Tunisie : La CGTT revendique le droit de participer à la vie syndicale

Publié le Mardi 10 Février 2015 à 17:17
Vue de la conférence de presse. La Confédération Générale Tunisienne du Travail  a dénoncé ce mardi, lors d’une conférence de presse, l’exclusion et la marginalisation dont elle est victime, selon les dires de son Secrétaire Général, Habib Guiza.

Dans un message adressé aux autorités, Habib Guiza a déploré le choix de garder le même ministre des Affaires sociales, «le même que celui du gouvernement Jomaa…il est contre la pluralité syndicale, et nous exprimons notre inquiétude quant à son maintien…il est partial et ne veut pas faire appliquer la loi sur la pluralité », a-t-il dit au sujet d'Ahmed Ammar Youmbai. La CGTT demande, selon son Secrétaire Général, que la loi soit appliquée à tous les niveaux, et notamment au sujet des assassinats survenus depuis le 17 décembre 2010. « Il faut lever le voile sur tous les assassinats, et non seulement ceux des personnages connus comme Belaid, Brahmi, Nagdh… », a-t-il souligné.

La transition démocratique a été globalement réussie, selon Guiza, et le passage du provisoire au pérenne, nécessiterait une réforme économique et sociale. « C’est ici qu’interviennent les défis. Il faut que le gouvernement se focalise sur la réforme fiscale, l’amélioration du pouvoir d’achat, la réforme des caisses sociales…il faut équilibrer la situation en Tunisie, tout en sachant que d’après les derniers rapports, les plus riches du Maghreb sont des Tunisiens, ce qui créé un hiatus important entre les classes sociales », a dit Guiza. Il a aussi appelé à la réforme du code du travail, qui d’après lui est un sujet central.

Le bureau exécutif de la Confédération a évoqué un nombre d’attentes, dont un dialogue avec le gouvernement, afin de le convaincre de diffuser la circulaire portant sur la cotisation des adhérents. « Comment voulez-vous que nous financions nos activités, si la circulaire n’est pas appliquée. La pluralité syndicale fait partie des libertés générales, comme celle de la pluralité politique…mais les autorités pratiquent la politique des deux poids deux mesures. C’est aussi le cas de l’HAICA qui n’est jamais intervenu pour défendre notre droit à apparaitre dans les médias audio-visuels, au même titre que les autre syndicats », a dénoncé Guiza.

Selon lui, la CGTT est une force de proposition et de persuasion qui a besoin d’être écoutée. « Mais malheureusement nous sommes en train de buter sans cesse contre des obstacles…Nous souffrons le martyr à ce sujet. C’est un miracle si nous existons… mais nous continuons à tenir bon, car nous savons que la persévérance finit par donner ses fruits…Nous avons beaucoup milité, et notre militantisme a donné ses fruits », a-t-il expliqué, exhortant encore une fois le gouvernement à respecter la pluralité syndicale et à faire appliquer la loi.

Parmi les différentes revendications syndicales de la Confédération Générale Tunisienne du Travail, existe la réforme des Caisses nationales et la mise en place d’un nouveau système de protection sociale. La crise par laquelle passent les caisses de sécurité nationale ne fera que s’aggraver selon la CGTT, si elle n’est pas contenue. « Ces caisses représentent un mécanisme vital et indispensable pour les classes moyennes et faibles qui seront profondément touchées si la crise s’approfondit », selon un communiqué du syndicat de ce mardi.

La Confédération qui déplore son exclusion de la journée d’études organisée par le ministère des Affaires sociales au sujet du système de protection sociale, propose toutefois un nombre de solutions pour remédier à la crise. Il s'agit de préserver les équilibres financiers au sein des systèmes, et d'équilibrer les dépenses et les recettes afin de se sortir de la situation de déficit financier.

La CGTT propose aussi d’élargir la protection sociale,  d'améliorer les services accordés par les caisses de sécurité sociale à leurs adhérents, et de chercher les réelles raisons ayant mené à leur déficit, « et non pas opter pour des dispositions de forme, comme hisser l’âge de départ à la retraite, qui ne représente qu’une solution ponctuelle et partielle », indique la CGTT, qui par ailleurs, appelle les autorités à lutter contre l’évasion fiscale, et à revoir le modèle de développement.

La confédération estime que rendre son prestige à l’Etat est nécessaire, dans la mesure où elle « croit en un Etat de droit démocratique, qui se base sur l’alternance pacifique au pouvoir, avec une justice indépendante qui garantit la transparence et l’indépendance de toute opération électorale, et garante des droits et libertés des individus et des organisations ». 
Chiraz Kefi