Tunisie : La mouvance de Marzouki trébuche sur l’alliance Ennahdha/ Nida

Publié le Vendredi 13 Mars 2015 à 18:18
Marzouki et Jebali revoient leurs calculs. Les résultats des élections législatives et présidentielles ont profondément bouleversé la donne politique. Des partis dotés d’une longue histoire militante, issus de la famille sociale-démocrate, à l’instar d’al-Joumhouri, d’Ettakatol …ont été laminés. D’autres, nés après la révolution, se sont imposés et sont actuellement aux commandes, en l’occurrence, Nida Tounes, Afek et l’UPL. Ces trois formations politiques n’ont rien à voir bien évidemment l’une avec l’autre, elles sont dissemblables de par leur identité, leur référentiel, et les circonstances ayant présidé à leur avènement.  

Le paysage politique actuel est assez particulier. Il se distingue par un large rassemblement politique au pouvoir, et une opposition disloquée, qu’elle soit à l’intérieur ou en dehors du parlement.

Ses avatars, somme toute spectaculaires, ont commencé à se dessiner dans les urnes, et se sont confirmés dans les alliances postélectorales, dont la clef de voûte est l’alliance Ennahdha/Nida. Deux principales forces politiques que tout opposait, et qui ont fini par se  réconcilier contre vents et marées. La matrice de ce rapprochement est la compatibilité d’humeur, voire  l’entente cordiale entre le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, et le président de la république, Béji Caïd Essebsi, (depuis la fameuse réunion de Paris).

Le triomphe de l’approche du consensus, donne du fil à retorde à l’opposition existante et en devenir,  qui a du mal à se positionner par rapport aux deux mastodontes qui font désormais cause commune. L’opposition devient de plus en pus inaudible voire peu agissante, incapable de marquer une ligne de fracture nette avec le pouvoir en place. C’est là où réside toute la difficulté de ceux qui avaient l’ambition de contrecarrer, à traves la mobilisation des masses et des mécontents,  l’hégémonie de Nida Tounes.

L’initiative du mouvement du peuple des citoyens, annoncée par l’ancien président de la république, Moncef Marzouki, au lendemain du second tour de la présidentielle, se heurte à cette réalité consensuelle, où toute opposition frontale, prônant la rupture avec le pouvoir en place risque d’être perçue comme une tentative de jeter de l’huile sur le feu dans une conjoncture extrêmement difficile, où le moindre conflit pourrait prendre des proportions redoutables.

C’est de là que découle la première crise qu’est en train de vivre la mouvance de Marzouki, qui a vu le départ, hier jeudi, de quatre partis, pour motif de l’ambigüité de sa nature et de ses perspectives politiques.

La réaction d’Adnen Manser, ancien directeur de Campagne de Moncef Marzouki, en dit long sur le flou qui entoure encore une telle initiative.  

"La mouvance du peuple des citoyens est une force de construction de l’avenir loin des affrontements stériles". (…). "C’est un projet d’avenir, et la politique à elle seule ne construit pas l’avenir", a-t-il dit, signalant que "la mouvance aura son mot à dire sur la politique et au-delà". "Celui qui croit que les Tunisiens sont capables de supporter davantage de tensions, avec d’éventuels affrontements pouvant dégénérer en violence, il s’est trompé d’adresse", a asséné Manser à l’endroit des partis qui viennent de claquer la porte.  

Autre projet qui semble étouffé dans l’œuf, est celui de Hamadi Jebali et son parti fondé sur "des valeurs démocratiques civiles, sans référence à l’islam". Le leader démissionnaire d’Ennahdha impliqué dans la préparation du prochain congrès du mouvement islamiste, prévu l’été prochain, semble beaucoup plus près à réintégrer son parti d’origine, que d’en  créer un nouveau.

Moralité de l’histoire : le paysage politique tunisien est étroit, voire déjà excédentaire. Le fait que les deux principales forces aient mis la main dans la main, coupe l’herbe sous les pieds de tous ceux qui rêvent d’incarner une nouvelle opposition. Le temps est donc à la tempérance des ardeurs.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #2 Assez, c'est inadmissible
Ecrit par Tunisien     15-03-2015 19:03
On ne veut plus, c’est à leurs temps qu’on a eu des problèmes ; sur tout les plans et surtout au niveau de sécurités.
Aujourd’hui on est sous leurs conséquences.
Il vaut mieux qu’ils s’occupent d’autre chose que la politique.
 
 
+1 #1 foutaise
Ecrit par Royaliste     15-03-2015 00:38
leur faillite politique est le résultat direct de leur bilan médiocre./
 
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