Tunisie : La défaite cinglante en Allemagne accélère le tempo pour les municipales

Publié le Mardi 19 Décembre 2017 à 15:00
Béji Caïd Essebsi signe ce mardi 18 décembre, le décret d'appel au vote, pour le scrutin du 06 Mai. Après moult atermoiements, tergiversations et deux reports, les choses s’accélèrent pour les municipales. Il en était temps. En moins de 24 heures, la visibilité est établie, et les deux conditions sine qua non, sans lesquelles les Tunisiens ne peuvent glisser leur bulletin dans l’urne pour choisir leurs élus locaux, ont été remplies. Hier soir, lundi 17 décembre, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a publié le calendrier électoral, entérinant  le premier dimanche de Mai, comme échéance pour les municipales, avec parution immédiate au Journal Officiel. Ce mardi 19 décembre, le président de la république signe le décret appelant les électeurs à élire les membres des conseils municipaux le 06 Mai, et les militaires et sécuritaires à se rendre aux bureaux de vote, une semaine avant, soit le dimanche 29 avril. Un décret qui paraîtra au JORT dans la foulée, en concomitance, selon toute vraisemblance, avec le calendrier électoral.

Jamais deux sans trois ; ce troisième report semble être bien le dernier ; le dimanche 06 Mai est désormais une date définitive pour la tenue du scrutin local, il n’y a plus lieu de transiger là-dessus.

Les résultats des législatives partielles en Allemagne, et leur faible taux de participation, avec seuls 1326 électeurs parmi nos compatriotes expatriés au pays d’Angela Merkel, qui se sont rendus aux urnes, soit 5,02 % des 26382 électeurs inscrits, sont un affront essuyé par la classe politique dans son ensemble. Tous les partis, au pouvoir ou dans l’opposition, qui ont supposément pignon sur rue, ont essuyé une défaite cinglante. Le candidat de Nidaa Tounes, que l’on disait également soutenu par Ennahdha, n’a pas réussi à remporter l’unique siège à l’Assemblée. Avec 253 voix (19.45 %), il a été coiffé au poteau par le candidat de l’espoir (al-Amal), Yassine Ayari ayant recueilli 284 voix (21.83%). La désaffection envers le scrutin a clairement profité à ce candidat anti-appareil.

L’issue de ce scrutin partiel a fait prendre conscience aux acteurs politiques d’une réalité amère, les Tunisiens leur tournent le dos, se désintéressent totalement de leur action, et la confiance entre les deux parties est distendue. Secoués, les partis politiques, qui, s’aperçoivent qu’il est tard de battre la coulpe, appellent à réfléchir profondément sur l’issue de ce scrutin. Comment faire en sorte d’éviter que cette débâcle électorale ne se reproduise, lors de futures échéances électorales, ou au moins d’en atténuer l’ampleur. Cela nécessite beaucoup d’effort, au niveau du discours et des approches, mais pas seulement, au niveau des actes aussi.

Quel enjeu pour le scrutin local ?
La publication d’une date claire et tranchée des municipales pourrait contribuer à détourner un peu l’attention sur la défaite en Allemagne, sans jamais la faire oublier. En officialisant les deux principales dispositions réglementaires soit le décret d’appel au vote, et le calendrier électoral officiel, nécessaires à la tenue des élections locales, lesquelles sont incontournables pour d’abord, le parachèvement de la transition politique, et ensuite, la reprise en main de la gestion des localités confiées après la révolution à des délégations spéciales dont l’approximation, sinon la médiocrité de la prestation, s’est lourdement répercutée sur l’état environnemental général du pays.

La visibilité sur les municipales est de nature à rassurer les électeurs, à leur permettre enfin de se fixer, et à les sensibiliser bien à l’avance à l’enjeu de ce scrutin, à l’intérêt d’y participer et de choisir leurs responsables locaux, qui veilleront aux destinées de leur région, leur cité et leur quartier et feront en sorte que l’espace local soit générateur de qualité de vie et de bien-être ne serait-ce qu’en termes de propreté, d’éclairage public, d’organisation urbaine…. Comme, elle donne une garantie à l’application du chapitre 08 de la constitution, inhérent à la décentralisation, à la déconcentration, et au transfert des prérogatives du pouvoir central, à celui régional, chose qui est voué à révolutionner le mode de développement dans les régions, et à atténuer, autant que faire se peu, les disparités.

Le 06 Mai apporte, en somme, une lueur d’espoir dans une grisaille ambiante, avec une fin d’année politiquement conflictuelle, une coalition gouvernementale qui a maille à partir avec des partis et organisations, du fait de sa loi de finances décriée, et une économie qui même si elle retrouve, mollo-mollo, la croissance, reste sujette à des vulnérabilités macroéconomiques (parole du FMI). Et puis pour l’extérieur, une date définitive pour les municipales, ça doit rassurer et inciter les bailleurs de fonds à mettre la main à la poche pour promouvoir coopération décentralisée et autres initiatives de jumelage.
Gnet