Tunisie : La pauvreté ne saura être vaincue que par une solidarité nationale

Publié le Lundi 23 Novembre 2015 à 18:23
L'indigence gangrène tout le territoire national. Les chiffres officiels font état d’une baisse du taux de pauvreté. Celui-ci serait de 15,5 % contre 32,4 % en 2000, avait déclaré en octobre dernier, Saâd Seddik, lors d’une rencontre organisée par le ministère de l’Agriculture et le FAO.

Au-delà des chiffres, l’indigence gangrène tout le territoire, et semble paradoxalement empirer après le 14 janvier, comme effets pervers de la révolution et de la transition. Les 24 gouvernorats du pays sont touchés, sans exception, mais à des degrés variables. Les zones du Nord-Ouest, et les régions frontalières sont certes les moins bien loties, mais des poches de grand dénuement essaiment aux alentours des régions côtières et des grandes villes réputées pour être nanties.

La pauvreté ne date pas d’aujourd’hui dans nos contrées. C’est un problème endémique et ancien qui remonte à des décennies, et est une illustration du déséquilibre régional, du développement à double vitesse engagé depuis l’aube de l’indépendance, de la corruption, de la mauvaise gouvernance, etc.

Les causes sont connues de tous, tout autant que le diagnostic, mais aucune amorce de programme n’est perceptible sur le terrain pour changer la réalité de ces laissés-pour-compte à qui on a toujours tourné le dos.  

Le seul bémol mis par les politiques, à chaque fois que ce sujet est évoqué, est qu’ils en sont bien conscients, mais que le changement ne sera pas immédiat, et qu’il s’agit d’un travail de longue haleine qui requerra des années et des années.

Les politiques préconisées pour sortir la Tunisie profonde des affres de la misère, restent vagues, et dépourvues de programmes précis et d’actions concrètes, c’est ce qui inquiète sur le devenir de ces oubliés de la république, dont on ne se souvient qu’à la suite des tragédies, consécutives aux actes  terroristes barbares.

Il est tout simplement honteux qu’en 2015, et au 21ème siècle, des populations vivent un tel dénuement, dépourvues qu’elles sont des attributs les plus élémentaires de la dignité humaine. Il est inadmissible que des Tunisiens, hommes, femmes et enfants, manquent de moyens de subsistance, et d’eau ; que des enfants en âge de scolarité ne vont pas à l’école, ou en quittent les bancs très précocement, faute de moyens ; que des jeunes sont plongés dans le désœuvrement, et son privés d’une activité rétribuée, sans laquelle, ils n’auront aucune raison d’être.

Certes le pays est confronté à des chantiers inextricables, et à une multitude de priorités sur le plan socio-économique. Mais la priorité la plus urgente, sans laquelle aucun processus de démocratisation n’a de sens, et aucun développement n'est possible, c’est d’affranchir ces populations de la misère et de leur assurer des droits, sans lesquels, ils ne peuvent accomplir leurs devoirs de citoyens.

Il faut tout d’abord commencer par recenser les villages, patelins et agglomérations qui souffrent le plus de dénuement à travers l’ensemble du territoire, une mission qui incombe, au premier chef, aux autorités locales. Une fois ce recensement fait, on passera à l’étape suivante, qui est celle de préconiser des programmes à court, à moyen et à long terme, permettant de créer un certain dynamisme dans ces régions, et d’y générer une vie sociale et économique, chacune selon ses spécificités.

La lutte contre la pauvreté est du ressort des pouvoirs publics, mais pas uniquement, elle ne peut devenir effective sans un élan de solidarité nationale. Le secteur privé a une grande responsabilité à assumer dans ce domaine, en ne rechignant pas à investir dans ces régions, à redonner de l’espoir à ses habitants, et à les impliquer dans leur essor. La société civile est-elle aussi en mesure d’apporter sa contribution, ne serait-ce qu’à travers des opérations ponctuelles, à même de faire bouger les choses, et de produire un certain effet d’entraînement. L’initiative des microcrédits et des microprojets ayant fait ses preuves dans notre pays, gagnera à être consolidée et  généralisée.

Et puis n’oublions pas que la lutte contre le terrorisme passe inéluctablement par le combat contre la pauvreté.
H.J. 
 

Commentaires 

 
+1 #1 Sortez de votre bulle
Ecrit par Royaliste     23-11-2015 19:55
il aurait ete plus constructif d'inviter une personne proche de se dossier et de poser des questions sur les actions en cours

par ailleurs avant de taper sur le secteur privé ...allez demander au secteur privé qui est deja dans des zones reculés quels sont les obstacles qu'ils vivent
 
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