Tunisie : La corruption est une politique de l’Etat (Mohamed Abbou)

Publié le Vendredi 31 Mars 2017 à 17:23
Mohamed AbbouLe fondateur du Courant démocrate, Mohamed Abbou, a déclaré que "la corruption est devenue une politique de l’Etat tunisien, comme c’était le cas avant la révolution", affirmant que les hommes d’affaires corrompus sont influents en politique, notamment sur les pouvoirs exécutif et législatif  à travers la publication de lois, qui empêchent qu'ils soient traduits devant la justice.

Dans un entretien avec al-Quds al-arabi, il a dit traiter d’une manière positive avec tous les gouvernements qui se sont succédé, indépendamment de leurs erreurs, tout en s’opposant à des lois qui ne servent pas, selon notre perception, l’intérêt du pays.

Abbou a pointé une transgression de la constitution, dans la mesure où celle-ci oblige l’Etat à s’en tenir au dispositif de justice transitionnelle,  et à la lutte contre la corruption. Le préambule de la constitution évoque la révolution tunisienne, qui a été menée contre la marginalisation, mais principalement contre le despotisme et la corruption, a-t-il dit.

L'influence des hommes d'affaires sur la politique

"La corruption prend de l’ampleur aujourd’hui dans le pays, le gouvernement n’est pas innocent, mais au contraire, il la protège", a-t-il dit, lui reprochant de ne pas développer les mécanismes de contrôle en son sein, et de ne pas émettre des instructions aux forces de sécurité intérieure d’enquêter sur les affaires de corruption. "Ceux qui sont au pouvoir, protègent les corrompus et n’appliquent pas la loi. Il est temps de dire aujourd’hui que la corruption est devenue une politique de l’Etat, comme c’était le cas avant la révolution. Nous sommes désormais dans une situation grave, avec des atteintes méthodiques et répétitives de la loi fondamentale. Lorsque le président de la république reçoit au palais des personnes recherchées par la Justice, et qui sont accusées dans des affaires de torture, et donne ses instructions pour les protéger des jugements de justice, cela signifie que le chef de l’Etat a officiellement annoncé devant le peuple tunisien qu’il est en dehors de la constitution, et qu’il n’en est plus garant", a-t-il considéré.

Avec notre silence, nous allons contribuer à ce que les personnes au pouvoir continuent à violer la constitution, ce qui est inadmissible, a-t-il dit en substance.

"Toutes les révolutions arabes ont échoué jusqu’à présent, et le monde a les yeux rivés sur la révolution tunisienne, censée instaurer un régime démocratique, et fournir les raisons pour que la Tunisie soit un pays avancé sur tous les plans. C’est pourquoi, nous avons évoqué la descente dans la rue dans une première étape, et la désobéissance civile, comme seconde étape, au nom de la résistance contre la tyrannie". Abbou appelle à suivre tous les chemins, pour préserver la révolution tunisienne et en réaliser les objectifs, à travers la mise en place d’un régime démocratique, qui ne soit pas dominé par l’argent politique, ou sujet à l’influence d’un pays étranger à travers le financement, un régime qui éradique et lutte contre la corruption. 

Il a encore estimé que certains hommes d’affaires, autour desquels il y a de nombreux hommes politiques, tentent de dominer le paysage politique, d’orienter le pays dans une direction bien déterminée, et cherchent une protection, c'est-à-dire que "lorsque vous dépensez de l’argent sur des partis politiques, vous garantissez une protection contre les poursuites judiciaires, il s’agit là d’une réalité que les Tunisiens, dans leur majorité, connaissent".

Sans doute, l’argent sale domine la politique tunisienne, permet de faire passer des lois, et d’empêcher des poursuites, et pourrait influer sur la présidence de la république, et sur la majorité parlementaire pour faire passer la loi sur la réconciliation, qui prévoit de ne pas punir les personnes impliquées dans des affaires de corruption, et de les protéger de la justice et de l’IVD.

Réécriture de l'histoire

La présidente de l’IVD, Sihem Bensedrine, avait appelé dernièrement les historiens à réécrire l’histoire contemporaine de la Tunisie, alors que certains l’ont accusée d’instrumentaliser  l’instance, en prenant la défense de Salah Ben Youssef, au détriment de Bourguiba.

A ce sujet, Abbou indique que "celui qui connait Sihem Bensedrine sait qu’elle ne rentre pas dans ce type de conflits historiques, notamment le conflit entre Ben Youssef et Bourguiba, lequel est ancien et remonte à cinquante ans. Ce qui intéresse l’IVD et nous intéresse, est la condamnation des violations passées, mais le fait de savoir qui a raison, est une question qui concerne les historiens". "Nous sommes bien entendu contre l’idée de faire ressusciter tout conflit, vieux d’un demi siècle, mais nous souhaitons construire une société saine, reposant sur les droits et libertés, et condamnant toute partie ayant commis des abus contre les droits de l’homme dans le passé ou le présent", a-t-il affirmé.

Quoi qu’il en soit, toute personne a le droit, selon ses dires, de lancer un appel pour réécrire l’histoire. "L’histoire tunisienne avait été influencée par le pouvoir politique avant la révolution, c'est-à-dire à l’époque de Bourguiba et de Ben Ali. Aujourd’hui, le Tunisien s’est libéré, les documents historiques doivent être révisés, et les témoignages entendus, afin qu’une partie de notre histoire, jusque-là passée sous silence, soit écrite".
Gnet

 

Commentaires 

 
-4 #1 Néant
Ecrit par bata     31-03-2017 18:50
Ce monsieur ne parle que de corruption. A l'entendre, c'est monsieur propre avec sa femme et tout le reste c'est la corruption.
On est entrain de traîner encore sa semaine de 05 jours. C'est le non travail par excellence
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.