Tunisie : La HAICA fait suspendre deux émissions pour dépassements

Publié le Vendredi 23 Août 2013 à 13:19
Nouri Lajmi lors de la conférence de presse de ce vendredi, 23 août. Nouri Lajmi, président de la Haute Autorité indépendante de la Communication audiovisuelle (HAICA) a révélé ce matin lors d'une conférence de presse, la nature des  activités de la HAICA, sa position vis à vis de faits émanant de certains supports audio-visuels, et les décisions prises à l'encontre de ces mêmes supports. 
 
Au sujet des nominations effectuées à la tête de plusieurs radios publiques, décidées par la direction générale des radios nationales, le président de la HAICA a déclaré que son instance a envoyé plusieurs lettres au gouvernement pour revoir ces nominations, "et avons demandé l'instauration d'une commission mixte à cet effet, qui répond aux exigences de l'impartialité, de la transparence et de l'indépendance". Il a  rappelé que le décret loi 116 du 2 novembre  2011, stipule dans son article 19, que la HAICA a un droit de regard sur la nomination des Présidents Directeurs Généraux de ces institutions médiatiques. 
 
"Nous nous sommes réunis hier avec Noureddine Bhiri, ministre conseiller du chef du gouvernement...et nous sommes parvenus à prendre la décision de constituer une commission mixte, dont le rôle est de préciser les mécanismes et les critères qui seront pris en compte dans un avenir proche lors des nominations à la tête des institution médiatiques publiques, pour un souci de transparence", a déclaré Nouri Lajmi.

Autre rôle de la Haica, celui d'observation, et de régulation du paysage audiovisuel. "L'opération d'observation effectuée par la Haica est disons-le, non exhaustive jusqu'à présent, et ce faute de moyens techniques suffisants...mais la Haute Autorité indépendante de la Communication audiovisuelle a pris des échantillons de ce qui est diffusé sur toutes les chaines , selon une technique scientifique. Nous avons relevé des échantillons par heure de diffusion, contenu des programmes, l'audimat et les dépassements commis...elle a de ce fait adressé à certaines chaînes des avertissements, des remarques ou des décisions de déprogrammation ou de suspension de la diffusion, selon la nature du dépassement", a-t-il dit.
 
Nouri Lajmi a par ailleurs expliqué que le travail de la HAICA est basé sur certains principes, à savoir, le respect des droits des enfants, le droit et la dignité des personnes, la non diffusion d'idées incitant à la dissension, à la haine et à la violence entre les Tunisiens. Les médias audio-visuels ayant enfreint cette éthique, ont fait  l'objet de sanctions, plus ou moins sévères. Le 21 juin 2013, la Haute autorité a adressé une remarque au gouverneur de Tataouine au sujet de Radio Tataouine, le 18 juillet 2013, deux avertissements sont adressés, à TTN  1 et à Nessma Tv, pour les  émissions "Arrahina"  et "Braquage", toutes les deux véhiculant des " images violentes, portant atteinte à la dignité humaine et aux enfants". Le 30 Juillet, la télévision tunisienne nationale reçoit une remarque suite à la diffusion des images des soldats tués et profanés à Mont Chaambi. 

Le 31 juillet, Radio Ezzitouna reçoit, toujours de la part de la HAICA, une lettre d'avertissement au sujet de son émission "Sbahoukom Ajmal" pour "diffusion de messages d'incitation à la haine". Le 19 août la HAICA donne l'ordre de suspendre cette émission pendant un mois, pour récidive. 

Le 31 juillet 2013, la chaîne Al Hiwar Ettounsi reçoit un avertissement pour messages d'incitation. Le 19 août, une décision de suspendre pendant un mois, l'émission Nidaa et le journal télévisé, de cette même chaîne, sont prononcés par la HAICA, pour les mêmes raisons citées dans l'avertissement. 
 
Nouri Lajmi a rappelé que les institutions médiatiques diffusant sans autorisation sont appelées à fournir à la HAICA, l'ensemble des documents nécessaires pour la régularisation de leur situation, et dont l'institution avait dressé une liste le 9 juillet de cette année. Parmi ces documents figurent entre autres, la ligne éditoriale de la chaîne, son journal comptable, ses sources de financement, la liste des biens techniques et logistiques, et données personnelles des propriétaires.

"Le communiqué du 9 juillet stipulait qu'un délai d'un mois, à partir de la date de diffusion du communiqué, était accordé à ces chaînes. Mais à la demande de certaines institutions audio-visuelles, nous avons porté ce délai au 9 septembre de cette année", a déclaré le président de la HAICA.

Par ailleurs, toutes les chaînes ayant commencé à diffuser après la parution du communiqué du 9 juillet, sans avoir fourni les documents nécessaires seraient sanctionnées. 

La HAICA planche actuellement sur le cahier des charges auxquels devraient se soumettre tous les médias audio-visuels, et sur les formations qui seront réservées aux cadres de ces institutions médiatiques, et qui débuteront incessamment sous peu, selon Lajmi. 

Chiraz Kefi