Tunisie, Jebali annonce l’application de la loi face aux agissements abusifs

Publié le Lundi 23 Janvier 2012 à 22:02
La constituante a abrité ce lundi un débat avec le chef du gouvernement.Une séance de dialogue, première du genre, a eu lieu ce soir au sein de l’hémicycle entre les élus de la constituante et le chef du gouvernement, en présence de l’équipe gouvernementale au complet.

"La situation est difficile, à plus d’un titre", affirme ce lundi soir Hamadi Jebali, la mine fatiguée devant les élus de la constituante, rappelant le taux de croissance négatif de -1,8 %. Le chef du gouvernement se garde de faire porter la responsabilité au gouvernement précédent, ou d’accuser une quelconque partie de la dégradation de la situation, mais estime que "les affaires économiques et sociales ont été instrumentalisées à des fins politiques". Il pointe des "pratiques graves perpétrées au détriment du peuple, et non du gouvernement", dont les sit-in anarchiques, attaques contre les lieux de souveraineté, fermeture des entreprises de force, blocages des routes et des rails…"des agissements dont le coût est de 2500 millions de dinars en 2011".

"Notre souci est de trouver des opportunités d’emploi", dit le chef du gouvernement. "Cet objectif exige le retour des investissements intérieurs et extérieurs, qui se heurte à la situation sécuritaire tendue". "Le gouvernement veut donner le coup d’envoi à 260 projets dans les domaines d’infrastructure, de la santé, de l’enseignement, de l’agriculture et des chantiers, auxquels des fonds sont déjà alloués, et qui peuvent assurer de 26 à 28 mille emplois. Mais, la défaillance sécuritaire en empêche le lancement," martèle-t-il. Le chef du gouvernement évoque les entreprises étrangères qui quittent la Tunisie pour aller s’installer ailleurs, ainsi que la crise du tourisme qui va en s’aggravant, et qui menace l’actuelle saison touristique. "Il est temps d’appliquer la loi, et non d’utiliser la force", se résout-il, en assénant : "Nous allons appliquer la loi dans l’université, dans l’entreprise, dans la rue, sur les routes, et nous ne passerons pas outre la loi".

Hamadi Jebali dit comprendre que la patience de la population s’épuise, et que des centaines de milliers de familles vivent sous le seuil de pauvreté, affirmant que son gouvernement a toujours opté pour le dialogue face aux sit-in et autres actions sociales.
Le chef du gouvernement prône le rassemblement, estimant qu’il n’y a plus de différence entre majorité minorité devant l’intérêt national. "Notre politique est basée sur les concertations et le dialogue élargi. Nous avons entamé des consultations dans les régions avec les différentes parties : opposition, organisations, et partenaires sociaux, celles-ci seront couronnées à la fin du mois par une conférence nationale sur le développement, l’objectif est de trouver un programme de développement commun, et d’arriver à concevoir un nouveau modèle de développement".

L'opposition appelle à un "gouvernement de compétences"
Les élus ont balayé dans leurs interventions tous les problèmes de l’heure, affichant des attitudes contrastées sur la prestation du gouvernement. Alors que les élus de l’opposition se montrent critiques envers la démarche gouvernementale, les élus de la majorité rétorquent qu’on ne peut demander des comptes à l’équipe gouvernementale, en moins d’un mois.

Ahmed brahim dit percevoir dans le discours du chef du gouvernement "un retour au réalisme". "Ce diagnostic, nous l’avons fait depuis des mois, et nous avons mis l’accent sur la nécessité de prendre conscience des difficultés", souligne-t-il, constatant au passage, "la baisse du ton triomphaliste du gouvernement". L’élu PDM reste perplexe quant à la capacité du gouvernement à affronter seul ces problèmes." Aucun parti ne détient les solutions pour le pays, le gouvernement n’a pas les solutions et n’a pas de compétences", indique-t-il, appelant à revoir la démarche du gouvernement de coalition. "Nous avons proposé avant et après les élections, un gouvernement de compétences et non un gouvernement d’allégeance, où les responsabilités sont accordées aux plus méritants, et non aux plus proches".

