Tunisie : La Banque Mondiale apelle à de profondes réformes

Publié le Jeudi 18 Septembre 2014 à 09:49
Vue de la conférence «La révolution inachevée : Créer des opportunités, des emplois de qualité et de la richesse pour tous les Tunisiens » est l’intitulé de la première étude complète  de l’économie tunisienne réalisée par la Banque Mondiale depuis 2011. Elle comprend notamment une nouvelle analyse de la politique d’investissement, du système financier, du droit du travail et de la politique agricole.

Les auteurs du rapport, Antonio Nucifora et Bob Rijkers, tous deux économistes à la Banque Mondiale, considèrent que la politique d’investissement en Tunisie est l’exemple d’une politique économique bien intentionnée qui n’a pas donné les résultats escomptés, qui seraient, créer des emplois de qualité et rendre la Tunisie plus compétitive à l’échelle mondiale.

«De plus, un immense pan de l’économie du pays reste largement fermé à la concurrence. Si l’idée généralement répandue est que cela contribue à protéger les entreprises tunisiennes, la réalité indique que cette situation profite principalement à un petit groupe d’individus », révèle le rapport, qui a été dévoilé ce matin à Tunis, en présence du ministre de l’Economie Hakim Ben Hammouda.

D'après la Banque Mondiale, la Tunisie, devrait attirer plus d’investissements, créer des emplois mieux rémunérés et en plus grand nombre pour les jeunes diplômés. Les instigateurs du rapport proposent une suppression des centaines de barrières qui limitent la participation de nouvelles entreprises à l’activité économique, et qui pourrait faire doubler le nombre d’emplois crées avec un apport de plus de 100 000 emplois supplémentaires par an.

Hakim Ben Hammouda a déclaré avoir consulté le rapport à plusieurs reprises, et qu’il était d’accord avec l’analyse et du constat faits de la situation en Tunisie : «Le constat est tel qu’il s’agit d’un l’essoufflement du modèle de développement, de la montée du chômage, des inégalités régionales, et de la montée de la corruption…mais nous avons entamé une série de réformes, difficiles, complexes, et je pense qu’il est nécessaire que nous ayons une réflexion sur les difficultés que peuvent rencontrer ces réformes », a-t-il dit.

Ces difficultés peuvent, selon lui, venir de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur, et le caractère inachevé de la révolution serait dû à la lenteur du temps économique par rapport au temps politique. Le ministre a rappelé qu’il était impossible de gérer un pays dont le taux de déficit est supérieur à 5% : « Tandis qu’aujourd’hui nous sommes à un déficit public de presque 12%. Toute la situation économique dérape et la dérive n’est pas loin », a-t-il dit, indiquant qu’il fallait toujours un consensus national autour des réformes économiques. 

Le rapport de la Banque Mondiale souligne que les performances économiques « décevantes », de la Tunisie sont le résultat de multiples barrières au fonctionnement des marchés et de distorsions profondes. « Plutôt que de la cultiver, le modèle économique actuel a restreint la concurrence…le système bancaire tunisien est caractérisé par une rentabilité limitée, une intermédiation du crédit réduite et des vulnérabilités importantes…par ailleurs, l’omniprésence de l’Etat dans l’économie a engendré une épaisse couche de bureaucratie qui étouffe les efforts des entrepreneurs, et incite les petites entreprises à rester dans le secteur informel », souligne le rapport.

Il soulève également la question de la politique industrielle qui renforce les disparités régionales. D’après la Banque Mondiale, la politique d’investissement qui est centrée sur le principe de séparation entre les entreprises produisant pour le marché local (Onshore) et les entreprises exportatrices (Offshore), serait à l’origine des problèmes de développement en Tunisie. D’une part les entreprises Onshore sont très protégées, et donc à faible productivité et d’autre part les entreprises Offshore sont lésées par la mauvaise qualité des biens intermédiaires que produisent les entreprises Onshore.

La Banque Mondiale préconise que la Tunisie change de modèle économique, où l’Etat jouerait un rôle crucial. Le défi serait de passer d’un Etat paternaliste qui engendre l’inefficacité et qui a entrainé le copinage et les privilèges des élites, à un système où l’Etat s’efforce de mettre tout le monde sur le même pied d’égalité, en soutenant l’initiative privée dans l’ensemble du pays, et en accompagnant les populations pauvres et vulnérable.

Sur le plan social, l’Etat devrait, selon la Banque mondiale, améliorer le code du travail pour protéger les travailleurs en contrat à durée déterminée, et apporter plus de flexibilité aux sociétés qui utilisent les contrats à durée indéterminée. Par ailleurs, les salaires minimums devraient être négociés dans le cadre des conventions collectives sectorielles, en tenant compte du coût de la vie mais aussi de la situation financière des sociétés.

Le rapport évoque également le système éducatif tunisien, qu’il estime être de qualité médiocre et incite l’Etat tunisien à adopter des mécanismes pour renforcer la responsabilité des enseignants et des écoles vis-à-vis des autorités de l’éducation. Il propose, entre autres, l’adoption d’un code de déontologie, d’un système actif d’inspection et l’utilisation de fiches d’évaluation. Il appelle les établissements d’enseignement supérieur à obtenir des certifications internationales et à rechercher des partenariats avec le secteur privé.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+1 #2 PROPRETÉ EST INDISPENSABLE.
Ecrit par Watani     18-09-2014 16:26
LA PREMIÈRE CHOSE A FAIRE:
NETTOYAGE, RAMASSAGE DES DÉCHETS RENDRE NOTRE PAYS PROPRE PUIS ORGANISATION ET MISE EN ORDRE. CETTE BONNE IMAGE QUE LES TUNISIENS CHERCHENT MÈNE AUTOMATIQUEMENT A LA RÉUSSITE..
PROPRETÉ EST INDISPENSABLE. IMPOSER DES AMENDES A CELUI QUI N'APPLIQUE PAS LA RÈGLE ET QUI JETTE A LA RUE.
 
 
+1 #1 je suis d'accord
Ecrit par Royaliste     18-09-2014 13:13
Le rapport évoque également le système éducatif tunisien, qu’il estime être de qualité médiocre
 
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