Tunisie : La cacophonie pré-remaniement le rend inutile !

Publié le Mardi 08 Janvier 2013 à 17:08
Hamadi Jebali conduit les tractations en vue du prochain remaniement. La scène politico-médiatique n’a d’yeux au cours de cette dernière période que pour le remaniement ministériel, annoncé pour la semaine prochaine, plus précisément le lundi 14 janvier 2013, date du deuxième anniversaire de la révolution tunisienne. La nature et l’ampleur souhaitées pour le remaniement diffèrent selon les perceptions des uns et des autres. Ses objectifs font peu ou prou l’unanimité dans la mesure où il doit donner un nouveau souffle à l’action gouvernementale, accélérer la réalisation des objectifs de la révolution, et réduire autant que faire se peut les clivages, pour favoriser le rassemblement et le consensus, dont est tributaire l’acheminement vers les prochaines échéances électorales dans un climat apaisé.

A voir les positions des uns et des autres, le prochain remaniement va, selon toute vraisemblance, faire des déçus. Celui-ci procède selon des logiques divergentes, voire antinomiques tant au sein de la troïka, qu’entre la troïka et l’opposition. Ennahdha qui détient la clef de la décision, et mène les tractations par l'intermédiaire de son Secrétaire Général, et chef du gouvernement, Hamadi Jebali, se dit favorable à un remaniement conduit sur une large base nationale. Le mouvement islamiste ne semble pas prêt, en revanche, à céder sur les ministères de souveraineté, nonobstant les critiques au sein de la coalition tripartite, et de l’opposition.

Le soutien exprimé sans ambages par le conseil de la Choura à Hamadi Jebali et à l’équipe gouvernementale du mouvement, est un message subliminal qu’Ennahdha, le parti le plus soudé faut-il le reconnaître, n’abandonnera pas les siens, notamment les ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères contestés à des degrés divers par la sphère politique et l’opinion publique. La position d’Ennahdha n’est pas celle du CPR qui plaide pour un gouvernement resserré, avec la fusion de certains ministères, et qui appelle notamment au départ du ministre des Affaires étrangères. Elle n’est pas celle d’Ettakatol qui prône un gouvernement d’unité nationale. Elle n’est pas celle du mouvement Wafa d’Abderraouf Ayadi qui  veut un changement à la tête du ministère de la Justice ; un portefeuille qu’il réclame, comme préalable à son ralliement à l’équipe gouvernementale.

Ennahdha ne partage pas non plus la position d’al-Joumhouri dont elle tend à se rapprocher avec le principal leader, pour couper l’herbe sous les pieds de Nida Tounes. Nejib Chebbi a fait savoir la semaine dernière, au lendemain de son entrevue avec Rached Ghannouchi, que son parti ne sera intéressé par le prochain remaniement que dans deux hypothèses : la première est "la formation d’un gouvernement restreint de compétences loin de toute appartenance partisane". La seconde est "la constitution d’un gouvernement d’unité nationale avec la participation de tous les partis politiques représentés à l’ANC, sans exclusion", (Ndlr : y compris le mouvement de Béji Caïd Essebsi). A défaut, le prochain remaniement ne sera que du "rafistolage" (ndlr selon Nejib Chebbi) et al-Joumhouri n’y participera pas.

Pour résumer, il y a autant d’avis sur le prochain remaniement que de partis politiques qui y sont impliqués de près ou de loin. Le dialogue national censé présider à sa préparation n’est en réalité qu’un dialogue de sourds. Est-il opportun de perdre autant de temps à concilier des avis totalement inconciliables, pour aboutir enfin à une formation gouvernementale qui fera plus de mécontents que de contents, et alimentera de nouveau la controverse et les désaccords ? Ne voudrait-il pas mieux concentrer les efforts pour s’entendre sur l’essentiel, et mettre fin à ce flou ambiant qui paralyse la Tunisie et inquiète les Tunisiens.

Certes, l’actuel gouvernement est loin d’être le meilleur que l’humanité ait enfanté, il a bien des lacunes et des faiblesses. Après une année passée aux commandes, il est néanmoins censé être au fait de la situation dans le pays et familiarisé avec les dossiers. Le remaniement est inutile, d’autant plus qu'il s'annonce marginal, avec des ministres immuables envers et contre tous.

