Tunisie : La crise de Nidaa et les deux scénarios politiques en perspective

Publié le Lundi 02 Novembre 2015 à 17:40
Les frères ennemis s'étripent pour accéder au leadership. Nidaa Tounes a vécu hier, dimanche 1er novembre, un énième épisode de tension, prolongement des luttes intestines qui le secouent quasiment depuis sa naissance. Mélange de quatre piliers : destouriens, gauche, syndicalistes et indépendants, et en mal d’identité claire, le parti risque de se désarticuler aussi rapidement qu’il ne s’est construit. 

Le mouvement de la majorité a donné hier un piètre spectacle, avec des actes de violence et de saccage, ayant marqué l’ouverture de la réunion de son bureau exécutif. De l’intérieur même du parti, on estime que le point de non-retour a été atteint, et la conciliation entre frères ennemis tiendrait désormais de la gageure.

Les désaccords au sein du parti sont aussi anciens que le parti lui-même. L’accession à la présidence de son fondateur, Béji Caïd Essebsi, n’a fait que les exacerber davantage. Le vide laissé par le départ du patriarche a suscité les convoitises parmi la descendance, dont plus d’un caressait l’espoir de la succession à la tête du mouvement et de ses structures dirigeantes.

La situation était d’autant plus compliquée, que la course au leadership opposait deux camps, l’un est conduit par le fils et vice-président du mouvement, Hafedh Caïd Essebsi, représentant des destouriens et l’autre par le Secrétaire Général, Mohsen Marzouk, chef de file de l’aile gauche.

Le premier revendique une légitimité par la filiation et un projet inclusif de consensus national, et le second une légitimité par l’affiliation et un projet de société, dit moderne et progressiste.

Les deux clans n’ont pas attendu le premier congrès constitutif et électif du mouvement, pour arbitrer leur rivalité à travers les urnes. Ils se sont lancés d’emblée dans une guerre de position, lequel étendra son hégémonie sur le parti, et conquerra la confiance de son bloc parlementaire et de ses militants. Lors de la réunion de Djerba, Caïd Essebsi Junior a réussi à modifier l’équilibre de force en sa faveur, en rassemblant autour de lui la majorité des leaders du parti et membres du gouvernement. Hier, le camp adverse, celui qui dit représenter les institutions légitimes, a tenté d’inverser la vapeur, mais les choses ont dégénéré, et la réunion du bureau exécutif a tourné court. Le clivage au sein du parti s’est aiguisé encore plus, la cohabitation des deux camps au sein de la même entité frise désormais l’impossible, et la division ne serait qu’une question de temps.

Chose qui influera sur les différentes sphères du pouvoir et plongera le pays dans une nouvelle crise politique.

Une scission du parti mènera à la division du bloc Nidaa Tounes qui n’aura plus la majorité, à la faveur d’Ennahdha qui sera la première force à l’Assemblée avec ses 69 députés. Dépourvu de la majorité parlementaire, qui lui procure une force symbolique bien que ses prérogatives soient limitées de par la constitution, le président de la république serait affaibli. Pareil scénario conduira également à la chute du gouvernement, voire à un changement total de la donne politique.

Une telle configuration pourrait le cas échéant déboucher sur deux hypothèses.

La première est de créer une situation de déséquilibre politique, en l’absence de toute opposition structurée, ce qui est de nature à raviver la polarisation et les tiraillements idéologiques, dont l’issue reste inconnue.

La deuxième hypothèse est de conduire, au nom du consensus, et sous la bénédiction des deux cheikhs, à l’avènement du bloc parlementaire historique entre islamistes et destouriens, cher à Lotfi Zitoun. Le cas échéant, l’aile gauche de Nidaa pourrait s’associer au Front populaire pour faire le contrepoids au parlement. Cela pourrait paraître surréaliste, mais tout est possible en politique.
H.J.

 

Commentaires 

 
+2 #1 C'est quoi ??
Ecrit par TUNISIEN     02-11-2015 19:16
La Tunisie est le point d’attachement et d’ancrage. Je ne sais pas si ces dirigeants sont conscients de cette importance.
C’est avec l’union, qu’on fait la force pour combattre les problèmes qui masquent la Tunisie.
La division et le déraillement ne fait pas grandes chose, aujourd’hui, on remarque une perte du temps pour des banalités qui coute cher pour les tunisiens. SVP réveillez vous chers responsables et pensez aux problèmes de la Tunisie.
 
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