Tunisie, la critique des journalistes ne doit pas tourner à l'obsession |
Publié le Lundi 20 Février 2012 à 17:33 |
La Tunisie n'est pas une démocratie, mais elle est en transition démocratique. Elle n'a pas encore de traditions en matière de démocratie, de respect des libertés et de droits de l'Homme, mais elle s'engage à faire siennes ses valeurs, et à les inscrire dans le marbre de la deuxième république en devenir. En cette période transitoire, toutes les parties devraient être en période d'apprentissage de la démocratie, un processus qui n'est pas du tout simple, car, on peut se dire profondément démocrate dans les discours, et disconvenir à cela dans la pratique. Ce qui peut-être compréhensible et tolérable au début, mais ne peut nullement l'être, si un tel fourvoiement perdure. L'affaire qui défraie la chronique au cours de cette dernière période est l'emprisonnement de Nasreddine Ben Saïda, directeur d’Ettounsia, suite à la publication en couverture de son journal, d'une femme dénudée. Une photo jugée attentatoire aux bonnes mœurs. Il est vrai qu'une telle photo peut choquer ; la société tunisienne aussi ouverte que conservatrice, reste pudique. Et ses valeurs arabo-musulmanes, auxquelles certains s'efforcent à faire fi, pour faire valoir des valeurs purement occidentales, y sont érigées en références inaliénables. Mais de là à incarcérer un directeur de publication pour avoir commis un écart, grave aux yeux des uns, insignifiant aux yeux des autres ; voilà qui semble être inadmissible dans un pays qui s'engage sur la voie de la démocratisation. Dès le début de cette affaire, la polémique a enflé entre ceux qui pointent une décision politique, et d'autres qui invoquent une décision de justice, prise en toute indépendance. Chose que l'on ne peut pas trancher avec certitude en l'état actuel, n'étant pas complétement au fait des dessous et des interconnexions entre milieux politique et judiciaire. Quoiqu'il en soit, la Tunisie se serait passée volontiers de cette polémique, d'autant plus que les problèmes auxquels notre pays est confronté sont beaucoup plus graves qu'une photo, quelque scandaleuse soit-elle. Aujourd'hui, ce sont les rapports entre médias et politiques qu'il faut reconstruire. Cette situation d'affrontement permanent ne peut pas continuer, car, elle ne fait que nous faire perdre du temps, et nous éloigner de l'essentiel. Bien évidement que la scène médiatique bouillonnante comprend à ce jour des journalistes aux pratiques peu orthodoxes -qui plus est sont d'anciens propagandistes du régime déchu- et qui font de leur support un outil de provocation, de règlements de compte, et de dénigrement, ce qui est contraire aux règles élémentaires de déontologie. Mais, qui est habilité à définir les dérapages de cette nature ? Ce n'est en tout cas pas l'affaire des politiques, mais plutôt de la profession elle-même qui doit se doter des structures de régulation requises. Les faits le prouvent de plus en plus, l'accélération de la mise en place d'une instance indépendante des médias, est plus que jamais nécessaire. Celle-ci, munie de prérogatives définies et d'un cadre législatif clair, aura un rôle dissuasif, et incitera la profession à être plus respectueuse des règles déontologiques et à s'acquitter convenablement de ses missions pour contribuer à la réussite de la transition démocratique. Les politiques sont jusque-là mécontents de la prestation des médias, et ils ne manquent pas de le faire savoir. Les critiques des politiques envers les médias sont devenues récurrentes, c'est ce qui peut paraître, par moments, incongru. Ce n'est pas qu'il est interdit aux hommes politiques de critiquer des journalistes, mais ça ne doit pas tourner à l'obsession. A chacun son rôle, que le journaliste critique l'action des politiques, met le doigt sur les faiblesses et les dysfonctionnements, cela est tout à fait naturel ; le contraire