Tunisie : La fuite des cerveaux inquiète les pouvoirs publics

Publié le Jeudi 17 Août 2017 à 13:59
Les Tunisiens de l'étranger sont proches par le cœur et l'esprit de la terre patrie. La Tunisie est privée d’une grande partie de sa matière grise, et d’une plus-value potentielle qui profite à des économies étrangères. Les expatriés tunisiens sont essentiellement des compétences qui ont choisi de vivre en dehors des frontières et de participer au développement d’un pays autre que le leur, tout en gardant, fort heureusement, des ponts avec la terre patrie à travers notamment les transferts de devises…

Le gouvernement veut  stopper cette hémorragie coûteuse pour l’économie et la communauté nationale qui voit la fine fleur de ses enfants plier bagage et emmener, selon les cas, femmes et enfants, pour faire sa vie et bâtir son avenir ailleurs, dans des destinations plus attrayantes en termes d’opportunités.

Le flux migratoires ont  évolué en dents de scie au fil des années, et le profil des migrants tunisiens a beaucoup changé, d’une main d’œuvre peu ou proue qualifiée pendant des décennies du siècle dernier, qui a grandement contribué au développement de l’Europe et de ses économies, à des compétences dotées des diplômes les plus prestigieux, d’expertise et de know-how. L’émigration tunisienne est passée du quantitatif au qualitatif, dépouillant le pays de ses cerveaux et de ses compétences, donc d’idées, de projets, de vision et d’investissement à même de contribuer à son essor et sa prospérité.

Du quantitatif au qualitatif
Ces mutations migratoires sont dues à des facteurs endogènes et exogènes. Au lendemain de l’indépendance, les compétences étaient peu nombreuses, mais de grande qualité, et d’un patriotisme inégalé. Mues par le rêve de l’Etat national, souverain et indépendant, les générations postcoloniales ont contribué à la construction de la Tunisie moderne, même si leur œuvre était inachevée et le pays s’est arrêté depuis à mi-chemin du progrès, économique, social, politique… et n’a pas réussi à s’arrimer à la locomotive des pays avancés, comme l’appelait de ses vœux Bourguiba dans ses discours.

Sous l’ancien régime, le pouvoir oligarchique a fait fuir les cerveaux rebutés par des pratiques rédhibitoires  (répression, despotisme népotisme, clientélisme…), dans un climat délétère où les principes d’égalité des chances, de mérite, de renvoi de l’ascenseur social, de justice… étaient totalement absents, et où les valeurs et la compétence étaient mal vues. 

Après la révolution, la situation s’est encore plus dégradée, contrairement à ce qui était attendu. La transition politique a connu une succession d’achoppements, et de déboires notamment sur les plans sécuritaire et économique, aiguisant l’envie d'hommes et de femmes de sauter dans le premier avion et de s’installer sous d'autres cieux.

Le statut de la Tunisie en tant que démocratie naissante n’a en rien suffi à maintenir les compétences sur le sol national, à leur enlever l’idée de partir de la tête ou d’inciter celles qui sont parties il y a longtemps de revenir au bercail. Nombreux sont nos compatriotes de l’étranger qui, ayant regagné le pays dans l’euphorie révolutionnaire pour apporter leur pierre à l’édifice national, ont rebroussé chemin après tant de déceptions et d’espoir trahi.

Dans les pays d’accueil, la situation change-t-elle aussi. Durcissant leur politique migratoire, et s’érigeant en forteresse inexpugnable, ces pays prônent d’ores et déjà l’immigration choisie, demeurant hospitaliers envers les compétences de haut niveau, ou celles qui répondent à des besoins non-pourvus de leur marché de travail local.

