Tunisie : La crise financière, et la dette, comme placebo !

Publié le Mercredi 20 Juin 2018 à 15:46
Le dinar tunisien poursuit sa dégringolade et s’échange désormais à 3,092 contre l’euro, et à 2,605 face au dollar, selon le site de la banque centrale. Les avoirs nets en devise continuent également à rétrécir telle une peau de chagrin pour atteindre jusqu’à hier, mardi 19 juin, 10667 MDT, soit l’équivalent de 71 jours d’importation.

Toutes les barres symboliques sont franchies tant l’euro à trois dinars, que les 90 jours d’importations pour les réserves en devises, dont on s’éloigne jour après jour.

Si on y ajoute les pressions inflationnistes, ayant motivé la hausse par la banque centrale de son taux d’intérêt directeur  de 100 points, le faisant passer de 5,75 à 6,75, et la polémique qui s’en est suivie, au point que de nombreux acteurs s’en soient désolidarisés, à l’instar de l'Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers (APTBEF) qui a décidé d’en suspendre l’application sur les crédits logements. L’UTAP appelle à en excepter les crédits agricoles ; l’UTICA, la CONECT et l’UGTT ont auparavant marqué leur désapprobation envers cette mesure qui risque de nuire à l’entreprise, à l’investissement et au pouvoir d’achat. 

La crise financière qui sévit ces dernières années en Tunisie, s’illustrant essentiellement par les difficultés des finances publiques, prend des allures fort préoccupantes, affectant davantage les équilibres macro-économiques, et provoquant un réel problème de liquidités qui s’est traduit notamment la dernière période par la crise des médicaments, ayant amené le chef du gouvernement à réunir un CMR le 11 juin courant, et à décider de fournir immédiatement et en urgence la liquidité à la pharmacie centrale dans la limite de 500 MD, pour parer au plus pressé.

Le problème de trésorerie s’aggrave, même si on n’en est pas au point de créer de la monnaie, en recourant à la planche à billets, pour payer les salaires, comme l’ont affirmé le ministère des Finances et la BCT, démentant les propos de l’économiste Ezzeddine Saïdane, à ce sujet.

Tout en reconnaissant la crise et les menaces qu’elle fait peser sur le pays, les autorités se veulent rassurantes, en prédisant une amélioration de la situation à la faveur du versement de nouvelles tranches de crédits par la banque mondiale et le FMI, et la sorite imminente sur le marché financier mondial pour mobiliser les ressources nécessaires.

Un décret gouvernemental n’o 502 du 07 juin 2018 publié dans une dernière édition du Journal officiel, entérine les délibérations du conseil d’administration de la banque centrale de Tunisie, à la date du 02 février, et du 28 Mai 2018, portant approbation de l’émission d’un crédit obligataire en euro sur le marché financier mondial, au nom et au profit de l’Etat tunisien, d’un montant équivalent à mille millions de dollars américains, comme seuil maximum.

La question est de savoir jusqu’à quand le pays va-t-il compter sur l’endettement, et son effet placebo, pour combler le manque à gagner consécutif au déséquilibre entre recettes et dépenses, au creusement du déficit et à la dépréciation du dinar ; couvrir ses dépenses de fonctionnement, et entretenir la consommation, alors que le taux d’endettement a explosé, avec une dette publique de 71 % et une dette extérieure de 80 % du PIB, fin 2017.

Les solutions pour une sortie de la crise financière sont connues de tous et ressassées à l’envi, et passent à travers la relance de l’économie, la reprise de l’investissement, l’amélioration des exportations, la lutte contre l’évasion fiscale, les grandes réformes…autant d’actions qui n’ont jamais été engagées avec continuité et régularité au cours de ces sept dernières années à cause des crises politiques à répétition et de l’instabilité qui en a découlé. Telle cette crise politique qui paralyse le pays et sur laquelle les autorités ont choisi de se murer dans le silence.

L’UGTT qui mène la fronde contre le gouvernement et son chef continue à se concerter avec les partis politiques, pour les rallier à son injonction de remplacer Youssef Chahed. Ce mercredi, Noureddine Taboubi a reçu une délégation de Nidaa Tounes conduite par Hafedh Caïd Essebsi, au siège de l’organisation syndicale. Les deux parties ont souligné "l’exacerbation de la crise politique, et la nécessité de trouver rapidement des solutions pour y mettre un terme, et créer un climat politique, social et économique loin des tensions et de la dégradation des indicateurs économiques".

Gnet 


 

Commentaires 

 
+2 #3 Pourquoi parler aujourd'hui de protectorat?
Ecrit par Léon     22-06-2018 00:45
Cela fait 7 années que je hurle sur business news, sur Gnet et sur Tunisie secret que la Tunisie est de facto colonisée et qu'elle se trouve sous protectorat de la BM, la FMI, la CEE....
Mais personne ne voulait m'entendre. Il va de soi que la seule faute incombe au peuple qui a été berné dans une fable digne du "le renard et le corbeau", croyant en effet que c'est un grand peuple qui a été gouverné par un incapable.
La réalité, comme je n'ai eu de cesse de le répéter, est complètement l'inverse: Il s'agit d'un peuple anarchique qui a confondue "autorité" et "dictature" et qui était bien gouverné, par un Homme qui était certainement bien plus intelligent que les meilleurs de nos diplômés prétentieux.
En réalité il tenait en respect tous les nuisibles de la société; tel un dresseur talentueux de bêtes sauvages.
Le prétention des tunisiens leur a fait croire qu'ils feraient mieux que celui que les occidentaux ont écarté, très précisément pour vous remettre à l'état colonial car la Tunisie était sortie du sous développement à un point tel qu'elle investissait ses excédents au FMI (ehh oui, on leur donnait de l'argent, pas le contraire comme aujourd'hui, c'est ce qui explique les notations).
Tunisiens, vous vous êtes réveillés 7 années après Léon, Alors "Sa77a Ennoume" et surtout continuer à qualifier Ben Ali de bac-4 et vous complaire dans votre trahison collective que vous avez appelée "révolution".
Et comme je n'ai eu de cesse de vous le dire depuis de 14 maudit, lisez surtout le VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES. À lui seul, il explique tout ce qui vous arrive; et qui n'est dû à rien d'autre que votre haine qui vous a fait perdre tout Hamd.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
+3 #2 on y est déjà
Ecrit par Khaireddine     21-06-2018 11:45
On est déjà sous protectorat.
Toutes les décisions importantes concernant le futur du pays se prennent à l'étranger.
le gouvernement de chahed n'est qu'une caisse enregistreuse.
Les emprunts sont fortement encouragés par le FMI et BM, afin de définitivement contrôler le pays.
 
 
+3 #1 RE: Tunisie : La crise financière, et la dette, comme placebo !
Ecrit par Montygolikely     20-06-2018 18:52
On finira par chercher un autre "protectorat" si ça continue comme ça...
 
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