serait même anormal. A contrario, un politique qui prend à chaque fois, ce qu'on dit de lui ou de son gouvernement dans les médias comme une offense, et focalise dessus, cela finira par l'éreinter à la longue, et le détourner de ses lourdes responsabilités. Dans les pays démocratiques, là où les médias sont de véritables institutions puissantes et influentes, les hommes politiques font l'objet au quotidien d'attaques extrêmement virulentes. Et on ne les entend pas à tous les coups rouspéter, ou crier à la machination. Les médias dans ces pays peuvent soutenir un camp politique aux dépens de l'autre, leurs journalistes ont des sensibilités politiques déclarées, qu'ils expriment ouvertement dans leurs écrits, et personne ne les taxe de mauvaise foi, ou d'incompétence. Car, ce serait une atteinte à l'essence même de la liberté. Par ailleurs, pour revenir à la photo d'où le scandale est arrivé ; dans tous les pays du monde, il y a une presse people qui fait du racolage et du sensationnalisme, un fonds de commerce. Tout cela pour dire, que les relations des médias avec la société d'un côté, et les politiques de l'autre, sont complexes, et ce n'est pas propre à la Tunisie. Il est utopique d'idéaliser la presse, et d'aspirer à son objectivité et sa neutralité, ce serait caresser des vœux pieux. Il faut juste aider cette presse tunisienne à devenir forte, professionnelle, et constructive, et à cesser de la déprécier à tout-va, car on risque de lui faire encore plus de complexes et de l'aliéner davantage. Les politiques doivent juste laisser les journalistes bénéficier de leur liberté d'expression retrouvée, ne pas se soucier de leurs égarements et leurs faux-pas, et focaliser sur l'essentiel. Quant à Nasreddine Ben Saïda, sa libération gagnerait à intervenir sans plus tarder, car un homme de médias en prison, c'est toujours un point noir dans une démocratie, tout autant que dans un pays qui veut le devenir. H.J. |
Commentaires
Ecrit par khammous 21-02-2012 22:42
Ecrit par qqun 21-02-2012 22:09
Le gris ...
il attendra le moment pour verrouiller toute la mele ...
La mêlé : je veux dire les islamistes , les laiques et les 3ayacha ... ca veut dire la Tyrannie qu'elle soit laique ou islamique ... Sauf si tu es parmi qui ceux qui pensent que l'occident veut bien nous aider ... et s'occupera de nous comme des bebes ... et prend son temps pour comprendre nos ratés.
ou peut etre qu'il a peur de nous et de notre bruit.
Enfin, s'il te plait , parles de ta legitimite avec moderation ... (...) je le dis et je l'assume ...
et je dis rabbi ykhaffef 3lina ...
Ecrit par Légitimité ? 21-02-2012 20:22
Par ailleurs, il y a beaucoup de message à moitié formulé dans votre post qui semblent vouloir en dire long mais j'avoue ne pas totalement comprendre où vous voulez en venir : "Ce qu'on appelle le gris ... Tu sais ca ?" et "il attendra le moment pour verrouiller toute la mele ..." ?
Ecrit par qqun 21-02-2012 16:39
mmm, oui mais ils se feront degagé apres 23 ans. La vie est compliqué mon ami et la plupart des politiciens sont soit incompetents soit malhonnetes soit les deux.
Le gouvernement ne doit pas reguler reguler ... C'est les representants (tous les representants ...attentions ...) qui peuvent reguler dans le consensus avec eux meme et avec les journalistes eux defendent le peuple et la patrie et les journalistes defendent leurs professions ... est ce beau ???... donc, ca sera un truc ni noir ni blanc ... Ce qu'on appelle le gris ... Tu sais ca ?
Attention , les Tunisiens ! nous n'avons pas le droit a l'erreur et de reapprendre ce qui a ete appris... On est pas comme l'occident ... La democratie s'est evolué normalement chez eux , parcequ'il y avait pas , dans ces temps, un occident avant l'occident ... Nous , c'est bien une autre chose , nous avons notre occident et il attendra le moment pour verrouiller toute la mele ...
Ecrit par The Observer 21-02-2012 12:31