Sahbi Atig relève que "dans toutes les démocraties anciennes, on demande des comptes au gouvernement au bout de 100 jours". "Le legs est très lourd, et tout le monde doit assumer sa responsabilité". L’élu d’Ennahdha pointe les partis qui "instrumentalisent les sit-in pour envenimer la situation générale". Il met à l’index "les symboles de l’ancien régime et les forces contrerévolutionnaires qui veulent entraver le processus transitoire", et appelle "à s’éloigner de la politique de Ben Ali qui consiste à faire peur".

Mohamed hamdi propose de résoudre le chômage à Sidi Bouzid par la création de zones industrielles dans ses différentes délégations, et d’y transformer les zones agricoles en zones industrielles. Abdelaziz Gotti s’interroge sur les mesures qui seront adoptées pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, et comprimer les prix à la consommation. Il demande des éclaircissements sur les outils de financement de l’Etat, hormis l’endettement extérieur.

Fayçal jadloui estime inadmissible "qu’un chef du gouvernement légitime et élu parle de défaillance sécuritaire, entravant l’investissement". "Laisser faire des sit-in et des grèves illégales est grave", conteste-il. Le député évoque le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, et "ses dépassements relayés par les médias". "Le gouverneur a pris des mesures illégales contre 150 hommes d’affaires, et a gelé leurs biens, sans décision de justice", déplore-t-il.

Mouldi Riahai fustige "des opérations délibérées visant à semer l’anarchie pour empêcher les bonnes volontés de travailler", affirmant que "la démocratie ne s’accommode pas de l’anarchie". Le député estime qu’il est temps d’appliquer la loi, condamnant "les opérations abjectes sur facebook". Il suggère, par ailleurs, de lancer un plan de développement régional Mohamed Bouazizi.

Abdelmajid Najjar relève "une tergiversation et un retard à faire face aux agissements, à l’instar des sit-in et autres". "Il aurait fallu faire face à ces agissements et préserver les acquis de la révolution", souligne-t-il, appelant le peuple à prendre les choses en main, et à faire face à ces agissements, après avoir épuisé les tentatives de dialogue.  

Mohamed Brahem appelle à un consensus national sur les principales questions de l’heure. Le député exhorte "à ne pas criminaliser ceux qui ont désespéré", prônant un gouvernement national, loin des tiraillements politiques. Il prévient à l’adresse du chef du gouvernement : "s’il réussit on le remercierait, s’il échoue on le démettrait de ses fonctions".
H.J.


 

Commentaires 

 
+5 #19 Halte aux sacrés.
Ecrit par Musulman.     30-01-2012 09:36
Attaquer Le Coran et La Sunna est une mécréance.
 
 
-7 #18 LA LOI
Ecrit par mokaddem     29-01-2012 17:40
MENSONGES ET TOUJOURS MENSONGES LES RELIGIEUX SONT LES PLUS GRANDS MENTEURS DU MONDE LES PLUS HYPOCRITES AUSSI
 
 
-8 #17 RE: Tunisie, Jebali annonce l’application de la loi face aux agissements abusifs
Ecrit par mokaddem     29-01-2012 17:38
LE PORT DU NIQAB EST UNE HONTE POUR L ETRE HUMAIN ET UNE HUMILIATION POUR LA FEMME
 
 
+3 #16 La laïcité est une mécréance.
Ecrit par Musulman.     27-01-2012 10:27
@Ben Whirlpool

En Islam, la liberté du culte s’applique aussi aux non musulmans. C’est ainsi que, par exemple, beaucoup de Hanafites n’interdisent pas le transport du vin par les musulmans pour être consommé par les non musulmans.

Contrairement à la laïcité que vous prônez, l’Islam ne combat ni les signes religieux des musulmans ni ceux des non musulmans. A-t-on jamais vu un musulman, appliquant bien l’Islam, agresser une croix des chrétiens ou une étoile de David d’une synagogue des juifs ?
 
 
+3 #15 Le port du Niqab en Islam est recommandé et parfois un devoir.
Ecrit par Musulman.     27-01-2012 10:27
@khammous

Le port du Niqab n’entrave aucune liberté des autres. Il ne s’agit point de l’exclusion de la personne, mais uniquement de l’exclusion du visage. Son port est une Sunna chez la majorité des savants et un devoir chez certains. Aucun savant n’a été d’avis que son port est interdit ou même déconseillé. Chez nous les Malikites, nous n’ordonnons ni son port ni son enlèvement, sauf de rares exceptions.
 
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