Laissons l’actuelle équipe terminer le travail pendant la période qui reste, et favorisons une vraie stratégie consensuelle en vue de s’entendre sur une feuille de route permettant l’organisation des prochaines élections dans les plus brefs délais. Seules des institutions démocratiques pérennes, élues pour un mandat de cinq ans, sont à ce stade capables de rasséréner le climat politique, favoriser le regain de sécurité et de stabilité, relancer la machine économique et  désamorcer la tension sociale en Tunisie.

H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #5 Raison d'ETAT
Ecrit par khammous     09-01-2013 23:16
TOTO ET BONDAK
La politique ce n'est pas du folklore ( Hachemi chouette )ce n'est pas non plus un match de foot où on est soit espérantiste soit étoiliste. En politique on ne doit pas parler de fans ou de supporters dans le genre °ONSOR AKHAKA GHALIMAN AWOU MADHMOUIMAN)mais de citoyens responsables et à l'esprit critique
La politique c'est l'art du possible.
Il n'est plus possible a Nahdha de gouverner seul. Ces alliés sont trop pauvres en matière de ressources humaines politiques car on ne fabrique pas de ministres compétents avec des discours fussent-ils révolutionnaires.
Cette idée de contre révolution est une fausse bonne idée .
Car la seule contre révolution qui guet-te le pays est celle qui porte atteinte à la liberté d'expression et à l'indépendance totale de la JUSTICE.
Allez la chercher, la VRAIE contre révolution vous la trouverez chez ceux qui combattent la démocratie et ses fondamentaux.Pour le moment , les gouvernants.
La vraie protection de la révolution ne se fera pas par les bagarres mais par la réalisation des objectifs d la Rév à savoir les libertés,la Justice sociale et le développement.
Quant à la corruption elle ne sera jamais combattue en dehors de la liberté d'expression
VOILA LA VÉRITÉ QUI FAIT MAL.
QUE TOUS LES TUNISIENS SE METTENT AU TRAVAIL DANS LA CONCORDE NATIONALE.
Oui je suis pour un rapprochement de tous les partis y compris nahdha et nida ..Et alors ??Où est le problème ? Nous ne sommes pas en guerre bordel !
 
 
-1 #4 On dirait Hechmi
Ecrit par Bondak     08-01-2013 22:08
Khammous, on dirait Hechmi Hamdi qui parle. :)
PAS DE COLLABORATION AVEC NIDA... PAS DE DÉMISSION, Gaver bien Bajbouj et présenter vous lors des prochaine éléctions, et le gagnant sa77a alih.
 
 
-1 #3 Espérons que cela débouche une solution ...
Ecrit par TOTO     08-01-2013 21:54
Collaborer avec Nida Tunis ne mène à rien. Si le gouvernement actuel n'a pas les compétences selon l'opposition, il est vraisemblable que l'opposition, toute tendance confondue, n'a pas les compétences non plus, en raison du vide laissé au cours des cinquante dernières années. Une entente nationale devra primer pour trouver une solution le plus rapidement possible, notamment concernant l'emploi, qui reste le premier souci de la jeunesse
 
 
+3 #2 poudre aux yeux
Ecrit par Royaliste     08-01-2013 21:09
le ministere de l'interieur va rester sous la botte de nahdha pour garantir les résultats des prochaines élections 'libres'
 
 
+5 #1 C'est de la diversion
Ecrit par khammous     08-01-2013 19:27
Le problème grave et essentiel en Tunisie n'est pas du tout le remaniement : Il est d'ordre éthique et social

Ethique:
Ce gouvernement est en train de spolier le pouvoir.Il n'a plus de légitimité depuis le 23 Octobre 2012. Il doit démissionner en entier et être remplacé par un gouvernement de technocrates consensuel qui aurait l'appui de TOUS .Ces membres doivent accepter de ne pas se présenter aux élections.
Le processus démocratique doit être débloqué : En débloquant les questions relatives à la Justice, aux médias et aux diverses institutions constitutionnelles.
Social
Enfin une entente nationale doit se faire immédiatement sur les questions sociales et le plan de développement.
NAHDHA et ses alliés ont fait la preuve intangible de leur incompétence à trouver les solutions aux vrais problèmes des Tunisiens
ILS DOIVENT Y RÉFLÉCHIR SÉRIEUSEMENT QUITTE A COLLABORER AVEC NIDA TOUNIS.
ARRÊTER CETTE POLITIQUE D'EXCLUSION RIDICULE ET MESQUINE.

AVANT QUE CE NE SOIT TROP TARD POUR TOUT LE MONDE
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.