Tunisie : La réforme de l’école en marche, un débat sociétal en vue

Publié le Jeudi 28 Août 2014 à 11:33
La sixième fera sa réapparition en tant qu'examen obligatoire. La réforme de l’école est en marche. Des mesures sont annoncées à un peu plus de deux semaines de la rentrée scolaire, pour améliorer le niveau et les performances des élèves tunisiens, aux différents cycles d’enseignement.

L’école n’en est pas a sa première réforme, elle en a connu plusieurs ces dernières décennies. Mais, au fil des générations, la politique d’éducation de masse lancée au lendemain de l’indépendance par Habib Bourguiba, ayant produit de brillantes et talentueuses compétences dans toutes les disciplines académiques, montre ses limites. L’école qui est censée préparer les générations de demain, celles qui sont vouées à prendre le flambeau, est au centre de toutes les critiques. La régression du niveau à tous les cycles d’enseignement, et le risque que notre dispositif éducatif ne s’effondre, constituent une hantise générale. Les avis sont unanimes quant à la nécessité de réformer l’école en profondeur, et de revoir de fond en comble les programmes et approches pédagogiques, suivant une démarche réfléchie et scientifique, et loin de toute improvisation. Encore faut-il avoir les moyens de sa politique ; le budget alloué à l'école reste nettement en deçà des besoins, de l’aveu des responsables de l’éducation même.  

Le débat sociétal sur l’école, qui devra avoir lieu dans un mois, fera-t-il le bon diagnostic et proposera-t-il les bonnes réformes ? L’on reste sceptiques, au regard des résultats peu probants produits par les réformes précédentes non-adaptées au contexte tunisien, étant parachutées par les institutions internationales, dont la banque mondiale. Même si les choses ont bien changé aujourd’hui, et l’espoir reste grand quant à une mutation salutaire de l’école, à cette ère d’ébauche démocratique. En attendant, le ministre de l’Education a levé le voile, hier,  sur des réformes qualifiées d’urgentes, dont l’application débute à compter de la rentrée scolaire, qui est à nos portes.

Retour de la sixième, et révision de la bonification au bac
Fethi Jarray a annoncé mercredi 27 août le retour de la sixième en tant qu’examen obligatoire, à partir de l’année scolaire 2014/ 2015. Quant à la 9ème année, elle sera généralisée comme étant un examen obligatoire, à compter de l’année scolaire 2017-2018.  

 Le ministre de l’Educationa indiqué ce matin sur Shems que "ces réformes se sont révélées urgentes, étant donné que nous avons aujourd’hui, des jeunes qui n’ont subi aucun examen tout au long de leur scolarité, excepté le baccalauréat, ce qui est contraire aux standards internationaux."

Il a annoncé qu’un débat sociétal aura lieu dans un mois sur la réforme du secteur éducatif qui sera conduit par des experts indépendants, avec la participation de toutes les parties prenantes notamment les composantes de la société civile pour procéder à "un diagnostic stratégique", et baliser le terrain au prochain gouvernement.

Fethi Jarray a par ailleurs affirmé mercredi, à l’issue du conseil des ministres, que la rentrée scolaire aura lieu le 15 septembre, indiquant que toutes les mesures pédagogiques et logistiques et tous les moyens humains ont été mobilisés en vue de sa réussite.  

Les syndicats de l’enseignement de base et secondaire avaient auparavant menacé de boycotter la rentrée scolaire, si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Jarray a qualifié ce matin sur la même radio "d’opération immorale", le simple fait de brandir la menace d’entraver la rentrée scolaire, d’autant plus que ces menaces sont injustifiées, a-t-il dit, indiquant que tous les arriérés au titre des heures supplémentaires et du baccalauréat sont sur le point d’être versés aux enseignements, moyennant des virements dans leur compte personnel.  

Le ministre a par ailleurs annoncé l’introduction de la langue française dans les programmes officiels à partir de la deuxième année de l’enseignement de base, et de l’anglais à partir de la troisième année.

Il a fait part de la décision de réviser la bonification de 25 % à l'examen du baccalauréat, et de la ramener à 20 %, tout en étant assujettie à la condition que l’écart entre la moyenne obtenue au cours de l’année, et celle obtenue au bac ne dépasse pas les trois points.

Par ailleurs, un texte de loi sera élaboré en vue de criminaliser toutes les formes d’agressions à l’encontre du dispositif éducatif, de ses acteurs et institutions. Des mesures seront prises pour faire face à la fraude électronique (fausse copie) au sein des écoles et des collèges pendant les examens. Jarray a annoncé la tenue d’un dialogue dans la perspective de la mise en place d’un cycle éducatif long et un cycle professionnel, ainsi que la création d’un nouvel organisme académique chargé de la formation des enseignants.

Ce faisant, le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Younbaï, a déclaré que 330 mille élèves et 40 mille étudiants, issus de familles nécessiteuses, bénéficieront d’allocations à raison de 30 dinars pour chaque élève et 60 dinars pour chaque étudiant, indiquant qu’une enveloppe de 15 millions de dinars est consacrée à ces aides financières, et que l’Union Tunisienne de Solidarité est chargée d'en assurer la distribution.   

Gnet
   

 

Commentaires 

 
#1 Gare aux écoles primaires privées
Ecrit par Tounsi2     03-09-2014 12:40
Enfin, l'introduction des langues vivantes précocément en 2em et 3em année est une très bonne initiative. Cependant elle risque de mettre en chômage plusieurs écoles primaires privées, car le principal motif des inscriptions est justement leur avantage dans les langues!
 
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