mercredi 12 Juin 2013 à 17:40
«Le plus gros problème réside en l’administration régionale et au manque de confiance entre elle et le citoyen. Ce problème est relié aussi à la nature du régime politique. Quand le régime politique est autoritaire, le citoyen refuse le régime fiscal en vigueur.  Si le citoyen n’est pas impliqué dans la vie politique il devient détaché de la chose publique. Le souci est comment restaurer la confiance au citoyen et lui faire prendre conscience de son devoir fiscal », a déclaré ce matin, Asma Khouja, professeur à l’Ecole supérieur de Commerce, lors de la journée de dialogue autour de la justice sociale, organisée par le Centre des Etudes méditerranéennes et internationales.

Asma Khouja a exposé les différentes manières possibles pour faire accepter le système fiscal et sociétal, du contribuable, et faire à ce qu’un régime fiscal approprié puisse contribuer à l’instauration d’une justice sociale.

Elle a ajouté que le citoyen devrait prendre conscience de l’importance de la contribution fiscale dans le développement, et la dynamisation du secteur privé, qui est le principal créateur de richesses d’un pays. Un deuxième point important selon elle, l’instauration d’une fiscalité adaptée aussi bien aux grandes entreprises qu’aux petites et moyennes entreprises.  « Le système fiscal tunisien, doit aussi contribuer au développement régional, réduire les inégalités dans les régions et donner la possibilité aux régions de se développer par elles-mêmes. C’est là que se pose la question de la fiscalité régionale », a-t-elle ajouté. Selon elle, l’Etat doit avoir une plus grande marge de manœuvre dans le système fiscal, et plus de ressources fiscales, pour qu’il puisse réaliser une certaine politique sociale.

Moez Ben Dhia, chargé d’affaires auprès du ministre des Affaires sociale, a critiqué l’approche du sujet qui selon lui « demeure très superficielle et nécessiterait plus d’approfondissement ». Il a ajouté que le régime forfaitaire qui selon certains ne devrait pas faire bénéficier les PME, reste un régime indispensable pour certains métiers : « On ne peut pas imposer un petit coiffeur dans un village éloigné de la même manière qu’on impose un coiffeur sur l’Avenue Habib Bourguiba de Tunis. On ne peut pas l’obliger à tenir une comptabilité, sinon il serait contraint à mettre la clé sous la porte », a-t-il dit. D’après lui, le régime forfaitaire devrait être revu en fonction de chaque catégorie professionnelle : «  ce que je trouve illogique, c’est que des médecins profitent de ce régime forfaitaire…Personne ne doute que les médecins gagnent de l’argent dans le privé… », a-t-il ajouté. Par ailleurs, concernant le secret bancaire, et le fait d’appeler à donner le droit au fisc d’avoir recours aux relevés bancaires comme y appellent certains, « encouragerait les personnes à garder leur argent sous leur matelas », selon lui. Moez Ben Dhia a également appelé à équilibrer la taxe « pour pas qu’un excès de taxe fasse l’effet contraire, et encourage à la contrebande, comme c’est le cas pour le tabac en provenance d’Algérie, à cause d’une forte imposition pour le produit tunisien  », a-t-il dit. Pour lui les mauvais rapports qui existent entre le citoyen et l’administration fiscale remonte à plus longtemps que le régime déchu, «  tant que l’impôt est considéré comme injuste, les gens ne s’y plieront pas », a ajouté l’expert.


Cette rencontre a  réunit plusieurs experts et représentants de la société civile et de partis politiques, dont un représentant du mouvement  Ennahdha  qui a déclaré que la société tunisienne était en manque de culture fiscale « le peuple tunisien est loin de la question fiscale et serait même averse à l’imposition fiscale…la corruption et le régime qui était en place sont à l’origine de cette prise de position par rapport aux impôts…quand les politiciens donnent le mauvais exemple,  les citoyens se disent qu’ils peuvent faire de même» , a-t-il dit. Il a appelé à ce que les mécanismes de suivi et de contrôle soient développés, comme par exemple autoriser l’accès aux comptes bancaires par l’administration fiscale, mais aussi à l’amélioration des conditions de travail pour les agents fiscaux, pour qu’ils puissent remplir leur fonction de manière convenable.

« Il faut également que les médias attirent l’attention sur la question des impôts et y donnent de l’importance. Les experts comptables, les receveurs des  recettes des finances, les avocats et mêmes les agents des municipalités doivent être bien formés et au courant des détails des impositions en vigueur...  Dans l’état actuel des choses, un agent municipal ne sait pas faire la différence entre un impôt et un autre, alors que certaines taxes sont payées à la municipalité», a-t-il dit.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+3 #1 RE: Tunisie/Réforme fiscale : Comment réconcilier le Tunisien avec les impôts?
Ecrit par Royaliste     13-06-2013 16:32
le tunisien adore le ballouchi,il veut l'education gratuite, la nourriture subventionnée, les soins gratuits, le transport gratuit, des rues propres, un travail dans l'administration et il refuse de payer les impots LOL

dans certains pays les budgets sont présentés d'une facon trés concréte et facile, en Tunisie on tient a tenir le citoyen a l'écart pour mieux détourner les fonds

le probléme ni l'ancien ni le présent régime, le probléme est le citoyen qui revendique ses droits et refuse ses obligations
 
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