Tunisie : La jeunesse emportée par les vagues, les politiques fautifs !

Publié le Lundi 04 Juin 2018 à 13:07
En désespoir de cause, les jeunes se jettent dans des embarcations de fortune au péril de leur vie.Le naufrage survenu ce week-end au large de Kerkennah a plongé le pays dans un profond émoi. Des dizaines de jeunes tunisiens, ainsi des étrangers ont laissé leur vie lors de cette traversée de la mort. Un bilan effrayant, qui est appelé à s’alourdir, vu l’important nombre d’occupants du bateau entre 170 et 220, selon les rescapés. 

Les drames de l’émigration clandestine sont quasi-quotidiens en méditerranée. Les côtes tunisiennes sont-elles aussi un point de départ régulier d’une jeunesse qui saute dans des embarcations de fortune au péril de sa vie pour rejoindre l’eldorado du Nord. Les communiqués des services sécuritaires sont fréquents, sur les tentatives de franchissement illégal des frontières avortées à travers les différentes régions du pays. Cet effort préventif ne permet pas, néanmoins, de sauver la jeunesse de griffes des passeurs, et de mettre un terme à cette hémorragie.

Frappés de plein fouet par le chômage, et le dénuement, marginalisés et rongés par l’abattement et la désespérance, les jeunes tunisiens n’ont d’yeux, dans leur majorité, que pour la harga, et s’accrochent à ce fil ténu d’une traversée en mer, dans laquelle ils placent tous leurs espoirs, pour une vie supposément meilleure.

Cela tourne à l’obsession, au point que les dangers et les horreurs d’une telle mésaventure sont escamotés, ceux redoutables du grand large, mais aussi les difficultés et les souffrances vécues par les migrants, qui réussissent à rejoindre les rives européennes ; le rêve tourne aussitôt au cauchemar. Reclus dans les centres de rétention dans des conditions inhumaines, dans l’attente d’une expulsion humiliante, leur désillusion est grande.

L’actuelle tragédie meurtrière traduit l’échec d’un pays à s’occuper de sa jeunesse, et celui des politiques au pouvoir, et ceux qui les ont précédés, à donner de l’emploi, les attributs d’une vie décente et les raisons d’espérer aux jeunes. La souffrance des jeunes, et leurs revendication pour l’emploi et la justice sociale, sont parmi les raisons ayant motivé la révolution. Des objectifs oubliés et vidés de leur substance au fil des années. Le fait qu’il y ait des jeunes qui occupent aujourd’hui de hautes fonctions de l’Etat ne déteint aucunement sur la jeunesse, de manière à lui redonner sa place dans la société, à l’impliquer dans le processus du développement, et à la faire sentir son utilité et sa contribution à la création des richesses.

Qu’attend-on d’une jeunesse privée de ses droits économiques et sociaux, livrées à elle-même dans une indifférence totale, vivant dans des cités, villages et régions en déshérence…pas grand-chose hélas.

La disparition des jeunes dans de pareilles conditions, outre qu’elle laisse des familles éplorées, qui se sont données beaucoup de mal pour voir leurs enfants grandir, est une perte incommensurable pour le pays, qui voit sa principale force emportée par les vagues, alors qu’elle aurait pu dans d’autres conditions tant donné au pays.

La classe politique dans son ensemble devra se sentir fautive d’avoir tué l’espoir chez les jeunes, et de les avoir abandonnés. Une situation qui n’est pas appelée à changer de sitôt, personne ne semble être en mesure de répondre aux attentes des jeunes dont la patience a tari. La moindre des choses à faire serait de lancer une campagne nationale pour dissuader les jeunes à participer à cette aventure périlleuse, à déconstruire l’immigration clandestine comme solution, et à persuader les jeunes que le changement est possible dans leur pays. Il faut galvaniser cette jeunesse, l’inciter à l’initiative et à l’action, et l’empêcher de risquer sa vie en désespoir de cause.
Gnet

 

Commentaires 

 
+4 #2 Corriger et disposer les moyens c'est beaucoup mieux
Ecrit par Tunisien     05-06-2018 00:38
Quels sont les moyens pour encourager à l’embauche aujourd’hui?
Diplomes?
Contrat Karama?
Plus des cafés? entre un café et un café un café.
Dormir le jour et être aux cafés la nuit? ou devant la TV regarder du n'importe quoi!
Tous ces que je viens de citer n'ont aucun sens devant l'apprentissage d'un métier.
Il faut étudier nos besoins et toucher bien la réalité des choses. puis engager nos jeunes à apprendre des métiers. il faut exiger à étudier et améliorer les conditions des métiers. nous sommes en 2018 le mécanicien comme le plombier ou le maçon doivent appliquer les règles de sécurité et travailler propre selon les règles de l'art.
Les centres de formation ne manquent pas en Tunisie. L’État Tunisien c'est elle qui doit fixer les supports pour le bien de la Tunisie.
Sans métiers, voila le résultat, on jette notre richesse à la mer!
 
 
+1 #1 Arrêtez de les plaindre...
Ecrit par Sherlock Homs     04-06-2018 13:32
Certains de ces "harraguas" on assez d'argent pour pouvoir tenter et retenter jusqu'à dix fois la traversée clandestine, ce qui n'est pas à la portée de n'importe quel "chomeur", "marginalisé" et autre "paumé", le passage pouvant atteindre jusqu'à trois mille dinars...
Avec un nouveau ministre de l'intérieur italien issu de l'extrême droite, on va voir quel sort sera réservé à ceux qui s'approcheront des côtes italiennes et au su de ce qu'il a dit dernièrement, ça n'annonce rien de bon pour les "entêtés" de l'immigration clandestine...
 
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