Tunisie : L'ATFD réitère son engagement pour la réforme de l'héritage

Publié le Mercredi 03 Février 2016 à 16:40
Vue de la conférence de presse
L’Association Tunisienne des Femmes Démocrates a tenu son 11ème congrès le 23 et 24 janvier 2016, au cours duquel elle a défini ses priorités pour l’avenir. Mais aussi un nouveau comité directeur a été élu, présidé par Monia Ben Jemiaa. Les militantes de l’Association se sont réunies autour d’un nombre de points, exposés ce matin par l’ATFD lors d’une conférence de presse, et qui tournent principalement autour des droits des femmes et de l’égalité des sexes. 
 
"Les chiffres montrent que la moitié des femmes sont victimes de violence dans sous toutes ses formes, notamment la répression, en leur interdisant de se déplacer, d'investir l'espace public, de harcèlement sexuel, de viol et de traite", indique la motion générale du congrès. 
 
Les militantes ont dit être attachées aux droits économiques des femmes, en pointant du doigt la hausse du chômage parmi la gente féminine, et la dégradation de leurs conditions de travail, surtout en milieu rural, « où des accidents de la route à répétition ont couté la vie à beaucoup de femmes", dénonce la motion.
 
Mais aussi l’ATFD réitère son attachement à la lutte contre toute forme de ségrégation envers la femme, sur la base de la couleur, du sexe, de l’origine, de l’handicap ou de l'appartenance régionale.

Dans sa motion l’ATFD  a exprimé sa volonté immuable de poursuivre le combat pour défendre « les valeurs humaines et l’égalité totale », et ce dans le but de répandre la culture du respect de la différence, du dialogue, de la liberté de penser pour les hommes et femmes de culture, ainsi que pour l’amendement du code du statut personnel, notamment la question de l’héritage, le patriarcat et la dot.
 
Concernant la question de l’héritage, plusieurs militantes ont pris la parole, ce matin, pour mettre sur le banc des accusés, la loi qui, selon elles, est« injuste », envers les femmes « qui travaillent et participent aux dépenses du foyer au même titre que leurs maris ». Mais elles disent se heurter toujours, et encore, à l’opposition d’une certaine tranche conservatrice, qui barre la route à toute tentative de relecture des textes de loi. 
 
L’Association appelle par ailleurs, à l’amendement de la loi en rapport avec la violence faite aux femmes, pour qu’elle soit considérée « comme une atteinte à l’ordre public, et doit être poursuivie par le parquet ». 
 
Elle presse les autorités à adopter au plus vite l’accord 183, portant sur la protection de la maternité, et l’accord 186, qui concerne les aides ménagères. 
 
«Nous demandons l’égalité à tous les niveaux, les droits économiques, politiques, sociaux, et culturels. Notre priorité est de faire adapter les lois à la constitution, et demander à ce que l’autorité au sein du foyer soit partagée entre l’homme et la femme, qu’elle ne soit plus le propre de l’homme, et qu’on annule l’actuelle loi successorale, en mettant fin à la ségrégation entre le mari et l’épouse, le frère et la sœur… », a indiqué Monia Ben Jemia.

L’association appelle également à assoir la culture de la parité dans la vie politique et au sein des hautes structures de l’Etat, notamment dans les structures constitutionnelles, comme la Cour constitutionnelle, et à garantir la parité horizontale lors de chaque rendez-vous électoral. 

Les conseils municipaux doivent, selon les militantes de l’ATFD, prendre en considération les besoins des femmes, dans leurs programmes, et prévoir des jardins d’enfants et des centres d’accueil des femmes victimes de la violence.  
 
Mais aussi, l’ATFD dénonce la politique fiscale à laquelle sont soumises les associations, et estime être en droit de bénéficier des locaux publics pour l’exercice de leurs activités. 

Enfin, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), exprime son soutien à toutes les femmes, victimes d’agressions et de violences dans les régions frappées par la guerre et les conflits et condamne la marginalisation et la pauvreté qui les frappent.
 
«Le nouveau bureau est constitué de trois générations de militantes, la génération de la constitution, la génération d’après, et la nouvelle génération  de jeunes », a déclaré la nouvelle présidente, ajoutant que l’ATFD compte sur l’appui, de tous les organismes militants pour les droits humains, pour arriver à élever la condition de la femme tunisienne. 
Chiraz Kefi