A ce stade, rien n’est fait pour raviver le goût de retourner au pays chez nos expatriés, ceux qui en gardent la nostalgie, mais qui considèrent qu’en l’état actuel des choses, la patrie ne leur donne guère le même amour et le même attachement en retour. Ils sont loin de leur pays physiquement, mais très proches par le cœur et l’esprit, et gardent la certitude de pouvoir renouer un jour avec leurs racines, quand le climat sera plus propice à construire quelque chose, en tant que citoyens actifs et agissants, jouissant de leurs pleins droits et accomplissant tous leurs devoirs, dans l’égalité, l’équité et le respect de la loi.   
Gnet

 

Commentaires 

 
+4 #5 A Etudier
Ecrit par Tunisien     20-08-2017 21:44
Avec les diplômes

1/ Etudier nos besoins
2/ Favoriser La formation pratique,l’apprentissage et exploiter le savoir faire des autres gents bien expérimentés.
3/ Donner les moyens.
4/ Stopper l'importation des produits que nous pouvons disposer. Favoriser la consommation locale.
5/ Faciliter la création des sociétés. Réduire les papiers et éviter les attentes.
(Si on fait le compte des pertes d'argent due aux attentes des milliards perdus chaque jour!)
6/ Rendre séance continue commence a 8h pour l'administration et 9h pour l'industrie.
7/ 8h de travail effectifs.
8/ Favoriser les cantines et les crèches.
9/ les assistances sociales prennent en charge les besoins des enfants (santé, transport et nourritures....)
10/ Penser positif et éviter de dire on peut pas....
11/ En Tunisie, Tunisien en premier lieu.
12/ Le travail, Le travail et rien que Le travail dans tous les domaines.
 
 
+4 #4 RE: Tunisie : La fuite des cerveaux inquiète les pouvoirs publics
Ecrit par Agatacriztiz     18-08-2017 16:50
Pas étonnant, il suffit de voir la médiocrité galopante du milieu ambiant pour s'en rendre compte.
Attention ! quand un pays n'a plus rien à offrir à ses jeunes, il disparait peu à peu...
 
 
+7 #3 La caste de ben ali est encore là omnipotente
Ecrit par tunisie     17-08-2017 23:10
La révolution nous avait donné tant d'espoir de changement. Nous avons tant espéré que la caste scientifique de ben ali soit écartée des postes clés. Malheureusement le constat est amer les réseaux sont toujours très actifs et omnipotents. Comment voulez que les cerveaux reviennent avec ces bandits de la science. Pour qu'ils mettent leurs cerveaux dans les placards et les frigos? Cette caste corrompue et complice des exactions de la dictature sont responsables de la déconfiture de la recherche et de l'enseignement supérieur (il n'y a qu'a voir le classement de nos universités et de instituts de recherche). Les concours d'orientations (pour placer leurs bambins dans les meilleures écoles au dépend de weld ezaoualli ces actes sont punissables par la loi qu'a t-on fait contre eux?) de recrutement sont biaisés, l'avancement dépend du kilo de farine et de tes liens de parentés ou amitiés avec la caste, l'éthique scientifique est bafouée, les résultats scientifiques sont quelque fois manipulés (retractionwatch.com/?s=tunisia), ils se font de la pub en annonçant à travers les journaux électroniques de leurs réseaux des "découvertes importantes" thil el sorra talka khit, etc. Bref dans cet environnement les cerveaux n'auront aucune chance de réussir.
 
 
#2 El kamour
Ecrit par A4     17-08-2017 19:47
Il nous reste les "cerveaux" d'el kamour !!!
 
 
+6 #1 Choix évident
Ecrit par Rossi     17-08-2017 16:48
Franchement, qu'est ce que la Tunisie offre, en termes d'opportunités, à sa matière grise jeune diplômée ?
Le rythme du développement du pays n'est pas au même rythme de diplômes fournies à l'élite par année scolaire.
ça sert à quoi d'avoir des centaines d'ingénieurs par année alors qu'il n'y a pas de postes disponibles ?
Le privé ? Il n'y a même pas de lois qui cadrent (au moins sur le plan pratique) les abus éventuels des patrons des sociétés privés (charges supplémentaires non payées etc...)
Même quand il s'agit de poste de gestion ou direction (on sort du cadre de formation académique) cette matière grise n'a pas de place dans notre société, la place est donnée aux partisans du pouvoir en place...
 
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